« UN COUP À JOUER LE 26 MAI », L’ÉDITORIAL DE PATRICK APEL-MULLER DANS L’HUMANITE DE DEMAIN JEUDI

Emmanuel Macron prend les commandes, nous dit-on. Accablé par la piteuse campagne de Nathalie Loiseau, furieux de voir s’étioler les soutiens sur lesquels il pariait, inquiété par les sondages, le président entend sauver ce qui peut l’être. Pourtant, LaREM, le parti à sa dévotion, ne pâtit pas tant des errements de ses responsables que du boulet qu’il traîne à sa suite, la fin des illusions sur la politique qu’il conduit. Les électeurs mesurent que le grand débat n’a rien changé et que, pour demain, le pouvoir concocte pire encore que ce qu’il a déjà commis : fonctionnaires, retraites, institutions, services publics et salaires sont explicitement dans le collimateur. Ce qu’il prêche à Paris se déclinera mot à mot à Bruxelles ou à Strasbourg.

La bataille décrite entre le « progressisme libéral » et les populismes se réduit peu à peu à une scène de carton-pâte, où on hésite à attribuer la paternité de telle offensive contre les migrants ou de telle autre au détriment de l’environnement. Tout cela fortifie l’abstention et d’abord celle des milieux populaires, particulièrement maltraités. Ce serait le pire des choix, celui qui laisse les mains libres aux acteurs de la régression sociale.

Josiane Balasko qui, avec de nombreuses personnalités, appelle à voter pour la liste communiste conduite par Ian Brossat, le dit avec des mots forts : « Cela vaut le coup de se déplacer, cela vaut le coup d’aller voter, cela vaut le coup d’envoyer un message fort et clair. » Le 26 mai ne doit pas être un coup pour rien. Mieux, les électeurs de gauche désireux de justice et de progrès social, de fraternité et de solidarité, ont un bon coup à jouer. En fortifiant ceux qui, face aux traités et aux directives, n’ont jamais abandonné les intérêts populaires, ils affaibliront les tenants du capitalisme sans complexe, puiseront des forces pour les rendez-vous qui suivront, donneront de l’élan pour rassembler et transformer la société.