La guerre à la finance n'a pas encore eu lieu !
Nous nous rappelons non sans émotion et beaucoup de regrets qu'il y a tout juste un an, jour pour jour, François Hollande prononçait son plus fameux discours de campagne. Celui du Bourget. C'était le 22 janvier 2012. Nous avions entendu ceci : " Il n'a pas de nom, pas de visage, pas de pari, il ne présentera jamais sa candidature, il ne sera donc pas élu. Cet adversaire c'est le monde de la finance." Et puis cela " Nous devons montrer nos armes ". Nous sommes de dieux qui avons accueilli favorablement les mots du candidat socialiste. L'exigence du combat et la volonté nous paraissaient sinon sincères, du moins crédibles pour affronter la crise tout en inversant la courbe de l'histoire sans laquelle rien ne se construit vraiment. Mais depuis le "choc" du Bourget et son "air de gauche", où sont passées les promesses de changement et de rupture avec les logiques austéritaires des années de plomb sarkozystes. Les abandons de promesses se sont multipliées au point de donner un sentiment de duplicité, comme si la volonté exprimée s'était dissoute dans le bain libéral ambiant. Nous connaissons les conséquences : échec politique, désenchantement, désespérance...
Pas moins de 85% des Français estiment que les hommes politiques ne se préoccupent pas d'eux et 52% ne font plus confiance ni à la droite ni à la gauche. Le Président n recueille que 28% de confiance chez les ouvriers, 35 points de moins en huit mois. Terrible. Pour l'instant François Hollande a choisi une forme de cohérence sociale-libérale, à la fois par l'austérité mais aussi parce qu'il appelle lui-même le "coût du travail. Jamais dans notre histoire récente la guerre de classe menée par tous ceux qui se font les porte-flingues de la finance et du libéralisme n'a été aussi puissante et dévastatrice. Nous le savions, mais chacun en a désormais la preuve : sans un nouveau rapport de forces, le changement ne sera pas au rendez-vous. La confrontation d'idées doit se décliner en mobilisations citoyennes partout, comme le propose le Front de gauche. Pour notre part,nous souhaitons y contribuer modestement. C'est ainsi que durant cinq jours nous publierons 5 sujets que nous déclineront de la manière suivante : "CE QU'IL A DIT", "CE QU'IL A FAIT", "CE QU'IL FAUDRAIT FAIRE". Aujourd'hui : "UNE LOI SUR LES BANQUES".
- CE QU'IL A DIT :
" Maîtriser la finance commencera ici par le vote d'une loi sur les banques qui les obligera à séparer leurs activités de crédit de leurs opérations spéculatives. Aucune banque française ne pourra avoir de présence dans les paradis fiscaux. Les produits financiers toxiques, c'est à dire sans lien avec les nécessités de l'économie réelle, seront purement et simplement interdits. Les stock-options seront supprimées. Et le bonus encadrés. Je proposerai une véritable taxe sur toutes les transactions financières " (Le Bourget, 22 janvier 2012.)
- CE QU'IL A FAIT :
Dans le texte présenté au conseil des ministres le 16 décembre dernier, l'ambition du Bourget s'est évaporée. Et la réforme tant promise n'est revenue qu'à un ajustement à la marge. En l'état, la loi n'obligera qu'à un isolement, au sein d'une filiale dédiée, de certaines activités, considérées comme "inutiles à l'économie". Ainsi les crédits hypothécaires à risques (subprimes), les investissements dans les filiales pratiquant le "réhaussement de crédit", par exemple, pourront rester dans le giron de la banque "universelle" (celle qui finance l'économie avec des crédits). Seules les activités spéculatives pour son propre compte seront dans la filiale. Pour la BNP, par exemple, il s'agirait de cantonner 0,5% de son chiffre d'affaires. Par ailleurs, le trading, à haute fréquence-ces opérations financières effectuées par ordinateur à la nano seconde-sera désormais interdit, mais selon un certain seuil qui reste à définir. Les stock-options ne sont pas interdites, mais seulement taxées; Selon une étude CCFD-Terre solidaire, les principales banques auraient toujours au moins 547 filiales dans les paradis fiscaux.
CE QU'IL FAUDRAIT FAIRE :
Les formes de rémunérations scandaleuses, comme les stock-options ou les bonus et les paradis fiscaux devraient être supprimées, de même qu'il faudrait sanctuariser les activités de crédit, comme l'avait promis François Hollande. Sans réglementation internationale contre la spéculation, les sommes déposés par les clients d'une banque sur leur compte serviront toujours à l'activité la plus lucrative sur les marchés. Mais la séparation des activités des banques n'est qu'un des pans d'une véritable réforme bancaire. Si la volonté est de réorienter l'argent vers l'économie réelle et son développement, alors l'objectif devrait être de pousser l'ensemble du système bancaire vers de nouvelles pratiques. Les choix des banques ne devraient plus obéir aux taux de rentabilité, mais répondre à d'autres critères, comme le développement de l'emploi et de l'activité et de la préservation de l'environnement, par exemple. Pour ce faire, certains souhaitent une nationalisation du secteur quand d'autres envisagent la création d'un pôle public, intégrant les citoyens dans les instances de décision.
- Demain, " Changer l'orientation de l'Europe"
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