« POUR QUE REVIENNENT LES JOURS HEUREUX », L’EDITORIAL DE MAUD VERGNOL DANS L’HUMANITE DE DEMAIN VENDREDI
« La crise des gilets jaunes est-elle terminée ? » font mine de
s’interroger ces jours-ci nombre de nos confrères, tentant la prophétie
autoréalisatrice. Samedi, le mouvement compte au contraire frapper un grand
coup à Paris, à l’occasion de la fin officielle du grand débat et des quatre
mois de cette insurrection populaire qui est loin d’avoir baissé le rideau.
Mieux, ils marcheront aux côtés d’une jeune génération qui refuse d’opposer la
fin du monde à la fin du mois, et qui compte bien remporter « l’Affaire du
siècle » pour éviter que l’humanité n’aille à sa perte. Quatre mois après ses
débuts, ce soulèvement spontané des classes populaires continue d’interroger et
de pulvériser les croyances les mieux établies.
Il confirme qu’une grande partie de la société, la plus fragile
économiquement, et qui a le plus intérêt au changement, a déserté le champ des
institutions et de la démocratie représentative, sans avoir quitté pour autant
la politique. Des personnes qui s’ignoraient ont fraternisé, découvert l’action
collective et la solidarité. Elles ne l’ont pas fait dans une usine ou dans un
parti, mais sur des ronds-points. Une gifle pour les organisations qui militent
au quotidien à cette fin et qui payent au prix fort les promesses trahies et
les capitulations politiques. D’autant que certaines d’entre elles ont beau
porter un projet politique qui correspond aux revendications des gilets jaunes,
le chemin des ronds-points aux bulletins semble encore long. Le risque est même
sérieux que la prochaine élection européenne n’aboutisse au contraire à un
renforcement du pouvoir macroniste et de l’extrême droite, avec un crash
historique des forces de gauche. Alors comment empêcher le désastre qui vient ?
Cette question hante les militants d’hier et d’aujourd’hui, qui ne se résignent
pas à une défaite inéluctable des vaincus de toujours. Un autre 15 mars, 1944,
des hommes et des femmes mettaient l’imagination au pouvoir et adoptaient le
programme du Conseil national de la Résistance. Les gilets jaunes l’ont
montré : il peut exister une majorité dans notre pays pour inventer de nouveaux
« jours heureux ».
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