« La République et le chef des armées », l’éditorial de Jean-Emmanuel Ducoin dans l’Humanité de demain vendredi !
Macron assume sans complexe l’usage de
l'armée pour mater les gilets jaunes. L'affaire est grave, extrêmement grave.
Et inquiétante.
C’est donc ça, un chef des armées? S’il était encore nécessaire d’analyser le caractère ultra-monarchique de la Ve République, Emmanuel Macron vient d’en dévoiler l’essentiel – et probablement le plus dangereux. Au point de se demander: son pouvoir suprême lui monte-t-il à la tête? En faisant appel à l’armée dans le cadre de l’opération antiterroriste «Sentinelle», la machine infernale est lancée avant la nouvelle journée de mobilisation, samedi 23 mars. Il assume sans complexe l’usage de la force pour mater les gilets jaunes qui, au côté de casseurs professionnels, considèrent qu’une certaine forme de violence devient une façon comme une autre d’imposer leurs revendications. Tout se met en place pour une issue dramatique. L’exécutif a beau nous répéter, à cor et à cri, qu’il convient de «ne pas agiter les peurs» et que les effectifs de «Sentinelle» ne seront réquisitionnés que pour «protéger des bâtiments officiels» et autres «points fixes», l’affaire est grave, extrêmement grave. Et inquiétante.
«Nos concitoyens ont l’habitude» de voir des militaires dans nos rues, gares ou aéroports, déclare l’ineffable Benjamin Griveaux. Mais de quoi parle-t-on? Contrairement à la police et à la gendarmerie, les soldats de la force «Sentinelle» ne sont pas formés ni équipés pour assurer un maintien de l’ordre, qui plus est lors de manifestations. Il faut même se pincer d’avoir à associer dans la même phrase les mots «militaires» et «manifestations»… Comme le remarquent à juste titre plusieurs organisations de policiers, que se passera – t – il en cas de problème majeur? Ces militaires, hautement armés, tireront – ils à vue?
L’improvisation du président, et de toute la chaîne gouvernementale, s’avère si flagrante qu’aucun responsable de haut rang, pas même le ministre de la Défense, n’ose élever la voix pour relever une évidence: ce n’est pas le métier de l’armée de terre de s’interposer, quel que soit le dispositif, face à des manifestants! Le métier de l’armée, c’est de défendre la nation, face à un ennemi. Le message paraît dès lors limpide. La France aurait besoin de militaires pour se défendre contre des gilets jaunes? Ces derniers seraient-ils des ennemis de l’intérieur?
La surenchère atteint un niveau funeste: en République, l’armée ne dresse pas ses armes contre son peuple. En vérité, le pouvoir dégoupille un arsenal de mesures sécuritaires et martiales afin de masquer ses incompétences. Honte, d’amalgamer ainsi mouvement social et terrorisme ! Pour mémoire, le maintien de l’ordre dans le cadre de manifestations est confié à la gendarmerie et à la police depuis 1921... Cette décision politique – sans parler de sa symbolique – est inacceptable. Avec ce précédent, M. Macron prend un risque historique. La compétition malsaine entre l’exécutif et la droite la plus dure pour bomber le torse menace de porter atteinte à l’État de droit et aux libertés fondamentales, en premier lieu, le droit de manifester. Le bruit des bottes et l’ordre en kaki, ce n’est pas la République !
C’est donc ça, un chef des armées? S’il était encore nécessaire d’analyser le caractère ultra-monarchique de la Ve République, Emmanuel Macron vient d’en dévoiler l’essentiel – et probablement le plus dangereux. Au point de se demander: son pouvoir suprême lui monte-t-il à la tête? En faisant appel à l’armée dans le cadre de l’opération antiterroriste «Sentinelle», la machine infernale est lancée avant la nouvelle journée de mobilisation, samedi 23 mars. Il assume sans complexe l’usage de la force pour mater les gilets jaunes qui, au côté de casseurs professionnels, considèrent qu’une certaine forme de violence devient une façon comme une autre d’imposer leurs revendications. Tout se met en place pour une issue dramatique. L’exécutif a beau nous répéter, à cor et à cri, qu’il convient de «ne pas agiter les peurs» et que les effectifs de «Sentinelle» ne seront réquisitionnés que pour «protéger des bâtiments officiels» et autres «points fixes», l’affaire est grave, extrêmement grave. Et inquiétante.
«Nos concitoyens ont l’habitude» de voir des militaires dans nos rues, gares ou aéroports, déclare l’ineffable Benjamin Griveaux. Mais de quoi parle-t-on? Contrairement à la police et à la gendarmerie, les soldats de la force «Sentinelle» ne sont pas formés ni équipés pour assurer un maintien de l’ordre, qui plus est lors de manifestations. Il faut même se pincer d’avoir à associer dans la même phrase les mots «militaires» et «manifestations»… Comme le remarquent à juste titre plusieurs organisations de policiers, que se passera – t – il en cas de problème majeur? Ces militaires, hautement armés, tireront – ils à vue?
L’improvisation du président, et de toute la chaîne gouvernementale, s’avère si flagrante qu’aucun responsable de haut rang, pas même le ministre de la Défense, n’ose élever la voix pour relever une évidence: ce n’est pas le métier de l’armée de terre de s’interposer, quel que soit le dispositif, face à des manifestants! Le métier de l’armée, c’est de défendre la nation, face à un ennemi. Le message paraît dès lors limpide. La France aurait besoin de militaires pour se défendre contre des gilets jaunes? Ces derniers seraient-ils des ennemis de l’intérieur?
La surenchère atteint un niveau funeste: en République, l’armée ne dresse pas ses armes contre son peuple. En vérité, le pouvoir dégoupille un arsenal de mesures sécuritaires et martiales afin de masquer ses incompétences. Honte, d’amalgamer ainsi mouvement social et terrorisme ! Pour mémoire, le maintien de l’ordre dans le cadre de manifestations est confié à la gendarmerie et à la police depuis 1921... Cette décision politique – sans parler de sa symbolique – est inacceptable. Avec ce précédent, M. Macron prend un risque historique. La compétition malsaine entre l’exécutif et la droite la plus dure pour bomber le torse menace de porter atteinte à l’État de droit et aux libertés fondamentales, en premier lieu, le droit de manifester. Le bruit des bottes et l’ordre en kaki, ce n’est pas la République !
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