LE BLOG DES COMMUNISTES DE ROMAINVILLE

vendredi 29 novembre 2019

Nouvelle Commission Européenne : petits arrangements entre amis libéraux



La nouvelle Commission Européenne vient d’être officiellement élue hier à Strasbourg par une majorité de députés de droite, libéraux (macronistes) et socialistes. Alors que partout en Europe les peuples se mobilisent pour la justice sociale et climatique, pour la démocratie et contre la corruption, aucun sursaut démocratique ne transparaît dans la composition de la commission européenne.

La connivence entre les commissaires et les multinationales n’est pas nouvelle, mais la nouvelle Commission s’annonce être encore plus liée aux bourgeoisies européennes. La présidente de la Commission elle-même, la conservatrice allemande Ursula von der Leyen, a été l’objet d’une enquête dans son propre pays pour corruption et gaspillage d’argent public. Quant au commissaire français au Marché intérieur, Programme spatial et Industrie militaire, Thierry Breton, il possédait jusqu’à il y a quelques semaines 45 millions euros d’actions dans l’informatique, la défense et la sécurité. Au total, un tiers des nouveaux commissaires ont des liens directs avec le monde de la finance.

Sur le fond, la feuille de route reste la même. La volonté affichée d’un « modèle d'économie sociale de marché à la hauteur des nouvelles ambitions d'aujourd'hui » masque mal la vieille recette : toujours plus de mise en concurrence pour les peuples, toujours plus de privilèges pour quelques-uns.

Le PCF dénonce ces « petits arrangements », entre amis, libéraux, conservateurs et socialistes qui ont permis la validation de la Commission Européenne et les liens structurels de celle-ci avec les lobbys et la finance.
Face à l’Europe de l’argent, il est plus que jamais temps de construire une alternative permettant la construction d’un espace de coopération et de développement mutuel entre les peuples et les nations libres, souveraines et associées. Les Français et les Européens pourront compter sur l’engagement permanent des communistes et de leurs alliés de gauche dans ce chemin.

« À plein », l’éditorial de Maurice Ulrich dans l’Humanité de ce jour !

Le black Friday, bientôt l’événement le plus important depuis la fondation de Rome et les premiers pas de Neil Amstrong sur la lune. Noël sera bientôt ringard, l’enfant Jésus se la jouera tout seul dans sa crèche et la messe de minuit chantera les louanges d’Amazone. Hosanna sur le Web. Il n’est même plus besoin de prétexte, de sapin, de réunion de famille. Les dindes, c’est nous. La fête c’est le prix, J’achète donc je suis.

Ce vendredi noir, certains disent le vendredi fou, est, on le sait bien, un jour de grande arnaque venu des Etats-Unis. Il ne suffit plus des fausses soldes à répétition, des fausses opérations réservées à des clients faussement privilégiés. Il faut du volume, du chiffre, il faut que la machine à gaver les actionnaires tourne à plein, comme les salariés invités à se soumettre ou à se démettre doivent être à 120 pour cent. Ils font partie des dommages collatéraux de la guerre commerciale. Horaires, productivité. Pression maximale et répression à la clé. On licencie aussi vite qu’on vend.

On voit bien le piège. La grande distribution, les mastodontes du Web ne feraient que répondre aux attentes des consommateurs. On voit venir ensuite les professeurs de morale. Allons donc, à chacun d’être responsable, de modifier ses comportements disent celles et ceux dont la grande vertu n’a d’égale que leur pouvoir d’achat. C’est la grande foire aux hypocrites. Que le doigt qui montre le consommateur ignore la main invisible qui organise le marché et désorganise le travail. La vérité du Black Friday, c’est la dérégulation de l’économie et de la protection sociale. C’est la dérégulation de l’espace urbain et de la vie en commun. 2,5 million de colis livrés par jour dans Paris, dix fois plus qu’en temps normal, trafic aérien, émissions polluantes en hausse. C’est le marché libre des salariés et des micro-entrepreneurs. Quand un livreur tombe, au figuré comme au propre, un autre prend sa place. Le veau d’or, lui, est debout.

jeudi 28 novembre 2019

Déclaration des comités de défense des hôpitaux d'Aulnay et de Montreuil !



IL Y A 60 ANS, GÉRARD PHILIPE



Il y a 60 ans, le 25 novembre 1959, Gérard Philipe, un grand acteur nous quittait.

Au cinéma, de Fanfan la Tulipe à Julien Sorel, il avait apporté sa jeunesse et son talent.

Au théâtre, il avait accompagné Jean Vilar dans cette belle aventure qui se résumait en 3 lettres T N P, le Théâtre National Populaire, depuis le festival d’Avignon jusqu’au Palais de Chaillot, ses interprétations du Cid ou du Prince de Hambourg…avaient enthousiasmé les nouveaux publics de banlieue, de Montreuil à Suresnes.
Président du syndicat des acteurs, il sut défendre les artistes, ses compagnons.

Je me souviens de l’hommage que lui rendit, un soir de décembre 59, Jean Vilar devant l’immense public silencieux du Palais de Chaillot : « La mort a frappé haut, elle a fauché celui-là même qui, pour nos enfants, pour nous-mêmes exprimait la jeunesse et reste à jamais gravé dans notre mémoire…Il reste un des plus purs visages de notre profession… »

Guy AUZOLLES

« La conjugaison de la brutalité et de l’injustice », l’éditorial de Patrick Apel-Muller dans l’Humanité de ce jour !



Les enseignants savent à quoi s’en tenir. La Réforme Macron serait un véritable massacre pour leurs retraites, avec une perte de 300 à 900 euros par mois, de quoi faire basculer dans la pauvreté des centaines de milliers de pédagogues déjà mal payés et mal traités par leur ministre. On peut d’ailleurs s’étonner que les « grandes médias n’en fassent pas plus cas. En effet, leur situation est un véritable révélateur de l’objectif du système à points vanté par Jean-Paul Delevoye at du sort qui attend la grande majorité des salariés.

« Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés », écrivait La Fontaine. Les fonctionnaires territoriaux, les cheminots, les hospitaliers, les travailleurs du privé aux carrières hachées, les femmes qui ont dû recourir à des congés pour élever leurs enfants ou à des temps partiels, les précaires, les chômeurs…Sauf à travailler jusqu’au trépas, 80% des salariés verraient l’horizon de leur retraite repoussé et assombri.

Les tontons flingueurs du gouvernement peuvent bien multiplier les sorties brutales, les mensonges avérés ou les déclarations évasives, l’opinion publique est en train de mesurer ce qui se trame derrière les simulacres de concertation : une injustice de très grande ampleur. Loin de réparer les accrocs causés par les réformes successives à notre système de répartition, la réforme Macron menace son existence et prépare le terrain aux appétits du privé sur le magot constitué par nos cotisations.

L’Élysée s’efforce d’ailleurs d’étouffer le débat sur une réforme alternative qui améliorerait le financement du système et le sort des retraités en faisant cotiser les gigantesques profits financiers qui ne versent pas un centime alors qu’ils prélèvent une lourde dîme sur le travail. « Selon que vous serez puissant ou misérable… », concluait La Fontaine. Mais au Palais, on s’inquiète vivement que « les jugements de cour » ne puissent s’imposer si grèves et manifestations se conjuguent pour les refuser, le 5 décembre et après.

« Retraites Macron : Le grand plongeon qu’il vous cache », un article de Sébastien Crépel dans l'Humanité-Dimanche !


À la question de savoir quel sera le montant des pensions dans le futur système, le gouvernement ne répond toujours pas et renvoie les précisions concrètes à plus tard… Car le cœur du projet est bel et bien de faire chuter les retraites. Explications à découvrir dans l'Humanité Dimanche dès le 28 novembre
Plus d’un an de « concertation » sociale, un volumineux rapport rendu cet été par le haut-commissaire chargé de la réforme des retraites, Jean-Paul Delevoye… Et toujours aucune réponse officielle à la question que chacun se pose : avec quelle pension puis-je espérer partir à la retraite ?


C’est pourtant le cœur du sujet. Quand le gouvernement promet un système universel à points « plus simple, plus juste, pour tous », où « un euro cotisé donnera les mêmes droits », chacun a le droit de savoir ce que cela donnerait « en vrai ». C’est le service minimal à fournir, alors que toutes les règles actuelles – définition du « taux plein », salaire de référence, cumul des retraites de base et complémentaire… – doivent être remplacées par de nouvelles règles inconnues comme la « valeur du point », son « taux de rendement », ou bien redéfinies : durée de cotisation, décote-surcote autour de l’âge de départ ou « âge pivot »… Le problème s’aggrave si l’on tient compte du fait que ces règles seront changeantes tout au long de la carrière, comme la valeur du point ou l’âge pivot. Impossible alors pour chacun d’estimer à l’avance le montant de sa retraite ou son âge de départ.


Comme seule réponse, le gouvernement se contente de demander de le croire sur parole sur l’air de « les retraites ne baisseront pas », et de renvoyer les précisions concrètes à plus tard. En fait, ces manœuvres cachent mal le cœur du projet de retraite universelle voulue par Emmanuel Macron : la baisse des pensions, inscrite au cœur de la « règle d’or » budgétaire qu’il entend imposer au système (interdiction du déséquilibre budgétaire) et du plafond de dépenses des retraites à 14 % du produit intérieur brut (son niveau actuel), alors que la part des retraités est amenée à croître dans la population par rapport aux actifs (29 % de plus de 65 ans en 2070, contre 20 % aujourd’hui, soit 9 millions de plus). Conséquence imparable : chaque retraité percevra une moindre part de la richesse produite qu’aujourd’hui, ce qui signifie une chute du « taux de remplacement », c’est-à-dire du montant de la pension par rapport au dernier salaire perçu.



Chacun peut déjà se faire une idée en testant sa propre carrière sur le calculateur en ligne de la CGT (retraites.cgt.fr/), qui intègre les paramètres connus du rapport Delevoye, ou, si l’on est enseignant, celui de la FSU (etmaretraite.fr/). La baisse peut alors atteindre les 15, 20 ou 25 %, voire plus… Autant de raisons de se retrouver toutes et tous sur le pavé, le 5 décembre.

mercredi 27 novembre 2019

Propositions du PCF pour une réforme des retraites digne du 21e siècle


La réforme proposée par le gouvernement est certainement la pire de ces 30 dernières années. Tout le monde serait perdant : tous les secteurs d’activités, du privé comme du public, les ouvriers comme les cadres, les femmes, les précaires, les jeunes, les salariés affiliés au régime général comme ceux dépendant de régimes spéciaux et les non-salariés.
Un objectif : satisfaire l’avidité du grand capital financier en bloquant les ressources affectées aux retraites publiques par répartition à 14 % du PIB alors que les besoins de financement, liés à l’allongement de la durée de la vie et à l’augmentation du nombre de retraités, sont croissants.


Le grand enjeu de cette réforme est donc la mobilisation des ressources, des richesses, et de l’inventivité du corps social pour répondre à cet immense progrès de civilisation qui est l’allongement de la durée de la vie et donc de dégager les moyens financiers pour ce grand défi. Nous voulons nous adresser à la jeunesse et construire avec elle un système solidaire par répartition digne de ce siècle.
Le financement est le cœur de la réforme des retraites. Une réforme de progrès de la retraite pose trois questions.

La première : Le partage des richesses, comment nous produisons les richesses, et comment nous les partageons et les utilisons pour satisfaire les besoins de la population ?

La deuxième : Les entreprises, comment les responsabiliser pour qu’elles développent l’emploi et les salaires et non l’inverse ?

La troisième : Comment l’allongement de la durée de la vie devient un apport à la société au lieu d’être vu comme un coût ?
Mais le président Macron est décidément beaucoup plus à l’écoute des compagnies d’assurance et des fonds de pension qu’à l’écoute des citoyen·ne·s.

Macron-Delevoye et Édouard Philippe sont tous d’accord sur une chose : il faudrait travailler plus. C’est une véritable tartufferie pour ne pas parler des richesses à créer et à partager, tartufferie alors que le chômage est massif, et le nombre des contrats précaires aussi.

Transparence ? La réforme Macron c’est ignorer ce qu’on touchera tout en sachant bien ce qu’on paie. Car la clé de voûte du système, c’est qu’un comité technocratique pourra changer chaque année la valeur du point.

Égalité ? Oui, tous égaux pour toucher moins. Le plus grand nombre touchera une retraite bien plus faible, même si le minimum retraite sera peut-être rehaussé pour les plus pauvres.

Universalité ? La réforme va inciter à multiplier des régimes spéciaux, par capitalisation, par entreprise ou par branche, générant des inégalités renforcées, des complications, contrairement à l’objectif prétendu de simplification.

Le système présenté aurait comme conséquence un effondrement généralisé du niveau des pensions (sauf pour les très pauvres), comme cela s’est produit dans d’autres pays, notamment en Suède. Il réintroduirait l’incertitude du lendemain et l’insécurité sociale puisque le montant des pensions pourrait diminuer d’une année sur l’autre, qu’elles aient été liquidées avant ou après la réforme.

Sans compter la remise en cause des pensions de réversions, alors que 90 % de celles-ci sont perrçues par des veuves ayant déjà de petites pensions, ce qui aboutirait à discriminer les femmes en rendant leurs conditions de vie encore plus précaire.

« A quel âge pourrai-je partir ? Avec combien ? »

À ces deux questions, le Président de la République répond : vous allez devoir travailler plus longtemps, pour moins de pension ... alors qu’en plus le chômage et la précarité sont massifs. Il s’agit donc d’une machine à remonter le temps, avant 1945, avant Croizat, d’une machine à faire repasser les générations futures sous le seuil de pauvreté après une vie de travail.

Pourtant, vivre plus longuement est une chance pour chacune et chacun d’entre nous, pour la société toute entière.
Nous voulons nous adresser à la jeunesse qui est la première concernée. Nous voulons lui dire : oui, une retraite garantie, c’est possible ! Oui, une vie digne de bonheur après une vie de travail, c’est possible !

Tous ces hommes et ces femmes qui prennent leur retraite après une vie au travail ont encore de belles années à vivre. Il nous revient donc de relever ce défi et d’imaginer la société qui nous permettra de profiter pleinement de toutes ces années et en bonne santé. Nous voulons favoriser un rôle actif des retraité·e·s dans les solidarités (auprès des enfants, des jeunes en formation ou des jeunes précaires) et encourager un nouvel accomplissement personnel avec le développement de services publics à la personne plutôt que d’imaginer une « silver economy » et la marchandisation des services aux aînés.

Nous proposons les lignes directrices d’une réforme progressiste des retraites pour relever ce défi de société, un choix de civilisation, pour faire vivre les valeurs de solidarité entre les générations et de progrès social pour toutes et tous.

À l’opposé du projet Macron/Delevoye, nous proposons un système de retraites « à prestations définies », s’engageant sur un niveau de pension connu dès le début de carrière, à un âge de départ déterminé et garantissant la solidarité dans toute la société.
Un système de retraite unifié, en progrès sur l’actuel et plus juste.
Pour un système des retraites du 21e XXIe siècle, nous proposons une retraite dès 60 ans avec un nouveau socle de droits pour toutes et pour tous.

Cette réforme a l’ambition de porter un progrès social et démocratique, tenant compte de la société d’aujourd’hui comme des changements opérés dans les besoins des retraités comme des actifs. Il doit s’attaquer aux principaux obstacles : la financiarisation de l’économie, la délocalisation de l’emploi et une production non écologique.


Des droits nouveaux

La mise en œuvre d’une réforme basée sur la sécurisation de l’emploi et de la formation avec prise en charge des périodes de précarité, chômage, études… permettrait à Chacune et chacun doit pouvoir faire valoir ses droits à une retraite à taux plein à 60 ans, avec un revenu de remplacement net équivalent à 75 % du revenu net d’activité (primes incluses), calculé sur la base des dix meilleures années primes comprises, et indexé sur les salaires.

Pour une vie digne, aucune pension ne doit être inférieure au SMIC. Nous proposons d’ouvrir ce droit sans autre condition que d’avoir une carrière complète (hors pénibilité et carrière longues), qui sera reconnue comme telle dès lors qu’elle ne comporte, entre la fin du lycée, du secondaire et l’âge de 60 ans, que des périodes d’activité, de formation initiale ou continue, de chômage ou d’implications familiales.

e système prendrait en compte la pénibilité au travail et les sujétions de service public avec alors des départs anticipés dès 55 ans. Le système serait intégralement financé par la cotisation sociale, piloté et administré par des représentant-e-s élu-e-s des travailleurs. Le système offrirait aussi une réelle liberté pour celles et ceux qui voudraient partir plus tôt ou plus tard.


Comment s’y prendre ? Le PCF propose :

Une réforme progressiste des retraites c’est possible si nous nous engageons pour la mise à contribution des revenus du capital (1), pour l’augmentation des salaires et la modulation des cotisations (2), l’emploi (3) et pour l’égalité salariale femme-homme (4).
Agir résolument sur ces quatre leviers, c’est créer les conditions d’une nouvelle innovation sociale et démocratique pour les retraites.
Deux leviers concernent directement notre proposition de réforme du système de retraites, les deux autres concernent le besoin de changer l’ensemble de la politique économique de ce pays.

1. La fin des régimes spéciaux ... pour les revenus du capital.
Alors que les revenus du travail sont mis à contribution, il doit en être de même pour les revenus du capital qui bénéficient d’un régime spécial auquel il faut mettre un terme. D’après l’INSEE, en 2018, les revenus financiers perçus par les entreprises et les banques se sont élevés à 298,8 milliards d’euros ! Alors que les salaires et pensions sont soumis à la CSG, à la CRDS, à la CASA, à l’impôt sur le revenu.
Nous proposons que les revenus financiers soient assujettis aux même taux que les salaires. Le taux de cotisation employeur étant de 10,45 %, ce prélèvement pourrait rapporter, dans un premier temps, 31 milliards d’euros à la branche vieillesse de la Sécurité sociale. Son produit serait appelé à diminuer avec le temps puisqu’il viserait avant tout à dissuader les entreprises de placer leurs profits sur les marchés financiers, et à les pousser à les investir pour créer des emplois et pour former les salariés.

2. Moduler le taux de cotisation sociale pour augmenter la masse salariale et contrer les suppressions d’emploi, soutenir les investissements en faveur de la relocalisation et pour l’environnement.
Le taux de cotisation dite « patronale » serait alourdi pour les entreprises qui délocalisent ou précarisent l’emploi, rationnent les salaires et les dépenses de formation. À l’inverse, les entreprises qui fondent leur efficacité sur l’embauche et la formation de salarié·e·s qualifié·e·s, tiennent leurs objectifs écologiques et de parité salariale seraient encouragées, avec une progression moindre de leur taux, mais sur une assiette en croissance. Cette modulation apporterait 70 à 90 milliards supplémentaires au bout de 5 ans.
Il faut ainsi changer les critères qui président aux choix de production, d’investissement, d’embauches, de formation, de recherche, de financement de l’économie. La même logique inspire notre proposition d’une modulation de l’impôt sur les sociétés en fonction des mêmes critères.
Dans cet esprit, les exonérations de cotisations appliquées actuellement (CICE, exonération Fillon) seront annulées et mises au service de cette nouvelle politique en faveur de l’emploi, de la formation, de la révolution écologique.
Plus fondamentalement, l’augmentation des salaires est indispensable pour vivre dignement. Nous demandons une hausse de 20 % du salaire minimum et une conférence nationale des salaires pour permettre une hausse générale des salaires, dans le privé comme dans le public.
Plus généralement, il faut aussi changer la politique économique.

3. L’emploi
Le pouvoir s’attaque aux chômeurs et non au chômage de masse. Au contraire, la création d’emplois augmenterait les richesses créées et les possibilités immédiates de financement des retraites.
La révolution écologique, la relocalisation de l’industrie, le développement de service public sur tout le territoire permettent d’envisager la création au minimum de 3 millions d’emplois supplémentaires, en 5 ans, soit 10 % de la population active. Et des emplois bien formés et bien qualifiés !
C’est autant de salarié·e·s qui créent des richesses et cotisent à notre système de protection sociale. Trois millions de personnes c’est plus de 100 Md€ de salaires bruts, soit environ 30 Md€ de cotisations sociales supplémentaires, sans compter les économies sur les allocations chômage et minima sociaux. Cet objectif de création d’emplois est atteignable en développant la formation initiale et continue, en reconnaissant mieux les qualifications, en développant les investissements grâce à des taux bancaires que nous voulons très bas et donc en s’opposant au dogme de la rentabilité financière comme guide des décisions des entreprises et des banques.

4. Tout aussi nécessaire, mais révolutionnaire, l’égalité salariale femmes-hommes apporterait aujourd’hui plus de 6 milliards d’euros supplémentaires pour le financement des retraites. Après 13 lois en 40 ans, les femmes gagnent toujours moins que les hommes, à travail de valeur égale. Nous nous fixons d’aboutir à une égalité réelle en deux ans, avec une loi contraignante.


Vers un régime unifié

Quant à l’aspiration très majoritaire à une simplification de l’architecture du système des retraites, attendue par plus de 85 % de la population, elle pourra être obtenue en mettant en place un régime unifié, pour faire converger vers le haut les droits à la retraite de l’ensemble de la population et garantir au minimum 75 % du meilleur revenu d’activité dès 60 ans, tout en prenant en compte les spécificités professionnelles, en particulier en matière de service, de missions de service public, de travail posté et de pénibilité. Cette première étape ouvrirait à la voie à une unification de l’ensemble des régimes de retraites.


Une gestion par les intéressé·e·s

Cette question essentielle concerne l’ensemble de la protection sociale (retraites, maladie, accidents du travail, allocations familiales).
C’est aux assuré-e-s eux-mêmes, donc en premier lieu aux salarié-e-s, d’assurer la responsabilité de la gestion. N’oublions pas en effet que ce sont elles et eux qui créent les richesses sur lesquelles est fondé le système. L’ensemble des cotisations, y compris la part patronale, est le fruit de leur travail.
La composition des Conseils d’administration des Caisses de retraite devrait donc être revue dans ce sens.
Il faut dans ce sens rétablir les élections aux Caisses de Sécurité sociale et créer les conditions de la participation des travailleuses et travailleurs à celles-ci.

Ces mesures ont pour objet de venir appuyer les luttes sociales pour imposer une création de richesses plus dynamique et plus efficace.
À l’horizon de cinq ans, cette nouvelle logique économique viserait à augmenter de 10 points la part de la valeur ajoutée disponible pour les salaires, la Sécurité sociale et les services publics, en faisant reculer d’autant la part des profits.
Ces mesures permettraient de dégager, au bout de 5 ans, 70 à 90 milliards d’euros annuels pour le financement des retraites, augmentant ainsi de 10 points la part des richesses consacrées à la séécuuriité sociale, aux salaires et aux retraites, aux services publics.
Relancer l’emploi, soutenir les investissements d’une révolution industrielle et écologique nécessite de revoir le rôle des banques dans le financement de l’économie.

C’est pourquoi nous demandons une nouvelle politique du crédit bancaire pour faire baisser l’influence des marchés financiers et faire diminuer le coût du capital qu’elle fait peser sur les entreprises. Nous encouragerons ainsi le financement de projets répondant à des critères précis en matière économique, sociale et écologique.
Une réforme progressiste des retraites est donc possible si elle met en cause la domination du capital sur les choix d’embauche, d’investissement, de formation, de recherche, de financement des entreprises et au coût qu’elle fait peser sur la société. Il faut une « part du gâteau » plus grande pour les retraites. Et il faut une autre recette pour le gâteau, sociale et écologique, pour fabriquer un gâteau plus sain et plus nourrissant !
Elle emmènerait les entreprises sur un chemin d’efficacité, plutôt que dans la logique de la rentabilité capitaliste qui inspire de part en part la réforme Macron-Delevoye.


« Danse rituelle », l’éditorial de Maurice Ulrich dans l’Humanité de ce jour !



Tout va bien. Le président de la République réunissait, hier, pour un déjeuner improvisé à l’Élysée, quatre de ses ministres et quelques proches dont François Bayrou. Le premier ministre s’adressait hier soir aux députés de LaREM pour faire de la pédagogie et il a prévu un séminaire gouvernemental dimanche. Tout va bien. Gilles Le Gendre, le président du groupe majoritaire à l’Assemblée, affecte même de se « projeter » après la grève tandis que, nous dit-on, Édouard Philippe et Jean-Paul Delevoye feront des annonces avant la fin de l’année. Puisqu’on vous dit que tout va bien.


C’est grossièrement dérisoire. Non seulement le pouvoir redoute une cristallisation des revendications autour de la question des retraites, mais, il le sait, près de deux tiers des Français soutiennent la journée du 5 décembre, 70 % souhaitent qu’il change de politique économique et sociale, neuf sur dix pensent que le pays est en crise. Alors, c’est le recours à des ficelles tellement grosses que c’est le Figaro qui l’écrit : « Des ministres tentent de restaurer la bonne vieille dialectique : celle qui oppose les vrais réformateurs aux “profiteurs” des régimes spéciaux, le chef de l’État à la CGT. » On a entendu que la grève serait corporatiste, menée par des adversaires de l’égalité, et boum, on apprenait hier par exemple, avec une étude de l’Institut de la protection sociale, que la réforme se traduirait par une chute des pensions des mères de famille !


Pour la CGT, Philippe Martinez a appelé hier le premier ministre à mettre un terme aux provocations. Elles sont inutiles et irresponsables. Le pouvoir n’a plus qu’une semaine pour se mettre à la hauteur de la situation. Réunions et séminaires n’ont pas plus de sens aujourd’hui qu’une danse rituelle pour conjurer la pluie. Le président et le premier ministre doivent prendre le chemin de la raison face à cette mobilisation qui ne cesse de grandir et commence à s’étendre au privé. Il faut changer de cap.


mardi 26 novembre 2019

« De silence et de sang », l’éditorial de Stéphane Sahuc dans l’Humanité de ce jour !



Le contact est rétabli avec l’Iran. Mais le plus grand flou demeure encore sur l’ampleur de la répression qui s’est abattue sur le peuple iranien ces derniers jours. Des milliers de manifestants auraient été arrêtés. Des dizaines et des dizaines tués. Dans plus de cent villes, la colère et le désespoir ont transformé ces mobilisations populaires en véritables moments insurrectionnels. Soulèvement d’un peuple écrasé dans le sang, épilogue tragique d’espérances de changement étouffées par des sanctions économiques.

 Qui se souvient qu’il y a moins de quatre ans, la jeunesse iranienne descendait en liesse dans les rues pour se réjouir de l’accord sur le nucléaire iranien, lequel devait ouvrir la voie à de meilleures conditions de vie de tout un peuple ? Qui se souvient qu’il y a moins de trois ans, Hassan Rohani – considéré comme un adversaire par les durs du régime – était réélu triomphalement sur une promesse d’assouplissement et d’amélioration de la vie des Iraniennes et des Iraniens ? La liquidation de l’accord et l’imposition des « sanctions les plus dures de l’histoire », promises par l’administration Trump, ont plongé l’Iran dans une situation économique plus difficile encore que celle que le pays vécue lors de la guerre avec l’Irak de Saddam Hussein dans les années 1980. Bilan : cela n’a fait que renforcer la mainmise des Gardiens de la révolution, architectes du soutien aux milices chiites d’Irak, au Hezbollah libanais ou au gouvernement syrien de Bachar Al Assad, sur une économie nationale asphyxiée… Exactement ce contre quoi manifestaient les Iraniennes et les Iraniens en décembre 2017, lesquels ne comprennent pas que leur gouvernement investisse tant dans leur l’influence régionale et si peu pour alléger leurs souffrances. En Iran, le souffle, l’espoir de 2015, a été étouffé deux fois : d’abord, dans les sanctions, et ensuite, dans le sang, Les mollahs, eux se portent bien.

lundi 25 novembre 2019

Grenelle contre les violences faites aux femmes : « de l’enfumage »


La France ce samedi 23 novembre a connu une mobilisation exceptionnelle qui a rassemblé des femmes et des hommes, les forces militantes féministes, syndicales et politiques. Des milliers de personnes ont marché contre toutes les formes de violences contre les femmes. Ce sont elles qui ont permis la tenue de ce grenelle.
Pourtant, le Premier ministre n’y a pas fait la moindre allusion. Quel mépris !

Alors que 138 femmes ont été assassinées depuis le 1er janvier dernier et que 225 000 sont chaque année victimes de viol, de violences physiques, psychologiques, de harcèlement sexuel et moral dans toutes les sphères de la société, à la maison, au travail ou dans la rue, les mesures annoncées ce matin par Édouard Philippe sont, extrêmement décevantes.

Si certaines propositions vont dans le bon sens, comme l’ouverture 24H sur 24 du 3919 ou encore la création de 80 postes supplémentaires d’intervenantes et intervenants sociaux, comment leur accorder le moindre crédit quand aucun moyen supplémentaire n’est dégagé ? Les 360 millions avancés par le Premier Ministre représentent quasiment le même budget qu’en 2019. Or, toutes les associations féministes, les actrices et acteurs de terrain, des élu.e.s parmi lesquel.le.s les élu.e.s communistes, l’avaient déjà jugé insuffisant et avaient évalué les besoins à 1 milliard d’euros !

D’autres mesures, présentées comme nouvelles, existent déjà dans la loi de 2010 ou encore dans la Convention d’Istanbul que la France a signé en 2011 et ratifiée en 2014.

Par contre, il y a de grands vides.
Rien sur la mise en place d’un vrai plan d’éducation à l’égalité et à la non-violence dès l’école maternelle.

Rien quant à la prévention en particulier au travers de campagnes de sensibilisation et d’information de tous les publics ainsi que la formation de tou.te.s les professionnels en contact avec des femmes victimes de violences.
Rien quant à la protection et la mise à l’abri rapide et efficace des femmes martyrisées et de leurs enfants témoins.

Rien sur des places d’hébergement dédiées et prises en charge financièrement.
Comment ne pas penser que le gouvernement se livre à un véritable enfumage quand la plupart des revendications portées par les associations, les recommandations du Haut conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes et la mission interministérielle contre les violences et la lutte contre la traite des êtres humains n’ont pas été prises en compte à leur juste valeur ?

Les communistes poursuivront le combat pour faire entendre l’impérieuse nécessité de débloquer des financements pour cette grande cause nationale. Elles et ils participeront à toutes les actions pour exiger 1 milliard d’euros en urgence, l’une des conditions pour débarrasser la société du fléau que constituent les violences faites aux femmes.


« Vingt et une », le billet de Maurice Ulrich !



Tout le monde peut se tromper et ceux qui pensent le contraire se trompent, sauf erreur. Reste que l’on a sursauté, samedi soir, devant le journal de France 3 Île-de-France en entendant le présentateur annoncer le sujet sur la manifestation de Paris contre les violences faites aux femmes en donnant le chiffre de 116. 

Quelques instants plus tard, le reportage donnait le chiffre de 137, concrétisé tragiquement dans le cortège par une forêt de pancartes blanches portant chacune le nom et l’âge d’une victime. De 137 à 116, cela fait 21 meurtres de différence. Pas de faux procès et il est bien évident qu’il n’y avait pas là d’intention. 

Non, juste une approximation, disons-le comme çà, de la part de l’équipe de rédaction, un chiffre un peu pris au vol, sans plus s’y attarder ou le vérifier, inscrit par le prompteur et repris comme tel par le présentateur. Faudrait-il voir là une forme de désinvolture, la poursuite d’une habitude de banalisation ? On voudrait espérer que non.

"Besoin d'ambition", l'éditorial de Laurent Mouloud dans l'Humanité de ce jour !


« Être ou ne pas être à la hauteur ? Telle est la question à laquelle le gouvernement se doit de répondre. Au surlendemain d’une mobilisation historique contre les violences faites aux femmes, Édouard Philippe a la redoutable tâche de livrer ce matin les conclusions du Grenelle contre les violences conjugales. N’en doutons pas, le premier ministre saura soigner le décorum. Une douzaine de membres de l’exécutif sont annoncés. Et la solennité du discours tout comme l’numération d’une quarantaine de mesures techniques, feront illusion. Mais il est à craindre que, au-delà de cette mise en scène soignée, rien ne soit au niveau de l’exigence exprimée par cette « marée violette » inédite.

Face à l’urgence des féminicides, il serait vain de balayer d’un revers de manche ce Grenelle. Ces deux mois de cogitations – interminables pour les féministes – n’ont pas été complètement inutiles. La sensibilisation progresse. Et les annonces sur l’autorité parentale, le « suicide forcé » ou encre la formation des policiers sont sans doute appréciables. Mais, encore une fois, est-ce à la hauteur ? Clairement, non. On ne peut pas se contenter d’ajustements juridiques à peu de frais et de promesses législatives lointaines lorsque, chaque semaine, des femmes meurent sous les coups de leur compagnon et que la domination patriarcale gangrène tous les pans de nos sociétés.

Alors que le sujet a besoin d’ambition, le gouvernement propose une politique minimale, un pied sur le frein budgétaire. Les associations estiment à 1 milliard d’euros par an le montant nécessaire pour lutter contre les violences faites aux femmes. Seuls 360 millions y sont consacrés, avec peu d’espoir que cela ne change. Trois ministres ont déjà prévenu dans une tribune publiée ce week-end : « Le gouvernement ne peut pas tout. » Et de miser, pour prévenir les violences, sur une « société de vigilance ». La responsabilité individuelle pour mieux déresponsabiliser l’État. Du macronisme pur jus. Dans la manifestation, une femme interrogeait : « Il y a 3 milliards débloqués pour de nouvelles technologies en France, et on ne serait pas capables de donner 1 milliard pour sauver nos vies ? » À Édouard Philippe de lui répondre.

samedi 23 novembre 2019

« Éruption Sociale », (Patrick Le Hyaric)


Une force populaire est en train de se créer. Par dizaines de milliers les personnels de santé, urgentistes, aides-soignants, médecins, chirurgiens, se mobilisent dans tout le pays pour défendre l’hôpital public gangrèné par la précarité, les bas salaires, le sous-investissement et ainsi placé en concurrence avec un secteur lucratif à l’appétit insatiable. Ce massif mouvement défend un bien commun qui fait la fierté et la renommée de la République française, façonné par les combats populaires et l’action de progressistes au gouvernement, dont des communistes comme A. Croizat ou M. Thorez. Il repose sur un système original de soins socialisés  que les populations défendent.

Voilà qui a contraint le Président de la République à annoncer « un plan d’urgence» pour les hôpitaux. Au moment même où sa majorité parlementaire entérinait le sous-financement des politiques de soins, promettant un « objectif national de dépenses d’assurance maladie » en hausse de seulement 2.1% quand la Cour des comptes prévoit une croissance des dépenses de santé de 4.4%. Concrètement, ce sont 800 millions d‘euros d’économies s’ajoutant aux huit milliards d’économies imposés qui étaient réclamés aux travailleurs de la santé alors que tout explose, des conditions de travail aux conditions d’accueil des patients ! Honneur aux sénateurs communistes qui ont obtenu l’arrêt du débat sur le budget de la sécurité sociale.
Parallèlement, ce sont les étudiants qui crient leur détresse après qu’un des leurs se soit immolé devant un CROUS à Lyon, symbole des politiques publiques en direction des universités. La conscience grandit que la terrible précarité qui les frappe entre en contradiction avec le défi d’une démocratisation de l’enseignement supérieur. Les gilets jaunes, de leur côté, réactivent leur action pour la justice sociale, fiscale, et la démocratie. Pompiers, enseignants, policiers, professionnels de la justice se mobilisent pour pouvoir vivre de leur travail et accomplir  leurs missions de service public.
C’est bien la même colère sociale et politique contre les choix d’austérité issus des critères du traité de Maastricht, et pour l’égalité et la démocratie, qui ébranle chaque profession en lutte, chaque segment de la société.
Le pouvoir veut conjurer par tous les moyens la convergence de ces colères. Surtout de puissantes forces travaillent pour priver ces mouvements de tout débouché politique progressiste en construisant un très dangereux « duo-duel » entre le président et la cheffe de l’extrême droite. Celle-ci étant consacrée dans le médias-business comme « représentante des classes populaire ». Le gouvernement, pousse au glissement de la doctrine classique de sécurité, vers une doctrine de l’affrontement comme le propose le nouveau « schéma national du maintien de l’ordre », fut-ce au prix de blessés supplémentaires, si ce n’est pire. En fermant une à une les portes du débat démocratique, le président de la République portera  la responsabilité de l’intensité du mouvement social qui s’annonce à partir du 5 décembre prochain.

La contre-réforme des retraites qui vise à faire tomber un pilier décisif du modèle social français en faisant main basse sur le magot des caisses socialisées au profit du système bancaire et assurantiel, est annoncée par le gouvernement comme « la mère des batailles ». Elle doit l’être également pour le mouvement social. Dès maintenant, dans les lieux de travail et les espaces collectifs, les discussions doivent être menées à bâton rompu avec chacune et chacun pour dégager une issue sociale, démocratique et écologique au macronisme. Celle-ci passe par l’unité populaire et l’union de raison des forces progressistes qu’elles soient politiques syndicales, associatives, écologistes. Les enjeux sont trop importants, trop grave, pour continuer à tergiverser, à commencer par la préparation des élections municipales.   Un mouvement populaire d’ampleur le 5 décembre ouvrirait une période nouvelle.   


vendredi 22 novembre 2019

La France « ingouvernable » un billet de Maud Vergnol dans l'Humanité de ce jour !



À chaque mouvement social imminent, son lot de poncifs et de marronniers sur le « coût » de la grève et autres « prises d’otages ». Et puis, toujours, cet incorrigible peuple français, forcément versatile…bref « ingouvernable ». Cette période pré-5 décembre n’échappe pas à la règle. Le mot envahit les ondes et s’affiche en vitrine des kiosques : « Gilets jaunes, mouvements sociaux, la France est-elle ingouvernable ? » Ici, on convoque César et les irréductibles gaulois ; là le général de Gaulle et le pays des 365 fromages…

Le tour est rodé, bien commode pour renvoyer la responsabilité au peuple et non à l’offre politique. Et le virus de l’ingouvernabilité aurait désormais gagné toute l’Europe. Regardez ces Espagnols ou, pire, ces Belges, qui attendent un gouvernement depuis plus de six mois : la preuve que ces citoyens ne savent pas ce qu’ils veulent et que, finalement, l’option autoritaire présenterait quelques vertus. Mais si nombre de pays européens sont indéniablement confrontés à une instabilité politique, les causes sont plutôt à chercher dans les raisons de cette crise démocratique aiguë.

Avec des records d’abstention, des bulletins déposés par défaut, un bipartisme discrédité d’avoir mené les mêmes politiques d’austérité, plus aucun dirigeant politique n’arrive à tirer de légitimité incontestable des urnes pour mettre en œuvre  le programme pour lequel il a été élu, donnant naissance à des coalitions fragiles. S’il est protégé par les institutions de la Ve République, Emmanuel Macron est aujourd’hui confronté au même problème.

En ne rassemblant que 18% des inscrits au premier tour de la présidentielle, le chef de l’État est loin de pouvoir se prévaloir d’une adhésion massive à son projet. « Je suis le fruit d’une forme de brutalité de l’histoire, d’une effraction », convient-il. Les Français ne sont pas ingouvernables, ils ne veulent pas être gouvernés contre eux-mêmes.


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