« PAROLES, PAROLES », L’EDITORIAL DE MAURICE ULRICH DANS L’HUMANITE DE DEMAIN MARDI
Ainsi la vie démocratique de la France devrait être suspendue à la parole
d’Emmanuel Macron. Elle viendra à Pâques ou à la Trinité pendant que les petits
soldats de la République en marche font du bruit avec la bouche pour au total
ne dire rien puisqu’ils ne savent rien. Le grand débat, dont il est dit qu’il
devrait finir cette semaine mais pour lequel on va jouer les prolongations,
révèle ainsi sa véritable nature d’opération dilatoire. Il s’agissait de faire
parler les Français pour ne pas les entendre. Car enfin, les questions du
pouvoir d’achat, de la justice fiscale, des services publics dans les
territoires délaissés, des transports, des maternités, des Ehpad, de la santé,
on en oublie évidemment, sont-elles si complexes, si peu audibles qu’il y ait besoin
de trois mois de show présidentiel pour les démêler et pour y répondre ?
Emmanuel Macron joue le calendrier et en même temps mène campagne pour des
élections européennes dont il est la véritable tête de liste. La dictature, dit
un vieil adage, c’est fermez-la ; la démocratie, c’est cause toujours ! La
politique d’Emmanuel Macron, à bien y réfléchir, ne saurait faire illusion. Il
y a sa parole et ceux qui sont censés la recevoir. Entre lui et ceux-là il n’y
a rien. C’est une négation même de la politique en tant qu’élaboration
collective, en tant que construction commune. Il a invité à prendre la parole
mais c’est pour en garder l’usage et le privilège. De la même manière,
l’opposition binaire qu’il a installée avec le Rassemblement national tend à
étouffer le débat politique.
Lui (elle) ou moi. Là encore pas d’espace, pas d’alternative avec des
débats réduits aux caricatures, quand en réalité des accords plus profonds
qu’il n’y paraît se font sur des questions comme la sécurité ou l’immigration.
Emmanuel Macron ne veut pas d’une Europe ouverte au monde et au progrès social
mais il feint de donner des leçons à ses vingt-huit États membres et à la terre
entière. Certains lui conseillent de balayer devant sa porte et d’autres rient
sous cape pendant que la France est montrée du doigt par l’ONU pour la violence
de sa politique répressive !
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