« UN PRÉSIDENT BANAL DANS LE DÉBAT DE GRÉOUX-LES-BAINS » (GERARD LE PUILL)
François Hollande
avait commencé à s’auto-discréditer avant même d’être élu président de la
République quand il annonça, dans un débat face à Nicolas Sarkozy, qu’il serait
un « président normal ». Hier, lors d’un débat qui s’est tenu à
Gréoux-les-Bains, dans les Alpes de Haute Provence sur les enjeux écologiques,
Emmanuel Macron est apparu comme un président banal, tant par ses propos que
par le peu d’intérêt que lui ont accordé les médias.
Qu’il s’agisse de France 3 à 19H30 ou de
France 2 à 20H, les journaux télévisés des deux chaînes publiques ont zappé
hier soir la nouvelle opération de propagande du chef de l’Etat. Il en a été de
même concernant la presse écrite de ce vendredi matin. Sur les 24 éditoriaux
relevés dans les quotidiens nationaux et régionaux par l’Agence France Presse,
dix commentent la condamnation du cardinal Barbarin à six mois de prison avec
sursis, quatre sont consacré à la journée internationale des droits des femmes
et un seul, celui de Nice Matin, nous dit ceci : « Le chef de l’Etat aime à ce
point ces rendez-vous avec les Français qu’il a décidé de jouer les
prolongations en se rendant dans les régions dans lesquelles il n’aura pas eu
le temps de passer avant l’issue de la consultation, le 15 mars. On comprend la
volonté de n’oublier aucun territoire et l’envie de continuer de se frotter à
la France, sans filtre ni intermédiaire. On perçoit aussi le risque de voir ce
quinquennat devenir celui du débat permanent. Pas (ou plus) celui de
l’action…».
Le Maire de la commune prévenu trois
jours avant
Plus que le débat lui-même, la manière
dont il a été préparé montre que le chef de l’Etat mène une double campagne. Il
veut remonter dans les sondages et considèrent que sa mise en scène y contribue,
via une légère remontée dans les sondages. Il veut aussi aider la liste de la
République en marche à obtenir un score honorable à l’élection des députés au
Parlement européen le 26 mai prochain en monopolisant dans ce but le temps de parole
hors de la campagne officielle. A condition de pouvoir profiter des heures de
diffusion de ses propos sur différentes chaines d’information en continu. Mais
elles semblent rassembler de moins en moins de téléspectateurs pour suivre ces
débats.
Gréoux-les-Bains est une commune de
2.600 habitants et Paul Audan, son maire (divers droite) n’a été prévenu de la
venue d’Emmanuel Macron que le lundi 4 mars par le préfet du département qui a
débarqué sur place ce jour-là. Diffusés sur France bleu, les propos du maire
ont alors été les suivants : « C’était la caravane du Tour! L’équipe du
président, les gendarmes et la sécurité présidentielle voulaient voir le centre
des congrès. Et c’est seulement avant de repartir que le chef de cabinet de
l’Elysée m’a dit : « je vous fais un beau cadeau, le président de la République
va venir chez vous ». Et l’élu local d’ajouter : « Mais c’est vrai que recevoir
le chef de l’Etat, c’est un grand honneur ».
Une réunion interdite au public, en
dehors d’une sélection préalable
France Bleu raconte aussi que le public
ne pouvait pas participer à la réunion d’hier. Elle a rassemblé 400 personnes,
mais elle était « réservée à des élus de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur,
des responsables d’associations et quelques jeunes ». Car a – t – il été dit sur France Bleu, «l’Elysée a également
voulu faire participer la jeunesse des Alpes de Haute Provence, et
notamment des élèves éco-délégués dans leurs établissements scolaires et des
jeunes en service civique. Certains poseront une question à Emmanuel Macron.
Mais leur sélection a froissé certains enseignants», prévenait France Bleu
citant ce témoignage de Stéphane Boutor, secrétaire départemental du SNUIPP : «
Cà s’est passé dans l’opacité totale. La liste a été établie par la direction des
établissements et certains professeurs. On n’a même pas dit aux enfants que
c’était un débat ». Un employé municipal, autorité à participer à cette
réunion, a déclaré à France Bleu : » Moi, on m’a prévenu de venir avec une
pièce d’identité et une fiche de salaire. Ils veulent être sûrs que je ne sois
pas un gilet jaune ».
Lors du débat, un collégien a manié
l’ironie en demandant au président s’il comptait « acheter une autre planète
avec l’argent de la transition écologique ». Sur ce sujet, Emmanuel Macron a
banalement déclaré que « la transition c’est passer d’un modèle à l’autre. Le
défi qui est le nôtre c’est de faire le plus vite possible et je pense qu’on
peut faire plus vite, plus fort , plus loin en donnant plus de pouvoir au local
et en changeant de méthode ». Répondant à une paysanne qui lui faisait
remarquer que la prolifération des meutes de loups faisait reculer l’élevage
ovin dans les prairies du département et donc la biodiversité, il a reconnu
qu’il avait désormais plus de 500 loups sur le territoire français avant
d’ajouter de manière à la fois banale et non argumentée : «On ne va pas
supprimer le loup qui est revenu, seul, depuis 20 ans. On va continuer à régler
le problème de façon pragmatique et différenciée. On s’adaptera au terrain en adaptant
les niveaux de prélèvement».
Comme les brebis sont plus faciles à
attraper que les chevreuils où les chamois, les bergers et les bergères n’en
ont pas fini avec les ennuis.
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