AMÉRIQUE LATINE. CES FAUCONS QUI PLANENT SUR LE VENEZUELA (CATHY DOS SANTOS)
Après l’échec de
l’opération humanitaire et du recours à la force au Conseil de sécurité,
Washington, le grand argentier d’une intervention, ne désarme pas.
Dans la famille des va-t-en-guerre, John Bolton occupe une place de choix.
Le conseiller à la sécurité nationale du président des États-Unis est le grand
artisan des dernières sanctions économiques de 7 milliards de dollars contre
Caracas dont on voit mal en quoi elles contribueraient à soulager la
« crise humanitaire », ou encore à résorber la terrible crise
économique qui sévit au Venezuela. Cette asphyxie cherche avant tout à nourrir
un mécontentement populaire contre le gouvernement de Nicolas Maduro, et priver
ce dernier de ressources financières à même de pallier les carences
structurelles. Ce partisan de la ligne dure affiche les desseins du Bureau
ovale. « Dans cette administration, nous n’avons pas peur d’utiliser les
mots “doctrine Monroe” », a confirmé dimanche, sur la chaîne CNN, John
Bolton, osant même préciser qu’« avoir un hémisphère complètement
démocratique » a été « l’objectif de tous les présidents des
États-Unis depuis Ronald Reagan ».
L’expression « l’Amérique aux Américains » pourrait résumer cette
doctrine de 1823 qui, dans le cadre d’une répartition du monde, a conduit
Washington à considérer le sous-continent comme sien, n’hésitant pas pour cela
à intervenir militairement dès lors que la première puissance mondiale
considérait ses intérêts politiques et financiers en danger. Quant à la
conception de la démocratie de l’administration américaine, elle se mesure au
nombre de ses implications dans tous les coups d’État, sales guerres et autres
dictatures qui ont ensanglanté l’hémisphère Sud.
« Je voudrais voir une coalition aussi large que possible pour changer
Maduro et l’ensemble de son régime corrompu », a encore répété John
Bolton. Après l’échec de l’opération humanitaire à laquelle le Comité
international de la Croix-Rouge n’a pas participé, refusant de servir de
caution à une ingérence, mais surtout après le refus du Conseil de sécurité
d’autoriser une intervention militaire au Venezuela, le bras de fer se poursuit
avec le retour de Juan Guaido à Caracas.
Bras de fer autour du
retour de Juan Guaido à Caracas
L’autoproclamé président du Venezuela, pourtant interdit de sortie de
territoire par le tribunal suprême de justice, a quitté clandestinement le
pays, il y a plus d’une semaine, pour superviser l’entrée de la prétendue aide
humanitaire massée à la frontière colombienne. Depuis, à bord d’un avion
affrété par Bogota, le président de l’Assemblée nationale a paradé, lors d’une
tournée latino-américaine auprès de gouvernements de droite, au mépris des
autorités vénézuéliennes, les seules à être reconnues par les Nations unies et
plus de 140 pays.
Juan Guaido avait appelé ses soutiens à manifester hier dans les rues de la
capitale, non sans mettre en garde l’exécutif chaviste : « Essayer de
m’enlever serait sans aucun doute une des dernières erreurs qu’il
commettrait », a – t – il persiflé sur Twitter. John Bolton s’est lui
aussi fait menaçant : « Tout acte contre son retour recevra une
réponse forte et significative des États-Unis et de la communauté
internationale », a – t – il été averti, convaincu que Washington est le
garant du droit vénézuélien.
Cathy Dos Santos
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