110 ans d’Humanité
L'ambition qui conduit Jaurès à fonder l'Humanité demeure intacte. Par Patrick Le Hyaric, directeur de l'Humanité.
Bon anniversaire à l’Humanité ! Ce matin, voilà cent dix ans que l’Humanité paraît. De la grande œuvre de réflexions politiques, culturelles et historiques ou des conquêtes sociales et démocratiques que nous lègue Jean Jaurès, son journal l’Humanité est sa création toujours vivante, toujours active, toujours utile.
Le quotidien a dû surmonter de multiples difficultés financières, des tracasseries diverses, la censure exercée contre lui, voire son interdiction dans les années noires de la Seconde Guerre mondiale où la parution est interdite par le gouvernement Daladier, fin août 1939. Pendant la guerre d’Algérie, il est régulièrement saisi parce qu’il dénonce les exactions de l’armée française. Tout cela explique pourquoi l’Humanité est bien ancrée dans le patrimoine médiatique, culturel et politique français.
Depuis sa naissance, le 18 avril 1904, le journal ne vit que grâce au soutien militant, à l’action inlassable de ses équipes et de ses lectrices et lecteurs. Rendons ici hommage à celles et ceux qui, depuis plus d’un siècle, se sont avec courage, dévouement, abnégation mobilisés pour le faire vivre, rayonner et se développer dans des contextes souvent difficiles.
En cent dix ans, le monde a beaucoup changé. Mais l’ambition qui conduit Jean Jaurès à fonder l’Humanité demeure intacte. Son projet est énoncé dès la première phrase de son premier éditorial, « Notre but » : « Le nom même de ce journal, en son ampleur, marque exactement ce que notre parti se propose (…), la réalisation de l’humanité. » Ce puissant et beau texte, à relire sans retenue, est un véritable manifeste en faveur d’un authentique journalisme engagé. Il est plus que jamais d’actualité. L’Humanité luttera sans relâche contre la guerre, indépendamment des calomnies dont elle sera l’objet. Selon Jaurès, « la promotion de l’universelle justice sociale sera le moyen de réconcilier tous les peuples », ajoutant : « Alors vraiment, mais seulement alors, il y aura une humanité réfléchissant à son unité supérieure dans la diversité vivante des nations amies et libres. » La violence de la guerre économique qui fait rage, au détriment de la vie humaine et de l’environnement, nous appelle à amplifier cet inlassable combat et à préférer en ces dangereux moments la force de la politique à la politique de la force.
Le journal a également cette ambition de contribuer à « la grande transformation sociale qui doit libérer les hommes de la propriété oligarchique ». Les 67 familles qui disposent aujourd’hui de plus de patrimoine que les 3 milliards 500 millions d’habitants de notre planète nous rappellent à ce combat. La révolution est bien à l’ordre du jour ! Elle doit permettre une nouvelle répartition des richesses et une nouvelle manière de les produire. Et Jaurès, tirant les mêmes enseignements que Karl Marx sur l’écrasement de la Commune de Paris, insiste sur l’importance que cette révolution s’accomplisse « sans les violences qui, il y a cent dix ans, ensanglantèrent la Révolution démocratique et bourgeoise, et dont s’affligeait, en une admirable lettre, notre grand communiste Babeuf ».
Dans ce premier éditorial, Jaurès initie une conception neuve de la presse, faisant des citoyens, des travailleurs, des créateurs, des ouvriers, des jeunes, des paysans, de leur vie, de leurs souffrances, de leurs aspirations et combats, le cœur du journal. Toujours, ce sont les visages des hommes, des femmes, des enfants qui font notre pays et le monde qui sont à la une de l’Humanité.
Tout à l’opposé du ressassement permanent de la sainte catéchèse visant à faire accepter son sort au nom des vieux livres de compte capitalistes emplis des mots « compétitivité », « concurrence », « déficits », « coût du travail », pour toujours mieux vider les comptes de celles et ceux qui n’ont que leur travail ou leur retraite pour vivre. Et il a pour ambition de donner une information rigoureuse. « C’est par des informations étendues et exactes que nous voudrions donner à toutes les intelligences libres le moyen de comprendre et de juger elles-mêmes les événements du monde. » Quelle modernité dans ce propos ! À l’opposé des autoroutes de l’information qui crachent pêle-mêle, sans repères, sans éléments d’analyse, des paquets d’informations comme des paquets de mer, aussi superficielles et aussi vite disparues qu’elles sont apparues dans les circuits troubles du média business.
Nous tentons, dans les conditions d’aujourd’hui, d’être fidèles à cet éditorial fondateur et de le faire vivre au quotidien. Les changements auxquels nous procédons actuellement visent à permettre à toutes et tous, à gauche, dans la sphère syndicale ou progressiste, d’accéder à des informations, des savoirs, de la culture, des décryptages d’événements qui stimulent leur réflexion personnelle et leur permettent ainsi d’être toujours mieux actrices et acteurs des indispensables transformations sociales, démocratiques et écologiques.
Le chantier est immense et complexe. Les résultats des récentes élections municipales, et ce qui se passe depuis, viennent d’en apporter la confirmation. Dans un contexte bouleversé par la mondialisation financière et par l’hégémonie culturelle et idéologique des droites et des extrêmes droites, la gauche est à refonder ! Jaurès en son temps avait su l’unifier et la porter haut. À nous de prendre ce grand chantier à bras-le-corps.
L’Humanité, mais surtout sa lecture, est encore plus indispensable aujourd’hui pour les grands combats, pour l’égalité et la justice, pour les libertés, de Dreyfus à Mandela et aujourd’hui de Marwan Barghouti à Mumia Abu-Jamal et toutes celles et ceux qui en sont privés partout dans le monde. Pour les grands combats à mener dans l’unité la plus large, pour l’émancipation humaine. Raison de plus pour élargir encore l’audience et la lecture de l’Humanité, de l’Humanité Dimanche et de la plateforme éditoriale, l’Humanité.fr, qui a la particularité de permettre à chacune et chacun d’intervenir, d’enrichir ou de discuter, voire de contester nos informations et nos manières de traiter les événements.
La campagne d’abonnements de parrainage, avec le Fonds solidaire pour le développement de la lecture de l’Humanité, vient de permettre la réalisation de 250 abonnements, la semaine dernière. Ce mouvement va s’amplifier !
Depuis le premier jour, Jean Jaurès savait que « faire vivre un grand journal sans qu’il soit à la merci d’aucun groupe d’affaires est un problème difficile mais non insoluble ». Tous ici, poursuivait-il, « nous nous donnerons un plein effort de conscience et de travail pour mériter ce succès : que la démocratie et le prolétariat nous y aident ».
Cela demeure notre engagement et notre espoir.
Depuis sa naissance, le 18 avril 1904, le journal ne vit que grâce au soutien militant, à l’action inlassable de ses équipes et de ses lectrices et lecteurs. Rendons ici hommage à celles et ceux qui, depuis plus d’un siècle, se sont avec courage, dévouement, abnégation mobilisés pour le faire vivre, rayonner et se développer dans des contextes souvent difficiles.
En cent dix ans, le monde a beaucoup changé. Mais l’ambition qui conduit Jean Jaurès à fonder l’Humanité demeure intacte. Son projet est énoncé dès la première phrase de son premier éditorial, « Notre but » : « Le nom même de ce journal, en son ampleur, marque exactement ce que notre parti se propose (…), la réalisation de l’humanité. » Ce puissant et beau texte, à relire sans retenue, est un véritable manifeste en faveur d’un authentique journalisme engagé. Il est plus que jamais d’actualité. L’Humanité luttera sans relâche contre la guerre, indépendamment des calomnies dont elle sera l’objet. Selon Jaurès, « la promotion de l’universelle justice sociale sera le moyen de réconcilier tous les peuples », ajoutant : « Alors vraiment, mais seulement alors, il y aura une humanité réfléchissant à son unité supérieure dans la diversité vivante des nations amies et libres. » La violence de la guerre économique qui fait rage, au détriment de la vie humaine et de l’environnement, nous appelle à amplifier cet inlassable combat et à préférer en ces dangereux moments la force de la politique à la politique de la force.
Le journal a également cette ambition de contribuer à « la grande transformation sociale qui doit libérer les hommes de la propriété oligarchique ». Les 67 familles qui disposent aujourd’hui de plus de patrimoine que les 3 milliards 500 millions d’habitants de notre planète nous rappellent à ce combat. La révolution est bien à l’ordre du jour ! Elle doit permettre une nouvelle répartition des richesses et une nouvelle manière de les produire. Et Jaurès, tirant les mêmes enseignements que Karl Marx sur l’écrasement de la Commune de Paris, insiste sur l’importance que cette révolution s’accomplisse « sans les violences qui, il y a cent dix ans, ensanglantèrent la Révolution démocratique et bourgeoise, et dont s’affligeait, en une admirable lettre, notre grand communiste Babeuf ».
Dans ce premier éditorial, Jaurès initie une conception neuve de la presse, faisant des citoyens, des travailleurs, des créateurs, des ouvriers, des jeunes, des paysans, de leur vie, de leurs souffrances, de leurs aspirations et combats, le cœur du journal. Toujours, ce sont les visages des hommes, des femmes, des enfants qui font notre pays et le monde qui sont à la une de l’Humanité.
Tout à l’opposé du ressassement permanent de la sainte catéchèse visant à faire accepter son sort au nom des vieux livres de compte capitalistes emplis des mots « compétitivité », « concurrence », « déficits », « coût du travail », pour toujours mieux vider les comptes de celles et ceux qui n’ont que leur travail ou leur retraite pour vivre. Et il a pour ambition de donner une information rigoureuse. « C’est par des informations étendues et exactes que nous voudrions donner à toutes les intelligences libres le moyen de comprendre et de juger elles-mêmes les événements du monde. » Quelle modernité dans ce propos ! À l’opposé des autoroutes de l’information qui crachent pêle-mêle, sans repères, sans éléments d’analyse, des paquets d’informations comme des paquets de mer, aussi superficielles et aussi vite disparues qu’elles sont apparues dans les circuits troubles du média business.
Nous tentons, dans les conditions d’aujourd’hui, d’être fidèles à cet éditorial fondateur et de le faire vivre au quotidien. Les changements auxquels nous procédons actuellement visent à permettre à toutes et tous, à gauche, dans la sphère syndicale ou progressiste, d’accéder à des informations, des savoirs, de la culture, des décryptages d’événements qui stimulent leur réflexion personnelle et leur permettent ainsi d’être toujours mieux actrices et acteurs des indispensables transformations sociales, démocratiques et écologiques.
Le chantier est immense et complexe. Les résultats des récentes élections municipales, et ce qui se passe depuis, viennent d’en apporter la confirmation. Dans un contexte bouleversé par la mondialisation financière et par l’hégémonie culturelle et idéologique des droites et des extrêmes droites, la gauche est à refonder ! Jaurès en son temps avait su l’unifier et la porter haut. À nous de prendre ce grand chantier à bras-le-corps.
L’Humanité, mais surtout sa lecture, est encore plus indispensable aujourd’hui pour les grands combats, pour l’égalité et la justice, pour les libertés, de Dreyfus à Mandela et aujourd’hui de Marwan Barghouti à Mumia Abu-Jamal et toutes celles et ceux qui en sont privés partout dans le monde. Pour les grands combats à mener dans l’unité la plus large, pour l’émancipation humaine. Raison de plus pour élargir encore l’audience et la lecture de l’Humanité, de l’Humanité Dimanche et de la plateforme éditoriale, l’Humanité.fr, qui a la particularité de permettre à chacune et chacun d’intervenir, d’enrichir ou de discuter, voire de contester nos informations et nos manières de traiter les événements.
La campagne d’abonnements de parrainage, avec le Fonds solidaire pour le développement de la lecture de l’Humanité, vient de permettre la réalisation de 250 abonnements, la semaine dernière. Ce mouvement va s’amplifier !
Depuis le premier jour, Jean Jaurès savait que « faire vivre un grand journal sans qu’il soit à la merci d’aucun groupe d’affaires est un problème difficile mais non insoluble ». Tous ici, poursuivait-il, « nous nous donnerons un plein effort de conscience et de travail pour mériter ce succès : que la démocratie et le prolétariat nous y aident ».
Cela demeure notre engagement et notre espoir.
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