« SCANDALE DÉMOCRATIQUE » L’EDITORIAL DE JEAN-EMMANUEL DUCOIN DANS L’HUMANITE DE DEMAIN LUNDI.
Or, il se trouve que France 2,
principale chaîne du groupe public France Télévisions, a décidé de trier les
participants au tout premier débat consacré aux élections européennes, dans le
cadre de l’Émission politique du 4 avril prochain. En dépit de toute logique et
des protestations, la direction de la chaîne persiste à ne pas vouloir inviter
Ian Brossat, le chef de file communiste de la liste intitulée « Pour l’Europe
des gens, contre l’Europe de l’argent ». Un scandale. Et un boycott. Comment
appeler cela autrement ? Du coup, une autre interrogation se pose déjà
cruellement : un vrai débat aura-t-il lieu, alors qu’il s’agit d’un scrutin primordial
dont on sait, pas seulement par habitude, qu’il mobilise peu, hélas, les
Français ?
En quoi et pourquoi Ian Brossat n’aurait-il pas sa place dans un échange
télévisé majeur, au même titre que les autres têtes de liste ou représentants
de parti ? Cette décision s’avère si grotesque et provocante, pour tout
républicain digne de ce nom, que les arguments pour la contester devraient être
inutiles… pourtant ils ne manquent pas, dans une période où la soif de débats
et de controverses se révèle chaque jour plus vive et que les contestations
d’ampleur – gilets jaunes, revendications sociales, climat, etc. –
s’additionnent et souvent se rejoignent. Depuis le référendum constitutionnel
de 2005, nous savons que la construction de l’Europe peut passionner et enflammer
les citoyens. À condition que la démocratie soit respectée pleinement, pas
seulement dans des marges délimitées au préalable afin de désigner qui est
légitime ou non de s’opposer à Macron. Veut-on que les élections européennes
ressemblent au grand débat, avec, à terme, la désillusion suprême : la colère
amputée de tout espoir politique ?
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