SOCIAL-ECO - le 18 Juillet 2012
Editorial Par Jean-Paul Piérot
Face à la casse de PSA : Et maintenant, des actes !
Dans l'humanité aujourd'hui : élus, syndicalistes et économistes livrent un premier inventaire de ce que l'État pourrait mettre en œuvre pour refuser le diktat de PSA. Pour Jean-Paul Piérot, qui signe l'éditorial : "Non, l'État n'est pas désarmé, condamné à déplorer sans réagir".
Bernard Thibault a posé la bonne question : comment le gouvernement pourrait-il annoncer et mettre sur les rails un plan de soutien à la filière automobile en laissant liquider pour la première fois depuis plus de vingt ans tout un site de production ? À quoi ressemblerait un tel plan dont le préalable serait la suppression de 8 000 emplois directs, et bien davantage encore d’emplois induits, notamment dans la sous-traitance ? Le défi devant lequel la décision des dirigeants du groupe PSA place le gouvernement n’est pas la « réindustrialisation » du site d’Aulnay, ni la « reconversion » des salariés, mais la poursuite de la production de véhicules. Sinon, avoir créé un ministère du Redressement productif ne serait qu’un coup de communication trompeuse, un portefeuille de la parole.
Au cours de son interview télévisée du 14 Juillet, François Hollande a affirmé que « l’État ne laissera pas faire ». C’est beaucoup mieux que « l’État ne peut pas tout », cet aveu d’impuissance qui fut tant reproché à Lionel Jospin et qui coûta cher à la gauche plurielle en 2002. Mais il est temps maintenant de briser les tabous sur les moyens dont dispose la souveraineté nationale pour faire entendre raison à un groupe industriel, fût-il privé, qui porte atteinte aux intérêts économiques et sociaux du pays. Non, l’État n’est pas désarmé, n’est pas condamné à déplorer sans pouvoir agir. L’emploi est la préoccupation numéro un des Français, celle-ci a pesé lourdement dans la défaite de Nicolas Sarkozy et, inversement, dans la victoire de la gauche. C’est bien parce qu’ils nourrissaient quelque espoir qu’un président de gauche ne laisserait pas sans réagir monter la courbe du chômage et s’allonger la liste des fermetures d’entreprises sous pression des actionnaires que les électeurs ont congédié le président des riches.
L’extrême violence de la décision de M. Varin, le choc produit dans l’opinion font du sort des ouvriers de PSA un test pour le quinquennat qui commence, une sorte d’examen de passage qui va marquer d’une manière ou d’une autre la nouvelle séquence politique.
Le législateur dispose d’une large palette de mesures possibles pour inciter une direction d’entreprise à cesser de traiter les salariés comme une simple variable d’ajustement vouée à payer les conséquences de ses erreurs stratégiques. Moyens fiscaux, législation sur le chômage partiel, interdiction des licenciements économiques quand des dividendes sont versés aux actionnaires, extension des droits du personnel… dans la course de vitesse engagée avec les licencieurs, les délocaliseurs, les profiteurs, il y a urgence à légiférer, à faire la preuve que le politique peut avoir le dernier mot.
Et aurait-on oublié qu’un État dispose du pouvoir de nationaliser, totalement ou partiellement, une société pour y faire prévaloir l’intérêt national ? Il n’est guère difficile de démontrer qu’au moment où le gouvernement veut relancer le secteur automobile, la liquidation programmée de l’usine d’Aulnay porterait un coup sérieux au redressement de la production et aux conditions de vie de milliers de travailleurs qui savent fabriquer des automobiles.
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