UN WEEK-END D’ENFUMAGE SUR LES RETRAITES POUR LA SORTIE DU GRAND DÉBAT (GERARD LE PUILL)
Médiatisés sans
précaution, certains propos peuvent faire illusion quelques heures durant. Ce
fut le cas ce week-end avec ceux tenus par Stanislas Guérini, délégué général
de La République en Marche, le parti de Macron à propos des pensions de
retraite. « Il faut revenir sur la sous-indexation des pensions pour les
retraités les plus modestes. Pour ceux-là, les retraites doivent être
réindexées à l’inflation», a-t-il dit à Chartres et dans le Parisien.
Mais il n’a pas donné de chiffre sur le la somme mensuelle à partir de laquelle
cette indexation serait souhaitable à ses yeux. Il n’a pas davantage proposé de
date pour cette ré-indexation. Il a délibérément occulté les allocations
familiales et l’APL qui, elles aussi, ont été désindexées de l’inflation
pour n’augmenter que de 0,3% en 2019 et en 2020, comme les pensions de
retraite.
Samedi et dimanche, les télévisions et les radios nous ont a
laissé entendre qu’il y aurait bientôt une bonne nouvelle
pour les 16 millions de retraités que compte le pays.
On sait que plus de dix millions d’entre eux ont perdu près de 4% de leur
pouvoir d’achat en 2018 du seul fait de l’augmentation de la CSG 1,7% sur
les pensions brutes. Cette mesure injuste a diminué les pensions nettes de
1,83%. Et en même temps, comme le dit Macron, l’augmentation moyenne des
prix a été de 1,8% sur un an. Comme si cela ne suffisait pas, le
président de la République et son gouvernement ont annoncé que les
pensions de retraite ne seraient revalorisées que de 0,3% en 2019
et en 2020. Voilà qui fera encore perdre aux retraités près de 2% de
pouvoir d’achat par an, soit un total proche de 8% sur trois ans après
des années que quasi blocage sous la présidence de François Hollande.
Avec Macron, le diable
se cache toujours dans les détails
Il fallait avoir ces chiffres en tête en entendant les télévisions et les
radios nous dire que Stanislas Guérini, délégué général de La République
en Marche, proposait la ré-indexation des pensions de retraites sur
l’inflation. Mais, avec Emmanuel Macron et son parti de supporters, le diable
se cache toujours dans les détails. Certains médias laissaient entendre qu’il
s’agissait de ré-indexation pour tous les retraités. D’autres notaient que la
mesure ne concernerait que les retraités modestes. Bref, il fallait avoir
sous les yeux l’édition dominicale du Parisien pour lire la
question du journal et la réponse du petit chef des Marcheurs à la botte de
Macron. Cela donnait le dialogue suivant :
« Le malaise des retraités a aussi nourri la crise des gilets jaunes
que faire ?» questionnait le journal. Réponse de
Guérini : « il faut revenir sur la sous-indexation des pensions
pour les retraités les plus modestes. Pour ceux-là, les retraites doivent être
réindexées à l’inflation ». Stanislas Guérini ne précisait pas le niveau
de pension en deçà duquel il préconise une indexation sur l’inflation.
Comme le Parisien ne l’évoquait pas non plus, on ne sait pas
si Guérini la situe au niveau du SMIC, qui est le salaire minimum des
actifs travaillant à plein temps, ou en deçà.
Stanislas Guérini ne parlait que des pensions des retraités les plus
modestes. Du coup, outre la majorité des retraités qu’il ne classe pas dans
cette catégorie, son propos nous disait en creux que les familles qui
perçoivent des allocations familiales pour élever leurs enfants et les
locataires qui bénéficient de l’Aide Personnalisée au logement (APL) n’ont rien
a attendre du parti du président Macron et du gouvernement. En effet, tout
comme les pensions de retraites, il est prévu que ces deux prestations ne
seront revalorisées que de 0,3% en 2019 et en 2020. Or, plus un ménage
est pauvre, plus la part de ces prestations est importante pour l’équilibre de
ses ressources. Ce sont donc les pauvres qui continuent de payer les
cadeaux faits aux plus riches puisque Guérini laisse clairement entendre que
l’on ne rétablira pas l’Impôt de solidarité sur la fortune (ISF) supprimé par
Macron dès son arrivée au pouvoir.
Qu’attendre de la
réforme des retraites dans ces conditions ?
Nous savons aussi que le président de la République a demandé à sa majorité
parlementaire de réformer les systèmes de retraites dont les pensions sont
jusqu’à présent calculées à partir des annuités de cotisation. Il est prévu de
mettre en place un système unique de droits acquis par points. A ce propos,
Emmanuel Macron ne cesse de répéter qu’il créera « un système universel
des retraites dans lequel un euro cotisé donnera les mêmes droits quel que soit
celui qui a cotisé ». On sait que ce système sera défavorable aux
personnes qui auront souvent été victimes du chômage dans leur carrière. Mais
une autre question de pose déjà. Comment faire confiance à un président de la
République qui promet un système de retraite plus équitable aux futurs
retraités quand ce même président décide de réduire, de deux manières douteuses
et injustes, les pensions des actuels retraités en ne respectant pas les droits
acquis par de longues années de cotisation ?
En effet, le pouvoir a augmenté la CSG des retraités de 1,7% sur les
pensions brutes pour que les actifs bénéficient d’une petite augmentation du
salaire net via la suppression des cotisations salariales pour la maladie et le
chômage. Du coup, cette augmentation marginale du salaire net n’a rien coûté aux
patrons, à commencer par ceux du CAC 40. Et en même temps, la sous-valorisation
des pensions par une augmentation de 0,3% seulement en 2019 et en 2020 a été
choisie par Macron et ses ministres de droite que sont Edouard Philippe, Bruno
Le Maire et Gérald Darmanin pour faire payer par les retraités et par les
familles qui perçoivent des allocations familiales et de l’APL les cadeaux
faits au riches via la suppression de l’ISF sur laquelle Macron refuse toujours
de revenir !
Dans un entretien accordé au Journal du Dimanche, Sébastien
Lecornu, un autre ministre venu de la droite déclare, qu’en avril,
« Emmanuel Macron clôturera le grande débat et précisera sa vision en
donnant les grandes axes de réponse et le sens de la direction à suivre pour le
gouvernement (…) Il faut rester dans l’épure de l’ADN du macronisme »,
croit-il utile d’ajouter.
Les retraités comme les gens de condition modeste sont donc prévenus. Seule
la lutte fera reculer ce pouvoir au service des riches.
Gérard Le Puill
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