« MARAIS ET AIR PUR », L’EDITORIAL DE MICHEL GUILLOUX DANS L’HUMANITE DE DEMAIN MARDI
La prestation, hier, du premier ministre, sommé de monter en première
ligne, souligne autant les conséquences lamentables de l’instrumentalisation
d’extrémistes de droite et d’ultragauche – tous bien répertoriés, par
ailleurs –, que du retour en boomerang de celle-ci. À trop tirer sur la
ficelle, déjà un peu grosse… Mais elle emmène aussi sur un versant inquiétant
qu’illustre la loi «anti-casseurs» en cours d’adoption, là encore, contre vents
et marées démocratiques.
C’est que le président en campagne électorale européenne entend clore son
grand débat comme il l’a commencé : en choisissant les « réponses » comme il a
choisi ses questions. Il a beau faire, dans ce mouvement de gilets jaunes,
comme dans nombre de cahiers de doléances, de puissantes revendications de
justice sociale et fiscale s’expriment. Les syndicats qui appellent les salariés
à manifester ce mardi lient, à leur tour, ces questions à celles du climat.
Quelques jours après le succès d’une « marche du siècle » qui n’a pu être
esquivé, tout comme la mobilisation de toute une jeunesse, des fils précieux
sont en train de se tisser. Le monde qu’ils veulent, que nous voulons tous, est
bien loin de celui de ce gouvernement de technocrates, qui n’a comme idées
neuves que les vieilles lunes néolibérales, tel ce énième rallongement de l’âge
de départ à la retraite, présenté comme une « idée personnelle » ; ben voyons.
Réduire le débat politique au marais macronien et aux sauriens lepénistes,
comme la mise en scène de la casse et de la réponse sécuritaire l’organise ces
jours-ci, conduit à un climat bien fétide. Face à ces nuages bruns, et aux
lourds dangers qu’ils font planer sur notre pays, comme sur le continent,
l’aspiration à l’égalité est un ressort profond et puissant dans un pays comme
le nôtre. C’est bien là ce qui fait peur à ce pouvoir, comme à l’extrême droite
elle aussi antisociale. Construire une autre planète, un autre monde, étayé sur
une solidarité entre justices sociale et climatique, est tout de même une
invitation à bien plus beau voyage en commun, et d’un air plus pur.
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