Intervention de Sofia Dauvergne sur les rythmes scolaires au conseil municipal
« La réforme des rythmes scolaires permettra aux élèves de mieux apprendre
et de favoriser la réussite scolaire de tous. La réussite des enfants à l’école
…dépend pour une part essentielle des conditions dans lesquelles se déroulent
leurs apprentissage. Il s’agit d’assurer un plus grand respect des rythmes
naturels d’apprentissage et de repos de l’enfant. » Ministère de l’éducation
S’adapter
aux rythmes de l’enfant, pour une école de la réussite pour tous. Bien sûr,
personne ne peut être contre !
Cependant, à la lecture du rapport et de la
délibération qui amène la ville à décider seule des nouveaux rythmes scolaires
pour la rentrée 2013, nous sommes en droit de s'interroger sur les finalités recherchées ?
S’agit-il de faire de l’éducation un service public
plus municipal que national. Avec toutes les conséquences que cela pourrait
avoir en termes de politique scolaire et de creusement des inégalités ?
Je ne le crois pas.
Je rappellerais que cette réforme qui a fait
l’objet de quelques débats en plein été s'est donc passée sans réelle concertation. Même l'Association des Maires de France, par
le biais de son Vice-président, André Laignel a demandé plus de temps
et a obtenu un assouplissement du taux d'encadrement des activités
périscolaires qui allégerait le coût de la réforme pour les communes ainsi
qu'une pérennisation du fond de soutien pour les communes qui sont en
"dotation de solidarité urbaine cible" et en "dotation de
solidarité rurale cible".
Telle
est la raison pour laquelle, dans son courrier aux maires, en date du 24
janvier 2013, Monsieur Vincent Peillon, Ministre de l’Education Nationale,
souligne que, je cite « Pour répondre aux légitimes préoccupations d’un
certain nombre d’entre vous (les maires), la version définitive du décret
prévoit un délai supplémentaire, utile à la concertation et à la construction
d’un dialogue serein avec l’ensemble des acteurs éducatifs locaux.
Vous
aurez donc jusqu’au 31 mars prochain, et non jusqu’au 1er mars comme
initialement prévu, pour faire connaître votre éventuelle décision… »
Alors,
pourquoi ne pas prendre en compte ce délai supplémentaire et organiser le
plus rapidement possible et avec tous les acteurs locaux un temps de réflexion
et d’échange. L’organisation d’une telle concertation pourrait permettre de
débattre non seulement du projet de loi mais également d’aborder vos
propositions qui sont inscrites à l’ordre du jour du présent conseil municipal.
Ces propositions qui, je rappelle, sont :
·
La demi- journée
le mercredi matin,
·
La pause
méridienne de 12h à 14h00 soit 2 heures.
· L’accès à la
cantine scolaire uniquement aux enfants inscrits au centre de loisirs le
mercredi
·
L’accueil à
l’identique du matin et du soir, sans avoir de propositions précises pour celui
du mercredi matin.
On a l’impression d’assister aujourd’hui à un
’retour de balancier’ que l’on traite d’un simple point de vue
comptable.
Pourtant,
les rythmes scolaires ne sont pas uniquement liés au temps de travail mais
également à un projet éducatif cohérent, une professionalisation des
enseignants, la prise en compte des problèmes de société (familles éclatées,
mono et homo-parentales). Cet enjeu ne peut être que national. En aucun cas il
ne peut être « aménagé » localement.
Il s'agit de favoriser la réussite de tous les
enfants, et non de faire de nouvelles économies sur le dos de l'école en
transférant une partie des missions du service public vers les collectivités
locales !
Voila
pourquoi il faut prendre le temps du débat, ce n’est donc en aucun cas une
urgence, d’autant moins que, je le répète, les réponses à apporter doivent être des réponses
nationales et non au gré des décisions politiques des municipalités, au regard
de leurs choix, de leurs budgets, au demeurant très inégaux.
À travers cette
refonte des rythmes, on cherche à obtenir, encore et toujours, une implication
plus grande des collectivités locales,
Ce ne sont pas les
50 Euros de dotation par élève (si la commune décide la mise en œuvre des
nouveaux rythmes scolaires dès la rentrée 2013) qui, à mon sens, permettront un
rééquilibre des inégalités territoriales.
En effet de
nombreuses collectivités territoriales ne pourront faire face à la situation
créée et, soit ne proposeront pas de prise en charge des enfants, soit feront
appel au privé, ou encore multiplieront des petits boulots, en embauchant du
personnels en situation de précarité, sous-payés et peu qualifiés, donc
féminins en grande majorité. Les espaces d’animation se verraient détournés de
leur vraie mission de service public, en jouant le rôle d’école par défaut.
En ce qui concerne la mise en place de ces nouveaux
rythmes scolaires dès la rentrée 2013 à Romainville.
Pouvez-vous nous
apporter quelques précisions :
·
La reforme fixe à
24 heures le temps scolaire et la semaine de classe s’organise sur 9
demi-journées, quels seront à Romainville
les horaires d’ouverture et de fermeture des écoles, du temps scolaire et du
temps de présence des enfants dans l’école ?
·
Vous rajouter une
demi-heure de plus au déjeuner, soit 2 heures de pause méridienne, comment
s’assurer que tout ce temps sera réellement bénéfique pour l’enfant ?
·
Le temps
supplémentaire à la charge de la collectivité sera-t-il répercuté sur les
tarifs appliqués aux familles ?
·
Quelles
conséquences pour le fonctionnement des services et les équipements municipaux,
sur l’organisation des centres de loisirs, de la restauration, de l’intendance,
sur le temps de travail des professeurs du conservatoire de musique, des animateurs sportifs, jeunesse etc… ?
Nous sommes tout à fait conscients des problèmes
rencontrées par les municipalités liés aux contraintes horaires précisées dans
le décret ministériel.
Aussi, lorsque
vous confirmez que la mise en place de cette réforme nécessite une
concertation, nous partageons.
Mais,
premièrement, vous en définissez le cadre avec les 3 villes de la
circonscription, Romainville, les Lilas, le Pré-Saint-Gervais, l’éducation
nationale et les associations de parents d’élèves et deuxièmement, vous
proposez cette concertation après le vote du Conseil Municipal de ce jour.
Mais c’est
maintenant qu’il faut en débattre et ce, avec la communauté éducative, les
parents, le personnel communal, les professionnels de l’animation, le monde
associatif
Ne
doit-on pas s’interroger sur le mercredi ou le samedi ?
Ne
doit-on pas s’interroger sur les contenus des activités du péri scolaire ?
Ne
doit-on pas s’interroger sur les incidences organisationnelles et financières ?
Ne
doit-on pas s’interroger sur l’accompagnement financier de l’Etat
Enfin,
ne doit-on pas s’interroger tous ensemble sur la définition même du projet
éducatif territorial.
Oui, il nous
semble nécessaire de construire ce changement avec tous les partenaires car ils
sont les garants d’une journée articulant de manière cohérente des temps
scolaires et temps périscolaires de qualité pour tous les élèves.
-
Après
débat et une suspension de séance madame le Maire et la Municipalité ont accepté notre
proposition de modification de la délibération qui prend acte du lancement
de la concertation pour la mise en place du décret sur les rythmes scolaires.
Soyez le premier à commenter !
Enregistrer un commentaire