LE BLOG DES COMMUNISTES DE ROMAINVILLE

vendredi 31 mai 2019

Le combat continue ! (Patrick Le Hyaric)



La disparition du Parti communiste français du Parlement européen est un événement dont il faut mesurer tous les effets et conséquences. Sa présence depuis la création de cette instance en 1979 a permis, malgré les freins institutionnels et le carcan de traités, de faire progresser nombre de combats, et très souvent de révéler des projets négatifs pour la vie quotidienne dont les traités fondamentaux notamment Maastricht et le projet de constitution européenne dès 2004 ou la directive dite « Bolkenstein » par Francis Wurtz. La présence communiste et de ses alliés fut au long de ces décennies reconnue pour son apport dans les luttes sociales et internationalistes et son engagement, certes difficile, à protéger et fédérer le monde du travail et de la culture à l’échelle européenne. Les parlementaires communistes ont été des acteurs décisifs des combats contre tous les traités et directives qui ont consacré la libre concurrence et l’essor de l’intégration capitaliste de la construction européenne. Ils ont fait connaitre les rouages des institutions européennes, les plans qui s’y concoctaient entre Etats et puissances d’argent, offrant arguments et analyses pour les luttes sociales, politiques, environnementales, culturelles.

Je ne reviendrai pas ici sur le bilan des deux mandats que j’ai consacré avec toute mon énergie à représenter et défendre nos concitoyens dans cette instance. J’ai à chaque session parlementaire ou réunion de commission importante fait des comptes rendus (toujours disponibles en cliquant ici). Si beaucoup de combats ont été perdus à cause d’un rapport de force défavorable, beaucoup de nos positions, votes et propositions ont permis de faire progresser le débat européen et de peser sur des orientations favorables aux intérêts populaires. La présence des communistes français au Parlement européen était également un point d’appui pour de nombreux militants politiques, associatifs, syndicaux, et nombre d’intellectuels pourchassés dans leur pays, soucieux de tisser des liens avec les forces progressistes au cœur des institutions européennes. C’est à nos camarades palestiniens, kurdes, turcs, d’Amérique latine ou d’Afrique que je pense aujourd’hui qui ne bénéficieront plus, dans la prochaine mandature, du soutien qu’ils jugeaient précieux des parlementaires communistes français.

L’absence de représentation parlementaire communiste ne doit pour autant pas signifier l’abandon du combat européen. Il va falloir dans les prochains mois travailler à assurer une présence communiste sous une forme nouvelle et fournir une analyse régulière des enjeux européens en continuant à créer des ponts avec toutes les forces, notamment avec les parlementaires qui siègeront dans le groupe de la Gauche Unitaire Européenne, qui, bien qu’affaiblie dans de nombreux pays, continuent d’œuvrer à une alternative sociale, démocratique et écologique en opposant coopération et solidarité au règne de la concurrence et du profit. J’y consacrerai, avec d’autres, une part de mon temps et de mon engagement pour continuer à tisser le lien d’une histoire qui n’a pas dit son dernier mot.

Ces élections européennes ont des résonances importantes sur la vie nationale. Premier scrutin depuis la victoire de M. Macron, il est riche d’enseignements pour ajuster nos positions et préparer l’avenir. C’est avec un regard lucide sur notre échec collectif à rassembler les électeurs sur nos propositions qu’il va falloir analyser ce scrutin si singulier. Le débat doit être approfondi car la tendance à la baisse est régulière par palier depuis les années 1980.

Ce scrutin met plus que jamais au grand jour la profondeur de la crise politique qui se manifeste par un niveau élevé du refus de vote malgré un regain de dernières heures. La liste du président de la République ne représente que 11% des inscrits. Les forces politiques inscrites dans l’histoire du pays sont toutes en recul très sérieux dès lors qu’elle se situe en deçà des 10%. La question démocratique portée par le mouvement des « gilets jaunes » reste trop sous-estimée dans les combats populaires. Les causes de la division sanctionnée par tous les électeurs de gauche devront être réfléchies. Nous le leur devons et ils nous le réclament. Mais ceci ne peut faire l’économie, à l’heure prioritaire, d’une première analyse des bouleversements à l’œuvre en France et dans le continent. En effet nous assistons partout dans le monde à des mouvements de fond qui partout mettent en difficulté les forces progressistes et syndicales. La contre-offensive des néo-conservateurs nord-américains depuis Reagan ont aujourd’hui de terribles répliques incarnées dans des mouvements nationalistes et d’extrême droite.

Dans notre pays, les classes possédantes se sont soudées pour maintenir leurs positions de pouvoir et imposer leur vision du monde. La bourgeoisie française a une incroyable capacité, éprouvée à de nombreuses reprises, à serrer les rangs quand elle sent ses intérêts menacés. Elle l’a démontré une nouvelle fois dimanche dernier en se rangeant massivement derrière le parti présidentiel après sept mois d’un mouvement social et politique ambivalent, celui des gilets jaunes, d’une intensité inédite qui, en portant haut des revendications pour l’égalité sociale et fiscale, a affolé les classes possédantes et réanimé en conséquence le vieux « parti de l’ordre ». Elle a ainsi affaibli comme jamais le parti traditionnel de la droite qui était depuis plus d’un demi-siècle, sous divers noms, un pilier du paysage politique. Les régions les plus ancrées dans l’histoire contre-révolutionnaire ont ainsi affirmé leur soutien à la politique de destruction méthodique des solidarités nationales, des services publics, du droit du travail, des libertés publiques, toute dédiée au service des intérêts financiers pour pousser l’intégration de la France, ce maillon décisif, à la mondialisation capitaliste. Par la même occasion le positionnement politique du parti présidentiel, initialement placé sur les décombres du Parti socialiste, s’est singulièrement déporté vers la droite. S'il est vrai qu’il y a toujours « une classe derrière l’homme », nul doute que la politique gouvernementale au bénéfice des riches va encore s’amplifier avec en ligne de mire nos retraites, nos service publics, l’affaiblissement du parlement, la casse du statut de la fonction publique pour ouvrir ses mission au marché de l’emploi capitaliste et à ses règles. C’est donc un projet proprement contre-révolutionnaire que portent aujourd’hui les classes dirigeantes et qui, sur les sujets économiques et sociaux, ne tranche pas avec celui proposé par l’extrême droite.

Se dessine désormais, si ce n’est un « nouveau monde », un « monde nouveau » où les forces traditionnelles ont laissé place à un duo fomenté de longue date entre les extrêmes-droites et les libéraux. Il faut prendre la mesure de cette nouvelle donne politique et ses implications sur le clivage, toujours vivace dans les consciences et les pratiques, entre la droite et la gauche.

La percée de l’écologie politique est un événement considérable dont les conséquences durables sur le paysage politique ne sont, pour l’heure, pas établies, tant il est vrai que ce courant politique est traditionnellement porté par les élections européennes pour retomber comme un soufflet. Cependant, la destruction que nos sociétés envahies par la loi du profit opèrent sur la nature et le vivant suscite une saine et juste inquiétude qui peut être le vecteur d’une politisation nouvelle, notamment dans la jeunesse. L’enjeu principal réside dans notre capacité collective à lier le combat pour l’environnement à la justice sociale pour que l’inquiétude ne se transforme pas en angoisse ou en fatalisme, et n’aille pas non-plus fortifier les fondations du projet de l’extrême droite adepte d’une « écologie des peuples » de sinistre mémoire. Démonstration doit être faite de l’incompatibilité d’une politique écologique avec les traités de libre-échange et les guerres commerciales, et des dangers des récupérations par l’extrême droite des thématiques qui lui sont liées.

L’essor continu et l’homogénéisation nouvelle du vote d’extrême droite sur tout le territoire confirme la virulence du virus nationaliste et xénophobe. Il prospère à la faveur des chamboulements extraordinaires que le capital, dans sa dynamique néolibérale, impose aux sociétés : chômage de masse, précarité, délocalisation de la production, nouvelles stratégies impérialistes du capital qui ruinent des pays entiers, multiplication phénoménale des marchandises qui enlaidissent nos sociétés et asservissent les peuples par une consommation pulsionnelle tout en menaçant désormais la coexistence de l’Homme avec son environnement naturel. Malgré un rejet majoritaire du capitalisme, l’alternative au système ne parvient pas se frayer son chemin, et l’hypothèse de son dépassement ne semble pas imprimer dans les consciences et encore moins dans les votes.

L’extrême droite s’affirme partout en alternative, non pas au capitalisme, mais à la gestion par les élites libérales du capitalisme mondialisé. Ces dernières ont fait prospérer leur indécente richesse sur des inégalités et une géographie nouvelle qui ôte en permanence aux classes populaires, réduites au rôle de fantassins de la guerre économique, leur pouvoir de décisions, tout en travaillant à leur autonomisation à l’échelle mondiale. Le régime a-démocratique qui est celui des sociétés les plus développées rencontre des résistances qui ne parviennent pas à se traduire en une alternative sociale et solidaire mais qui, au contraire viennent nourrir les passions haineuses et inégalitaires, sans jamais remettre en cause la domination qu’exerce le capital et ses institutions sur nos vies. Incontestablement, l’extrême droite est devenue le réceptacle des souffrances d’une part très importante des milieux populaires qui choisit de s’exprimer par le vote. Ce fait d’une extrême gravité, devrait concentrer l’essentielle de nos analyses et de nos efforts, tant il est porteur de périls et tant il condamne la possibilité d’une alternative majoritaire portée par la défense des intérêts populaires, indispensable à tout processus de transformation sociale démocratique et écologique.

L’extrême droite représente une fraction des classes possédantes qui, à l’image de Mme Le Pen, de MM Bannon, Trump, Salvini, Orban, etc…, déploie une stratégie droitière-populiste qui flatte les instincts nationaux pour prendre les rênes du capitalisme et consacrer les inégalités. Mais l’histoire nous enseigne qu’il n’y a pas d’autre finalité à l’extrême droite que la guerre. Elle menace aujourd’hui d’ailleurs partout et les budgets militaires flambent au rythme de l’intensification des guerres commerciales et douanières, et de l’arrivée des extrême-droites dans les gouvernements. Il y a donc urgence à penser le dépassement de cette période historique (à partir des aspirations populaires à faire du neuf) pleine de menaces et à une prise de conscience générale des travailleurs et des citoyens de ses impasses funestes.

Le travail devant nous est colossal et ne peut s’effectuer qu’à condition que les motifs de divisions n’ensevelissent pas les positions communes. La qualité du débat doit être à la hauteur de notre responsabilité historique. C’est ce à quoi nos journaux l’Humanité et L’Humanité Dimanche doivent s’employer avec toute l’abnégation requise. C’est un service que nous devons à toutes celles et ceux qui sont inquiets et cherchent les voies de l’unité populaire et de l’émancipation humaine. Nous y reviendrons.

Dans ce contexte d’après élections, il y a de quoi être très inquiet par le rouleau compresseur en marche. A peine les urnes rangées que le prix de l’électricité augmente vertigineusement, que les promesses autour de Alstom-General Electric à Belfort ne sont que chiffon de papier, comme ceux de l’après Whirlpool à Amiens ou même d’Ascoval. Dans un autre registre, de nouveaux pas contre la liberté des journalistes à faire leur travail avec la convocation des journalistes du Monde à la DGSI. De ce point de vue, sur chacune de ces questions, les hauts scores de l’extrême droite sont bien utiles au pouvoir macroniste. Nous reviendrons sur chacun de ces enjeux.

jeudi 30 mai 2019

« HONNEUR », L’EDITORIAL DE MAURICE ULRICH DANS L’HUMANITE DE DEMAIN VENDREDI


Finalement, le cargo saoudien Bahri Tabuk a été chargé avec des stations mobiles d’électricité à usage civil. À Marseille, les dockers CGT et plusieurs associations s’étaient opposés auparavant à ce qu’il appareille avec à son bord des armes d’origine canadienne. Il y a une quinzaine de jours, c’étaient les dockers du Havre. C’est leur honneur, dont témoignait le film de Paul Carpita, le Rendez-vous des quais, depuis les guerres coloniales.
Comment cela, des armes ? Des armes pour l’Arabie saoudite, qui mène au Yémen une guerre qui a déjà fait dix mille morts et qui menace d’être la cause, selon l’ONU, de ce qui pourrait être la pire famine de l’histoire ? On se souvient qu’Emmanuel Macron, au Salon du Bourget, l’an passé, avait balayé d’un revers de la main une question sur ce sujet. « Je ne suis pas là pour ça ! », alors même qu’Angela Merkel avait annoncé la fin des ventes d’armes de l’Allemagne au régime obscurantiste et criminel, responsable de l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi. Pendant ce temps, des commerciaux continuaient à vanter l’efficacité des armes françaises avec ce label « Prouvées au combat ». Quels combats ? On parle de chars Leclerc, de l’aviation et des canons Caesar d’une portée de plus de 40 kilomètres. Ça évite de voir les maisons éventrées, les cadavres au sol et les enfants mutilés.
Il y a deux jours, sur France Inter, Jean-Yves Le Drian évoquait une « sale guerre », qui devrait finir. Il oubliait que, lorsqu’il était ministre de la Défense de François Hollande, avant de se rallier à Emmanuel Macron, les ventes d’armes à l’Arabie saoudite se montaient à 19 milliards d’euros. Il se gardait tout autant d’évoquer les rapports des ONG, dont Amnesty International, les fins de non-recevoir opposées aux parlementaires et les poursuites engagées à ce jour contre sept journalistes pour violation du secret-défense. Quelle manipulation quand il s’agit de complicité dans une guerre d’agression. Mais, oui, c’est bien une sale guerre à laquelle participent aujourd’hui Emmanuel Macron et son gouvernement. Elle salit la France.

mardi 28 mai 2019

« DANS SES RÊVES », LE BILLET DE MAURICE ULRICH DANS L’HUMANITE DE DEMAIN MERCREDI


Mais qu’est-il arrivé à Jean-Yves Le Drian ? Le ministre des Affaires étrangères semble s’être souvenu, hier matin sur France Inter, d’une vie antérieure où il avait été socialiste. Je pense, a-t-il expliqué, qu’il y a « une sensibilité de gauche qui ne s’est pas suffisamment exprimée et qu’il y a aujourd’hui beaucoup d’attentes à cet égard ». 

Et donc, « il faut constituer cette sensibilité, faire entendre sa culture, ses intentions, ses propositions dans l’ensemble de la force démocrate en constitution qui soutient Emmanuel ». Car il voit apparaître dans la recomposition du paysage politique, « une espèce de grande force démocrate dans laquelle il y a des sensibilités de gauche, des sensibilités du centre, des sensibilités écologistes et des sensibilités de la droite modérée ». 

C’est sans doute la raison pour laquelle un tiers des électeurs de droite de 2017 se sont reportés dimanche sur la liste Macron. Ne réveillons pas Jean-Yves Le Drian, il pourrait tomber de son nuage. S’il y croit lui-même.


« Gâchis d'Etat », l’éditorial de Jean-Emmanuel Ducoin dans l’Humanité de demain mercredi



La saignée sociale annoncée par General Electric (ex Alstom) contredit la parole d'Emmanuel Macron. Ce gâchis monumental illustre l’absence de stratégie industrielle de l’État et les conséquences dévastatrices qu’entraîne un tel renoncement.

Et pendant ce temps-là, les grandes manœuvres de l’industrie capitaliste se poursuivent, sans susciter le moindre émoi du côté du pouvoir – pourtant impliqué jusqu’au cou. Les dirigeants du géant américain General Electric (GE) ont donc confirmé qu’ils envisageaient la suppression de plus de 1.000 postes en France, essentiellement sur le site emblématique de Belfort, ex-fleuron d’Alstom, une nouvelle fois martyrisé. Cette véritable saignée, qui concerne plus de la moitié des salariés de l’activité gaz, vient contredire la parole d’Emmanuel Macron. Début mai, le président avait assuré dans un courrier aux élus locaux que le dossier GE Belfort faisait l’objet de «la plus grande vigilance de la part de l’État»… Curieux, n’est-ce pas, comme la mémoire chauffe parfois? Car, dans cette histoire tragique, où est passé «l’État actionnaire», celui que, jadis, nous nommions «l’État stratège»?

Emmanuel Macron connaît bien Alstom. Alors ministre de l’Économie, c’est lui qui avait autorisé, en 2014, la vente des activités énergie du groupe français à l’américain General Electric (GE), dossier qu’il avait également suivi à l’Élysée lorsqu’il conseillait François Hollande. Depuis cette cession, l’ancien banquier d’affaires est accusé d’avoir bradé le champion tricolore. Plus grave. À l’époque, GE s’était engagé à créer plus de 1 000 emplois en France… Résultat, ce gâchis monumental illustre l’absence de stratégie industrielle de l’État et les conséquences dévastatrices qu’entraîne un tel renoncement. D’ailleurs, ce qui se trame chez Renault doit également nous alerter. Si l’entreprise automobile fomente un projet de fusion avec Fiat-Chrysler, nous en connaissons désormais les risques: il s’agirait en vérité d’une prise de contrôle par les capitaux italiens, puisque la famille Agnelli et sa holding Exor, propriétaires de Fiat, deviendraient le premier actionnaire, loin devant l’État français, qui perdrait ainsi sa minorité de blocage. Tout est dit. Et on voudrait encore nous convaincre que le «nouveau monde» est synonyme de «nouvelle politique industrielle»?


lundi 27 mai 2019

« LUI ET LE CHAOS », L’EDITORIAL DE MAURICE ULRICH DANS L’HUMANITE DE DEMIAN MARDI


Au gouvernement comme à la République en marche, les éléments de langage, comme on dit, sont distribués et sans doute l’étaient-ils déjà avant dimanche. Circulez, il n’y a rien à voir, il ne s’est rien passé et on continue. On nous assure même que, en réalité, cette seconde place est en fait une victoire venant parachever ou au moins poursuivre l’œuvre de recomposition politique entreprise au moment de l’élection présidentielle.
La sanction est pourtant évidente, voire cinglante. Après deux années de réformes claironnées qui ont été autant de régressions sociales, après tant de discours sur le monde nouveau que nous étions appelés à voir naître sous nos yeux, Emmanuel Macron est loin de retrouver en voix les chiffres du premier tour de la présidentielle. Sans doute la participation est-elle moindre mais, en s’engageant lui-même pleinement dans la campagne, en en faisant une sorte de référendum pour ou contre sa politique et, plus encore peut-être, pour ou contre sa personne, il n’a pas convaincu, il n’a pas rassemblé au-delà de ceux qui se retrouvent désormais dans sa vision idéologique du monde et des premiers de cordée. Car c’est un des premiers éléments d’analyse du scrutin. Alors même qu’il n’obtient que 5 millions de voix, contre plus de 8 millions, c’est avec une perte massive du côté du centre gauche, en partie compensée par un apport important de voix de droite, expliquant du même coup la déconfiture de la liste LR.
Alors, certes, la droite classique est gravement touchée, la gauche, émiettée, ne l’est pas moins et un nouveau paysage politique est devant nous. Il est dévasté. L’affaiblissement de la gauche et de la droite est un danger pour le débat public et démocratique au profit d’un affrontement binaire. Ainsi les citoyens n’auraient plus désormais d’autre choix que de soutenir la politique libérale et de casse des acquis sociaux d’Emmanuel Macron ou celle, tout aussi désastreuse, fondée sur la démagogie et la xénophobie, du Rassemblement national. « Moi ou le chaos », nous disait en quelque sorte Emmanuel Macron. Dans le moment présent, dont on voudrait qu’il ne dure pas, c’est lui et le chaos.

« UN PAYSAGE SINISTRÉ », L’EDITORIAL DE PATRICK APEL-MULLER DANS L’HUMANITE DE DEMAIN LUNDI


Emmanuel Macron avait cru habile de faire du RN son unique contradicteur et le centre de la campagne européenne. Le savant calcul a placé les amis de Marine Le Pen en tête, approchant leur meilleur score. Leurs discours haineux et anti-sociaux vont redoubler et devront être combattus avec fermeté. LaREM ne tire aucun marron de ce feu, le pouvoir ne pouvant se targuer que de l’approbation d’un peu plus d’un cinquième des électeurs. Nos gouvernants voulaient se faire légitimer pour poursuivre les ravages libéraux… c’est raté. Raison de plus, en conclut Emmanuel Macron, pour continuer sur la même voie !
Mais tout le spectre politique est sinistré. Les « Républicains » ne pèsent que 8 % et le total de la gauche est à son plus-bas historique lors des européennes, moins d’un quart des votants. La France insoumise s’affaisse à moins de 7 % ; le PS survit au-dessus de 6 % ; malgré une bonne campagne, la liste communiste n’obtient pas d’élus. Avec autour de 13 %, les Verts tirent leur épingle du jeu.
Le paysage politique est en ruine et son état peut conduire au pire. La hausse de la participation par rapport aux scrutins comparables ne fait pas disparaître l’abstention populaire. Des graines ont été semées, par exemple dans la campagne de Ian Brossat. Mais c’est désormais d’une reconstruction d’ampleur qu’il faut parler. Les réunions de chantier ne devront pas tarder, ni s’attarder à des discussions boutiquières. L’ensemble du champ progressiste, le peuple de gauche, les militants associatifs ou syndicaux, les jeunes, les écologistes conscients que la course au profit empoisonne l’environnement… tous doivent être convoqués. Le temps n’est plus à contempler les cendres mais à souffler sur les brandons. La Fête de l’Humanité sera un premier grand rendez-vous pour ce faire, un creuset des idées et des volontés pour ouvrir un avenir meilleur.

dimanche 26 mai 2019

Déclaration de Ian Brossat


Mesdames, Messieurs,
Je souhaite ce soir remercier très chaleureusement les centaines de milliers d’électrices et les électeurs qui nous ont fait confiance.
C’est une belle campagne qui s’achève, après 12 ans d’absence à une élection nationale. C’est une campagne que nous avons voulue sincère, combative, fidèle aux combats et aux valeurs de la gauche. En dépit de nos efforts, il arrive que la marche soit parfois trop haute pour être franchie du premier coup. Ce soir, nous n’atteignons pas encore nos objectifs.
Première leçon. L’extrême-droite arrive en tête de ce scrutin. Rappelons-nous, il y a encore 10 ans, la liste du Front National ne dépassait pas les 6%. Le score d’aujourd’hui est le résultat d’un pari perdu, un pari forcément perdant et dramatique pour notre pays. Cette stratégie, c’est celle d’Emmanuel Macron, qui impose aux Français ce face-à-face avec Marine Le Pen pour assurer sa survie politique. Non, ce n’est pas un duel comme on cherche à nous le faire croire, c’est un duo : un duo imposé par les deux camps, un duo mortifère pour notre pays et pour la démocratie. A force de jouer avec le feu, Macron s’est brûlé.
Deuxième leçon. La gauche a également sa part de responsabilités. Je prends ma part de responsabilité, il ne s’agit pas de se dédouaner. Ce soir, la gauche est affaiblie, tout est à reconstruire.
J’ai l’intime conviction que l’avenir passe par l’humilité, le travail collectif, le respect mutuel, le refus de la tentation hégémonique. Ecoutons-nous, respectons-nous, travaillons ensemble.
Cette gauche, cette gauche que nous devons reconstruire, que nous allons reconstruire, doit placer au coeur de son projet la justice sociale et l’urgence écologique.
Et soyons clairs: cette reconquête des coeurs et des esprits ne sera possible que dans la rupture avec le libéralisme.

Reconstruire une gauche digne de ce nom en France, c’est à cet objectif que le Parti Communiste doit consacrer tous ses efforts, dans les semaines et dans les mois à venir.

A tous les communistes, à celles et à ceux venus d’autres horizons et qui nous ont rejoint , je voudrais vous témoigner de ma profonde gratitude. 
Être vôtre candidat, vous représenter, fut un honneur et un privilège.
Je voudrais dire à chacune et chacun de nous ce soir : le combat continue — il continue partout, il continue toujours.

Je voudrais remercier chaleureusement Fabien Roussel, secrétaire national du Parti communiste, pour son aide, pour son engagement, pour son énergie. Je voudrais avoir une pensée à destination de ma chère Marie-Hélène Bourlard, lui dire que nous y étions presque et que demain nous y arriverons.

Nous formons une belle et une formidable famille, mes amis, mes chers camarades.
Camarade, c’est un joli nom. 
C’est uni, comme une famille, que je veux vous demander ce soir deux choses. Je vous le demande du fond du cœur.

Ce soir, demain, cette semaine, dans les prochains mois : conservons en nous ce formidable état d’esprit et cette énergie qui fut le nôtre durant cette campagne. Faisons-les vivre ! Conservons-en nous cette joie d’être ensemble, cette envie, ce bonheur de nous être retrouvés.

La deuxième chose que je vous demande et j’en terminerai ainsi : dans cette période politique trouble, n’oublions jamais que nous n’avons aucun adversaire à gauche. Conservons la bienveillance qui fut la nôtre, conservons cette envie sincère de tendre la main, de réussir le rassemblement demain.

Nous avons réalisé une formidable campagne. Ne nous arrêtons pas là !

Je vous remercie.

vendredi 24 mai 2019

« NE VOUS LAISSEZ PAS FAIRE », L’EDITORIAL DE PATRICK APEL-MULLER DANS L’HUMANITE DE CE JOUR !


À nous tous d’écrire un autre scénario que celui signé par les deux faux ennemis.
Ce n’est pas un duel mais un duo, une campagne courte échelle où la saillie de l’auguste réjouit le clown blanc. Emmanuel Macron et Marine Le Pen, par têtes de liste interposées, ont voulu étouffer les élections européennes dans une répétition du second tour de l’élection présidentielle. Mais ici et maintenant, il ne s’agit pas de dresser un barrage ou de déterminer qui franchira le premier la ligne d’arrivée. L’élection se joue en effet à la proportionnelle, même tronquée par le seuil de 5 % imposé par le président.
En réduisant l’enjeu au mal et au pis, l’un et l’autre espèrent décourager l’électorat populaire et marginaliser les alternatives de progrès social. Le piège est là qui figerait les mois qui viennent dans des surenchères libérales et un rejet haineux de l’immigration, en dépit des colères populaires ou des mobilisations sociales.
Le pire n’est pas certain. La mobilisation dans les dernières heures des proches et des collègues peut ouvrir le jeu en ne laissant pas la parole aux plus nantis, à ceux qui votent à tous les coups parce qu’ils ont une conscience aiguë de leurs intérêts et qu’ils ont besoin d’ajouter le pouvoir politique à leur puissance économique. Le calendrier du gouvernemet leur donne toute satifaction avec les lois de destruction de la Fonction publique, des retraites et des services publics. Mais une prise de conscience des enjeux écologiques, des inégalités creusées et de la nature du pouvoir s’est fait jour dans une partie importante de la population. La dynamique de la campagne de Ian Brossat a montré que la gauche peut retrouver des colères. Permettre à sa liste de dépasser 5 % doterait le pays d’élus inflexibles sur les intérêts populaires et serait investir pour des alternatives porteuses de progrès social et écologique, de valeurs de fraternité et de solidarité. L’Europe et la France s’en porteraient mieux.
À nous tous d’écrire un autre scénario que celui signé par les deux faux ennemis.

" Multi-accueil:" Intervention de Brigitte Moranne au Conseil municipal du 22 mai !



INTERVENTION DE BRIGITTE MORANNE AU CONSEIL MUNICIPAL DU 22/05/2019

GROUPE « FRONT DE GAUCHE-ROMAINVILLE-ENSEMBLE »

Modification du règlement de fonctionnement du multi-accueil Maison de l’enfance et du multi-accueil Aubin.

Afin de répondre aux demandes des habitants, les communes sont souvent en première ligne en ce qui concerne l’accueil du jeune enfant.
L’augmentation exponentielle de structures privées atteste de la marchandisation accélérée dans ce secteur, avec un service rendu de moindre qualité et un niveau de qualification des personnels moins élevés.

La priorité doit être donnée au développement des modes d’accueil collectifs municipaux, associatifs et départementaux pour garantir une équité d’accès aux familles.
Nous approuvons donc la modification du règlement de fonctionnement du multi-accueil Aubin et du multi-accueil maison de l’enfance afin d’élargir l’offre d’accueil du jeune enfant.
Cependant, il est regrettable que le taux d’encadrement de l’accueil des enfants de moins de 6 ans date d’après guerre. Il demeure, à raison d’un professionnel pour 5 enfants qui ne marchent pas et d’un pour 8 enfants qui marchent.

De plus, le décret Morano N° 2010-613 du 07 juin 2010 n’a toujours pas été abrogé malgré la mobilisation du collectif « pas de bébés à la consigne ». Ce décret avait assoupli la réglementation et avait révisé à la baisse la proportion de personnels qualifiés. Depuis, le nombre de puéricultrices ou puériculteurs, d’éducatrices ou d’éducateurs, d’infirmières ou infirmiers, de psychomotriciennes ou psychomotriciens et d’auxiliaires en puériculture diplômés sont passés de 50% à 40% des effectifs.
Les personnels qualifiés comme les EJE se retrouvent du coup, la plupart du temps, en direction et non auprès des enfants, ce qui est regrettable pour la mise en œuvre des projets pédagogiques et le développement des enfants.

Dans votre présentation, j’ai bien retrouvé la liste des différents professionnels qui interviennent dans ces 2 structures par contre, je n’ai pas retrouvé les pourcentages en fonction de leurs  diplômes. Je suppose donc que vous appliquez simplement la réglementation.
J’aurai quelques remarques concernant la rédaction du règlement intérieur de ces 2 Structures :-  

Chapitre II (Fermetures exceptionnelles). Un jour de congé ne peut être déduit sur 1 jour de fermeture exceptionnelle sauf si les congés ne sont pas plafonnés ce qui n’est pas précisé.

-Chapitre III (Adaptation)
Aujourd’hui, on ne parle plus d’adaptation mais d’accueil progressif ou de période de familiarisation.

-Chapitre III (Accueil des enfants atteints d’une maladie chronique ou en situation de handicap)
Le PAI n’est pas systématique dans l’accueil d’un enfant porteur de handicap.et pourra être accueilli jusqu’à l’âge de 6 ans -1 jour et non 6 ans.

-Chapitre IV tarification horaire
 La présence dans la famille…..permet d’appliquer le taux d’effort immédiatement inférieur et non le tarif immédiatement inférieur.

-Chapitre IV congés des familles
Y- a-t-il un plafonnement des congés ?

-Chapitre V
En ce qui concerne l’équipe, quel est le taux de diplômés et de non diplômés ?

Il est noté toute l’équipe est tenue au secret médical et à l’obligation de discrétion, en réalité, seuls les personnels de santé sont soumis au secret médical, pour les autres personnels, ils sont soumis à l’obligation de discrétion.

-Chapitre V
Sur l’arrivée et départ des enfants, il est écrit qu’il  est préférable que les enfants arrivent avant 09h, ceci est une remise en cause de la PSU (Prestation de Service Unique) sensée coller aux besoins réels des familles.

-Chapitre V
Dans la participation des parents, à aucun moment, n’est cité le conseil de crèche alors que c’est une obligation depuis le décret du 1er Août 2000.

jeudi 23 mai 2019

Contre le tandem Macron-Le Pen : Ian Brossat ! ‘Patrick Le Hyaric)


Ceux qui, Président de la République en tête, ont placé l’extrême droite sur un piédestal au cours de cette campagne pour l’élection des députés européens porteront une lourde responsabilité devant l’Histoire.
Ce n’est pas l’avenir de la construction européenne qui les préoccupe, mais la mise en place d’une stratégie pour sauver les puissances d’argent et tenter d’enfermer nos concitoyens dans une venimeuse tenaille qui bouchera pour longtemps toute perspective d’amélioration de la vie des gens et de transformation écologique pour sauver l’humanité des périls qui la menacent.
Ceux qui, au lendemain du second tour de l’élection présidentielle, ont théorisé l’effritement de l’extrême droite sont les mêmes qui, depuis, n’ont cessé de lui donner de l’oxygène. Jusqu’à ces derniers mois où le complexe médiatico-politique s’est jeté corps et âme dans une entreprise d’assimilation du mouvement des gilets jaunes à l’extrême droite, comme pour signifier que cette dernière était le vote naturel d’une France en colère, elle qui n’a jamais défendu ni l’augmentation de la rémunération du travail, ni combattu les paradis fiscaux pas plus que le glyphosate, et encore moins soutenu les organisations syndicales .
Et, depuis quelques jours, ceux-là même qui réclament une armée européenne sous commandement de l’OTAN, qui ont approuvé le traité de libre-échange avec le Canada, s’apprêtent à en signer un nouveau avec les USA, qui ont bradé une partie d’Alsthom à General Electric, applaudi à la fusion Bayer-Monsanto, laissé l’Union européenne devenir le terrain de jeu profitable aux multinationales nord-américaines du numérique, courbé l’échine devant l’extra territorialité du droit états-unien, et ne disent mot quand le Président des Etats-Unis se dresse contre la création d’un Etat palestinien, font mine de découvrir que l’envoyé spécial de M. Trump est le conseiller politique des extrêmes-droites en Europe.
Ces dangereuses patte-pelus(1) seraient bien plus crédibles si elles avaient agi pour défendre les intérêts européens, solidarisant les travailleurs et les populations, au lieu d’encourager par tous les moyens la concurrence délétère à l’intérieur comme à l’extérieur de l’Union européenne. Le président de la République serait plus crédible si à la table du Conseil européen il ne signait pas les mêmes texte que MM Salvini et Orban, s’il n’avait pas abandonné les migrants de l’Aquarius à leur sort,  et s’il ne soutenait pas le recul des crédit du Fonds social européen au profit d’un embryon d’armée européenne et d’une police nouvelle chargée de chasser les réfugiés au large de la Méditerranée.
Ce sont ceux qui nient le pluralisme politique dans cette campagne qui ont à la fois affaibli l’idée européenne et fait le lit de l’extrême droite.
Ce sont eux qui ont refusé le verdict du référendum de 2005 et cachent aux yeux des citoyens que le fameux pacte budgétaire qui organise les actuelles politiques d’austérité n’a plus de validité juridique.
Ce sont eux qui ont concocté une mécanique médiatique infernale qui valorise la parole d’extrême droite en minimisant les voix alternatives.
Ce jeu politicien, dont l’objectif est de roder le numéro de duettiste en vue de la prochaine élection présidentielle, n’est pas seulement une impasse. Il porte en lui les germes du renforcement de la guerre économique, l’inquiétant cliquetis des armes et la victoire possible de ceux que l’on prétend combattre, comme déjà chez certains de nos voisins. Cela mérite que chacun regarde de plus près ce qui se jouera dans les urnes dimanche ; regarde de plus près la liste conduite par Ian Brossat pour une Union des peuples libres et solidaires, condition du progrès social, démocratique et écologique sur notre continent. Une liste qui, en dépassant le seuil de 5%, renforcera toute la gauche et qui contribue dès aujourd’hui au bénéfice de tous à lui redonner couleurs et valeurs.
Chacune, chacun peut utiliser ce vote le plus résolument anti-Macron et anti extrême-droite. Les actes du Parti communiste parlent pour lui. Il a été la seule force politique à avoir rejeté tous les traités ultralibéraux, notamment celui de Maastricht.
Un ouvrier qui hésite encore, un employé qui aspire à vivre mieux, un cadre soucieux de l’efficacité sociale et écologique, un paysan qui n’en peut plus de la baisse des prix, un créateur attaché à l’exception culturelle, un militant de la paix, un retraité, un gilet jaune qui s’est mobilisé pour la justice sociale et fiscale et pour que la voix des humbles soit entendue et écoutée, dispose dimanche prochain d’une liste qui lui ressemble et qui  rassemble en son sein des candidates et candidats issus du monde du travail et de la création, celle de Ian Brossat.
Il reste encore quelques heures pour faire exploser le scénario concocté à l’Elysée et au château de Montretout. C’est de notre avenir dont il est gravement question.


mercredi 22 mai 2019

" Européennes, Macron joue gros ", l’éditorial de Jean-Emmanuel Ducoin dans l’Humanité de demain jeudi



A vouloir réduire cette élection européenne à un duel entre lui-même et Marine Le Pen, allant jusqu’à usurper l’expression de «progressiste», le président est en partie responsable de sa situation et assez comptable de l’ampleur de l’abstention qui se profile à l’horizon.

Ainsi, plus d’un Français sur deux qui s’exprimera dans les urnes, dimanche 26 mai, aura pour première motivation de «sanctionner» Emmanuel Macron. Peine perdue: campagne ratée. Non seulement Jupiter n’a rien résolu à l’ambiguïté de ses deux premières années de mandat née d’une «effraction», selon son propre mot, mais sa liste «Renaissance» pour laquelle il s’implique tant est devenue une sorte de chiffon rouge qui pourrait se solder par un «carton rouge». Tout dans la dernière séquence le démontre: à vouloir réduire cette élection européenne à un duel entre lui-même et Marine Le Pen, allant jusqu’à usurper l’expression de «progressiste», le président est en partie responsable de cette situation et assez comptable de l’ampleur de l’abstention qui se profile à l’horizon. À quoi joue-t-il? À utiliser l’idiot utile du système: l’extrême droite. Que joue-t-il? Sans doute le reste de son quinquennat et le peu de légitimité politique encore à son crédit. D’autant que ce scrutin s’avère rarement favorable au pouvoir en place. Une simple vérité s’impose donc: si «sa» candidate, Nathalie Loiseau, n’arrive pas en tête, l’échec rejaillira sur lui. Il en sera personnellement responsable. Son ministre Bruno Le Maire ne l’a pas caché: seule une victoire de la majorité «permettra de redonner un élan à la politique du gouvernement»…

Rappelons que les mesures de Macron pour tenter d’éteindre le feu des gilets jaunes ont été si dérisoires qu’elles n’ont en rien calmé l’hystérisation de la vie politique, due à ce sentiment que le pouvoir n’a pour seul objectif que de décourager le mouvement social. N’oublions donc pas la désillusion du « grand débat » et le risque considérable pris par le président vis-à-vis d’une opinion incandescente. Pas seulement pour lui, mais pour la démocratie, puisqu’une logique mortifère peut toujours jaillir du chaos. Ian Brossat, à la tête d’une vraie liste «carton rouge» à Macron, a bien raison quand il déclare souhaiter que la gauche retrouve vite «le chemin de l’unité et du rassemblement», sur des bases fermes et sociales, pour que «le débat politique ne se limite pas à un affrontement entre les fachos d’un côté, les libéraux d’autre part». Il faudra un peu de temps, c’est certain. Mais cela peut commencer dès ce dimanche.


mardi 21 mai 2019

« VIRAGE REBOND », L’EDITORIAL DE MAURICE ULRICH DANS L’HUMANITE DE DEMAIN MERCREDI


On peut reprendre l’image de cette publicité pour un organisme de crédit où un personnage cherche à toute force à se costumer en vert, comme l’original qu’il veut imiter. Emmanuel Macron entend verdir les derniers jours de la campagne qu’il pilote désormais en personne. L’entretien publié hier par les quotidiens régionaux, dont deux qui ont finalement refusé en raison de l’exigence de relecture de l’Élysée, en fait foi. Le président de la République, feignant d’oublier le camouflet et le désaveu que fut la démission de Nicolas Hulot, ayant balayé d’un revers de main les 2 millions de signatures de la pétition sur le climat, voudrait aujourd’hui apparaître en pointe sur les questions de l’environnement, du réchauffement, de la biodiversité.
Il en va autrement. Il veut marquer l’opinion avec la réunion d’un grand Conseil de l’écologie, comme si nombre de problèmes n’étaient pas déjà posés, comme si nombre de solutions n’étaient pas déjà sur la table, proposées par les citoyens, des élus, des experts. Mais, dans le même temps, il entend réduire les missions et le champ d’action du Conseil national de la protection de la nature, lequel joue un rôle essentiel dans la protection des espaces naturels et de la biodiversité, contre le bétonnage et les intérêts privés. Des centaines de suppressions de postes sont prévues. Le sénateur Fabien Gay (PCF), qui revient de Guyane où il a pu mesurer les dangers du projet Montagne d’or, qui évoque également le projet EuropaCity, contre lequel toutes les formations de gauche manifestaient il y a quelques jours, le souligne dans nos colonnes. Il s’agit d’ouvrir la voie aux appétits financiers. Emmanuel Macron dans ce domaine n’est pas un novice. Il avait commencé par les cars en prélude à ses visées contre la SNCF. La privatisation d’Aéroports de Paris est en suspens mais toujours dans les cartons. Emmanuel Macron, qui est skieur, connaît la technique du virage rebond. Un bref appui dans le vert pour mieux aller à l’opposé. Le problème, c’est que ça se voit.

« ELECTROCUTION », LE BILLET DE MAURICE ULRICH DANS L’HUMANITE DE DEMAIN MERCREDI


Pascal Canfin, le numéro deux de la liste d’Emmanuel Macron, pardon, de Nathalie Loiseau, se plaignait dimanche du fait que « certains candidats peuvent dire n’importe quoi dans un débat ». C’est au point que la République en marche a adressé lundi à BFM, LCI et France 2 un courrier leur demandant de mettre en place « un dispositif anti-fake news en direct ».

Mme Loiseau, qui ne trouvait pas les mots en français, a elle-même demandé « un fact checking pendant les débats ». Mais comment ? Les chaînes concernées ont déjà répondu que des journalistes en régie en étaient chargés, prêts à alerter leurs collègues en plateau dans leurs oreillettes. Mais qui va vérifier que les journalistes ne sont pas eux-mêmes victimes ou propagateurs de fake news, voire d’idées préconçues ou même partisanes. Il faut aller plus loin.

Mettre en place peut-être une sorte d’algorithme ou un truc pointu comme ça avec un dispositif, casque ou fauteuil, envoyant une décharge électrique à qui s’écartera de la vérité vraie. Mais qui dit qu’à LaREM on ne risquera pas l’électrocution ?


LETTRE OUVERTE D’ODETTE NILES À DANIEL RIOLO



Mardi, 21 Mai 2019

Monsieur,

À bientôt 96 ans, j'écoute encore la radio, c'est un compagnon fidèle de mes journées. Ces jours-ci, je l’écoute d’autant plus qu’elle me permet de suivre les émissions de mon candidat, le candidat du Parti communiste, mon cher Ian Brossat.

Je vous écoutais donc ce matin, je ne connaissais pas vos opinions, j’ignorais jusqu’à votre nom. Et je vous ai entendu parler de la résistance. En vous entendant rire, ce matin, j’ai eu un haut le cœur. Comment avons-nous pu en arriver à cela aujourd’hui, comment certains peuvent-ils parler d'un temps qu'ils n'ont pas vécu avec autant de mépris ou de raccourcis ?

Il y a quelques mois encore, je me rendais dans les écoles pour que vive la mémoire de la résistance, pour que les générations qui nous survivront ne puissent jamais oublier l’histoire.

En vous écoutant tout à l'heure, je me suis dit combien j’aurais aimé pouvoir vous rencontrer, vous rencontrer enfant, vous rencontrer dans votre école pour partager avec vous ce que fut la réalité.

J’aurais aimé pouvoir vous parler de ces femmes et de ces hommes communistes que j'ai rencontrés, que j’ai aimés, qui ont donné leur jeunesse ou pour certains, versé leur sang pour notre pays. J’aurais aimé pouvoir vous dire ce qu’était leur vie, leur joie, leur espoir. Parmi eux, il y avait un être qui me fut cher : Guy Môquet. Le connaissez-vous seulement ?

Mes jambes me manquent aujourd’hui pour aller d’école en école, il ne me reste plus que l’écrit et mes souvenirs encore clairs de cette période de ma jeunesse.

Jusqu’à mon dernier souffle, j’aurais à cœur de me battre pour que notre mémoire vive et qu’elle ne soit ni trahie ni salie.

C’est l’inculture qui conduit à l’ignorance, l’ignorance qui conduit à l’oubli. Le négationnisme commence toujours ainsi : par un rire, par une moquerie. On explique alors qu’il ne s’agit que d’un détail de l’histoire.

Je ne peux plus me déplacer mais je peux encore témoigner et donc vous rencontrer : si vous l'acceptiez, je vous invite à venir chez moi afin que nous puissions échanger et parler et que je puisse vous dire les yeux dans les yeux ce que furent ma vie et mes engagements. Guy Môquet, à 17 ans, a su écrire, "vous qui restez soignez dignes de nous les 27 qui allons mourir", je serai toujours digne et je vous enjoins de respecter cette dignité de ce jeune qui nous laisse un message porteur pour l'avenir et non un message de peur face à la mort. Auriez-vous eu cette dignité à 17 ans ? L'histoire avant d'être écrite, doit être vécue !

lundi 20 mai 2019

« ANTISYSTEME », LE BILLET DE MAURICE ULRICH DANS L’HUMANITE DE DEMAIN MARDI


Elle n’a besoin de personne, même pas de Steve Bannon. Elle ne connaît plus personne et a déjà oublié l’ex-vice-chancelier autrichien Heinz-Christian Strache, qu’elle embrassait il y a peu. Marine Le Pen perd la mémoire, ou elle a une tête de linotte.

Steve Bannon « est à Paris pour des affaires. Ça n’a strictement rien à voir avec la campagne », quand bien même, dit-elle, « c’est un conseiller politique qui est remarquablement intéressant ». Certes. Un homme qui s’est affirmé comme l’un des idéologues les plus influents de l’extrême droite américaine et des Tea Parties, favorable aux thèses de la supériorité blanche, ex-stratège de Trump, ne peut pas être totalement mauvais pour la présidente du Rassemblement national, qu’il considère comme une « héroïne du temps présent ».

D’ailleurs il est antisystème et « du côté du petit peuple », dit-il. La preuve, cet ancien banquier d’affaires de la banque géante Goldman Sachs n’occupe à Paris qu’une modeste suite du palace Bristol à 8 000 euros la nuit. On a des habitudes.

« ANCRAGE », L’EDITORIAL DE MAURICE ULRICH DANS L’HUMANITE DE DEMAIN MARDI


La gauche en serait-elle, dimanche prochain, à jouer sa survie, comme le titrait hier le quotidien Libération ? C’est une manière de voir, mais est-ce bien de cela qu’il s’agit ? On ne peut en douter, les jours qui viennent vont voir orchestré encore l’effet bulldozer de ce qui nous est présenté et voulu par leurs protagonistes comme un duel Macron-Le Pen, occultant tout véritable débat politique au profit de cette fausse opposition.
Fausse opposition. Qui peut croire que les votes d’extrême droite, en France comme en Europe, et quelles que soient les différences entre les formations qui s’y rattachent, pourraient, si peu que ce soit, être porteurs de progrès social ? Toutes ces forces ne se réclament que de l’exclusion et de la haine, de l’inégalité entre les hommes. On parle de populisme, mais le populisme, ce n’est pas, servir les peuples, c’est les diviser et les laisser désarmés face aux politiques économiques du capital. Fausse opposition car la réalité, c’est qu’Emmanuel Macron en a besoin pour maintenir son cap, poursuivre sa politique abusivement qualifiée de progressiste quand elle est faite de régression sociale, de divisions entre inclus et exclus, entre Gaulois réfractaires et modernes, entre fainéants et entrepreneurs d’eux-mêmes.
En France, comme en Europe, il n’y a que la gauche pour s’opposer à ce faux duel, qui ressemble au numéro, dans les séries télévisées, du bon et du mauvais flic. On dit bien la gauche dans sa diversité et ses différences. Il est vrai que, d’une certaine manière, ses têtes de liste si l’on peut dire, n’impriment pas, à l’exception de Ian Brossat, dont les sondeurs, comme nombre de commentateurs, notent qu’il surprend dans cette campagne. De ce point de vue, par sa composition, la diversité de ceux qui la soutiennent et sa clarté, la liste qu’il conduit peut constituer un vrai point d’ancrage. D’abord pour un vote clair dimanche, ensuite pour les rassemblements qui seront nécessaires. Il ne s’agit pas de survie en soi et pour soi mais de savoir si la France et l’Europe sont vouées aux régressions sociales et morales.


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