Pacte de stabilité, et maintenant ? Ce mardi les députés se prononcent sur les 50 milliards d'économie
L'éditorial de Maurice Ulrich dans l'Humanité ce mardi 29 avril.
Les 50 milliards ne sont pas une question de chiffrage, mais d’orientation. De ce point de vue la question d’Alstom n’est pas adjacente.
Les quelques mesurettes évoquées hier suffiront-elles à calmer ce que Jean-Christophe Cambadélis a appelé une « fronde » des députés socialistes à laquelle il faudrait mettre fin ? Réponse aujourd’hui. Mais si c’est le cas, il n’est pas sûr pour autant que les électeurs pardonnent aussi facilement à leurs élus d’avoir en quelque sorte échangé leurs convictions, et avec elles les attentes populaires, pour un plat de lentilles, quand bien même elles viendraient soulager un brin la pression sur les plus modestes. C’est qu’il y a tout de même, soit dit en passant, quelque duplicité à leur annoncer qu’on va leur serrer la ceinture pour leur dire ensuite qu’on agit pour leur bien en reculant d’un petit cran.
Mais plus profondément, c’est une autre question qui se pose et qui est posée à chacun. En quoi le ralliement des députés socialistes et d’autres, dont des élus de droite, au pacte de Manuel Valls, peut-il changer la donne ? Le caporalisme, car c’est un peu de cela qu’il s’agit, ne peut-être une réponse. Les appels, d’aucuns diraient les pressions, de Jean-Christophe Cambadélis, Bruno Le Roux ou François Rebsamen à serrer les rangs et à voter comme un seul homme sans quoi on ne serait plus socialiste, même s’ils sont entendus cet après-midi, ne constituent en rien un changement de cap. Les arguments d’autorité peuvent peser sur les votes, mais pas sur la crise. Les 50 milliards ne sont pas une question de chiffrage, mais d’orientation. De ce point de vue la question d’Alstom n’est pas adjacente. Depuis quand le mot et la chose « nationalisation » sont-ils devenus incongrus, voire tabou, pour la gauche socialiste et même sociale-démocrate ? En quoi une intervention déterminée de l’État dans un dossier industriel majeur, avec des milliers d’emplois à la clé, serait-elle devenue impossible ? On mesure là à quel point sans doute la pensée libérale a pénétré les consciences. Les appels à l’ordre intiment de s’y rallier, mais l’avenir de la gauche ce n’est pas le petit doigt sur la couture du pantalon, c’est la réouverture d’un large débat, dans tout le pays, entre toutes les forces progressistes, pour reprendre les chemins du changement. C’est maintenant.
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