« LES POSSIBLES », L’EDITORIAL DE PIERRE CHAILLAN DANS L’HUMANITE DE DEMAIN JEUDI
Le paradoxe apparaît au grand jour : en se disant apolitique, le mouvement
des gilets jaunes produit du politique. Du politique, puisque ses participants,
parmi les plus nombreux issus des classes populaires, après avoir fait surgir
la question sociale, ont posé la question démocratique, avec notamment le
référendum d’initiative citoyenne (RIC). Du politique, puisque partout en
France, des assemblées se tiennent, dressent des cahiers de doléances et
s’interrogent sur comment faire aboutir les attentes populaires.
Certaines réunions sont organisées par les communes, dans le cadre du grand
débat national. La discussion est alors bien sûr corsetée par une lettre
élyséenne qui fixe les lignes budgétaires à ne pas dépasser. Pourtant, ça
déborde ! Partout, le rétablissement de l’impôt de solidarité sur la fortune
(ISF), la création d’une tranche d’imposition supplémentaire pour les hauts
revenus, la baisse de la TVA sur les produits de première nécessité,
l’augmentation du Smic et des salaires, etc., s’écrivent noir sur blanc.
Attention, messieurs les tenants du pouvoir de l’ordre capitaliste établi, si
les paroles et les effets de manche dans une salle s’envolent, les écrits
restent, eux ! Et il y a aussi toutes ces initiatives dans les villes dont les
gestions municipales sont marquées par les luttes sociales et les traditions
ouvrières et qui cherchent à toujours mieux répondre aux besoins sociaux et à
faire vivre la solidarité. C’est, par exemple, à Saint-Denis ou à
Gonfreville-l’Orcher. Il y a encore ces rencontres initiées par des citoyens et
des acteurs du mouvement social. C’était le cas à Romorantin, où la CGT
invitait à la discussion.
Le débat encore au Parlement, où au bénéfice de la seule niche de
proposition de loi qui leur est accordée, les députés du groupe GDR et les
sénateurs du groupe CRCE avancent plusieurs textes, porteurs d’exigences
fortes. Dans tous ces lieux et lors de tous ces moments s’expriment et
s’élaborent d’autres possibles. Au fond, c’est ça, faire de la politique.
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