LE BLOG DES COMMUNISTES DE ROMAINVILLE

jeudi 9 mai 2019

« CAMOUFLET », L’EDITORIAL DE MAURICE ULRICH DANS L’HUMANITE DE DEAMIN VENDREDI


Des dizaines de milliers de fonctionnaires dans la rue avec à Paris tous les leaders de leurs neuf syndicats. Le numéro d’escamotage du premier populiste de France, Emmanuel Macron, est en échec. Escamotage, parce qu’en prétendant donner la parole à tous avec un grand débat dont on mesure maintenant à quel point il a fait long feu, il s’agissait de ne rien entendre. Populiste parce que, lorsqu’on suggère que les fonctionnaires ne travaillent pas assez, quand on triche sur la nature du travail des enseignants, quand on laisse entendre que le statut des fonctionnaires serait un obstacle à l’efficacité du service public, on flatte les discours les plus réactionnaires, on suggère que la notion même de service public serait un poids pour la nation et non un bien commun à tous.
En exécutant zélé depuis qu’il s’est vu offrir un poste de secrétaire d’État comme un plat de lentilles, l’ancien socialiste Olivier Dussopt se la joue sur le mode Juppé 1995, droit dans ses bottes. Il exclut catégoriquement tout retrait ou toute renégociation du texte qui doit venir lundi devant l’Assemblée. Il ne semble même pas avoir conscience de la formidable contradiction qu’il y a, dans une démocratie, à vouloir faire une réforme de la fonction publique sans les fonctionnaires eux-mêmes et ceux qui les représentent. Le ministre de l’Éducation nationale n’en est pas plus conscient, ou feint de ne pas l’être, ce qui serait plus juste, lorsqu’il affirme vouloir une école de la confiance en se méfiant des enseignants.
En réalité, il ne s’agit en rien de prurits autoritaires. C’est une stratégie politique et idéologique. Emmanuel Macron avait annoncé la suppression de 120 000 postes de fonctionnaires. S’il biaise désormais avec ce chiffre, c’est pour mieux tenter de casser leur statut, mettre en place des méthodes du privé et lui offrir de nouveaux marchés. La réforme envisagée ne fait que repasser les plats défraîchis du libéralisme. La journée d’hier est un camouflet pour Emmanuel Macron en même temps qu’un éclairage cru sur les chemins et les impasses de sa politique.

Par Maurice Ulrich

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