LE BLOG DES COMMUNISTES DE ROMAINVILLE

vendredi 3 août 2018

« Les rennes de Laponie aussi », l’éditorial de Pierre Chaillan dans l’Humanité de ce jour !



C’est l’été et il fait chaud. Quoi de plus normal ! Mais lorsque les épisodes de canicule deviennent de plus en plus intenses, récurrents et longs, et qu’ils touchent des régions toujours plus étendues, les chercheurs jusque-là prudents pour faire le lien direct avec le réchauffement climatique, phénomènes météorologiques et activités humaines l’évoquent maintenant.

Plusieurs études en font état. Selon le rapport du groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) de l’ONU, les modèles « prévoient une intensification » des événements extrêmes. Les récentes poussées de chaleur « sont compatibles avec les tendances à long terme causées par l’augmentation des concentrations des gaz à effet de serre », estime l’Organisation météorologique mondiale (OMM). En 2016 et en 2017, le taux de concentration de ces gaz relâchés dans l’atmosphère a battu des records. Si les signatures de l’accord de Paris de 2015 (COP 21) s’étaient engagées à réduire leurs émissions de CO2 pour arriver « au pire » à – 2° C, beaucoup s’accordent à penser que l’on n’y parviendra pas…

Comment atteindre cet objectif sans remettre en question le système de production capitaliste de profit à court terme ? Et de quelles activités humaines parle-t-on ? Poser ces questions, c’est y répondre. Face aux « eaux glacées du calcul égoïste », il faut d’urgence revoir nos modes de développement en leur conférant une vocation humaine, sociale, et écologique, et non purement financière, comptable et guerrière.

Après des semaines de sécheresse le feu s’est propagé en Suède, où les rennes de Laponie se trouvent menacés. « Les forêts qui tiennent encore debout, c’est en partie grâce à nous, mais c’est de plus en plus difficile » explique Margret Fjellström, éleveuse à Dikanäs, un vilage des contreforts des Alpes scandinaves. « Nous nous battons contre l’argent », soupire-t-elle. Oui, mais l’argent peut aussi servir à construire un monde durable en commun.

jeudi 2 août 2018

« Fraternité », l’éditorial de Michel Guilloux dans l’Humanité de ce jour !



Cela s’appelle accuser le coup. Une journée ne s’est pas écoulée après la défense « droite dans ses bottes » du pouvoir que le principe de réalité repointe le bout de son nez. Hier, le président du groupe macronien à l’Assemblée nationale a été missionné pour indiquer par voie de presse que peut-être, après tout, en fin de compte, la révision constitutionnelle qui devait être adoptée à la hussarde, comme le reste au mois de juillet, ne serait pas forcément au menu de la rentrée parlementaire de septembre, voire ne serait plus à l’ordre du jour du tout…Pourtant, s’il pense que le « peuple » ne partage pas l’avis de ses opposants politiques quant à la dérive du pouvoir de l’hyperprésident que révèle l’affaire de son nervi personnel brutalisant des jeunes à terre sur son temps de loisir, celui qui demandait à ce qu’on vienne « le chercher » pourrait organiser un référendum sur la question. Chiche ?

Ce mois de juillet 2018 n’aura pas seulement vu la magnifique victoire des bleus, mais aussi, avec elle, et pas que, la flamme fraternelle de ce pays reprendre de la vigueur. Le mot est banni de la pseudo « pensée complexe » come de la politique, mais il a été rappelé aussi, pour une fois, par le Conseil constitutionnel ; il existe dans notre  pays un devoir de fraternité. L’infâme loi asile-immigration a dû, elle, être revotée hier, sans ces dispositions censurées. On a là l’indice supplémentaire que, même avec une majorité hégémonique menée à la baguette tel un troupeau alpestre, ce pouvoir peut être mis sur la défensive. Toutes celles et tous ceux qui refusent la « Bérézina morale » en matière d’asile, selon le mot du président de la Cimade, comme en matière sociale et démocratique, ont là matière à espoir, parole et actions.

Étrangers boucs émissaires, jeunes bacheliers sacrifiés par dizaines de milliers au marché de la formation privée, tout comme les chômeurs et salariés…Après les personnels des Ehpad et des hôpitaux, au printemps, la liste des cibles d’une politique implacable dans sa logique du tout pour l’argent roi devient acte d’accusation de celles et ceux qui ont intérêt, face aux pièges de la haine et de la division, à lui opposer celle d’une France et d’une Europe, oui, fraternelles.

mercredi 1 août 2018

« Bombe sociale », l’éditorial de Sébastien Crépel dans l’Humanité de ce jour !



On a connu la séduction du « travailler plus  pour gagner plus », machine de guerre sarkozyste conçue pour partir à l’assaut des 35 heures avec l’adhésion de ceux qui ont tout à y perdre. Les communicants ont taillé pour Emmanuel Macron une formule dans le même prisme déformant destiné à priver les rêves de  justice, avec la promesse que «  chaque euro donne les mêmes droits pour tous » à la retraite.

On peut parier que la grande majorité des Français n’a pas pris la mesure de la mise en œuvre  de ce principe à la base de la future retraite « par points » ou « à la carte ». Car le résultat promet d’être explosif, en donnant en réalité le droit à chacun le droit entre partir plus tard – pour ceux qui le pourront – et accepter une pension réduite, au niveau pouvant fluctuer de surcroît selon l’espérance de vie. ces réformes ne servent pourtant ni la santé des salariés ni celle des comptes de la Sécu : l’assurance-maladie vient d’estimer que le passage de la retraite de 60 à 62 ans est en partie la cause de la hausse de 13% du montant des indemnités maladie de 2013 à 2016.

Partout où ce modèle de retraites par points a vu le jour, les femmes et les travailleurs aux carrières incomplètes ont été pénalisés, comme en Suède par exemple. En Belgique, où le projet est bien avancé, la mobilisation oblige le gouvernement à changer ses plans. En France, un premier aperçu de ce qui se trame a été fourni par le haut-commissariat en charge de la réforme, qui s’est interrogé : « Doit-on maintenir les pensions de réversion ? ». Une question à 36 milliards d’euros de prestations, versées aux veuves, représentant un quart des pensionnés…Une purge à la grecque. Une bombe qu’Emmanuel Macron a cru désamorcer en dénonçant une « rumeur malsaine ». La « rumeur » est pourtant parfaitement conforme à la philosophie de la réforme, ce que les démentis alambiqués du gouvernement ne font que souligner. La bataille des retraites a bel et bien commencé.

mardi 31 juillet 2018

« Violences d’État », l’éditorial de Sébastien Crépel dans l’Humanité de ce jour !



Les motifs de censurer le gouvernement ne seront certainement pas épuisés cet après-midi par les deux motions déposées par des députés de droite et de gauche. Fruit de circonstances exceptionnelle, cette double censure venant de camps que tout sépare d’ordinaire est le recours qu’il reste à l’opposition pour rétablir la dignité d’un Parlement bafoué comme jamais par l’exécutif et ses relais à l’Assemblée nationale, entravée par son travail d’enquête sur les brutalités d’un agent de l’Élysée. Cette insurrection contre la violence faite à une institution au cœur de  la démocratie réunit dans un même sursaut la droite républicaine non caporalisée par la République en marche et la gauche par-delà les divisions de ses composantes.

Mais cette violence institutionnelle ne vient pas de nulle part. Elle est le produit d’un ordre politique qui théorise en tout la légitimité de la domination du fort sur le faible, du « gagnant » sur le « perdant », du riche sur le pauvre, de l’entrepreneur sur le salarié, du modèle économique de la « start-up » sur le fonctionnaire ou le cheminot « à statut », en un mot : du libéral sur le social. De cette doctrine, rien de bon et de juste ne peut sortir. Benalla et ses passe-droits sont le produit du même système qui muselle le Parlement, démolit le Code du travail, réprime les manifestants, méprise les syndicats et coupe les budgets des structures qui viennent en aide aux plus pauvres. À l’instar des centres d’hébergement et de réinsertion sociale, qui tirent la sonnette d’alarme sur les 57 millions d’euros qui leur manquent – moins de 2% du cadeau annuel fait aux plus riches avec la fin de l’impôt sur la fortune.

Violences institutionnelle, sociale, policière ou para-policière vont de pair : cela, seule la censure de la gauche en portera la signification profonde, au-delà même de l’exposé des motifs circonstanciels qui accapareront les débats des députés. Dans cette dimension élargie, oui, l’affaire Benalla interpelle non seulement tous les démocrates, mais singulièrement les progressistes.

lundi 30 juillet 2018

« Chasse gardée », l’éditorial de Sébastien Crépel dans l’Humanité de ce jour !



Comme on pouvait s’en douter, force reste à la majorité. Ce qui est le produit légitime des urnes ne l’est plus quand cette force est détournée pour empêcher la recherche de la vérité. Pour les députés de la République en marche, la liberté d’enquête des parlementaires s’arrête là où commence la chasse gardée de l’Élysée. C’est-à-dire très tôt dans la chaîne de responsabilités qui remonte des agissements du garde du corps d’Emmanuel Macron, le 1er Mai, au premier cercle autour du chef de l’État, voire à ce dernier lui-même.

La présidente de la commission d’enquête, Yaël Braun-Pivet, a mis son veto : « il n’y aura pas d’autres auditions ou études de documents. » Comment expliquer que la députée déclare, contre l’avis de près de la moitié de la commission, le dossier bouclé et les responsables identifiés, quelque part à un niveau subalterne entre Alexandre Benalla et le chef adjoint d’un rayon de la préfecture de police, pendant que ses collègues au Sénat prolongent de six mois leurs investigations, avec le concours de tous les groupes politiques ? Et tandis, que quasiment quotidiennement, de nouveaux éléments, comme la présence de Benalla sur une autre scène de violence au Jardin des Plantes, montrent que l’on est loin d’avoir fait toute la lumière sur le rôle exact de l’obscur conseiller de la présidence.

Pendant ce temps, ce dernier, qui n’a jamais été auditionné par le Parlement, va de plateaux télé en journaux pour expliquer sa « vérité », à défaut de la vérité. Une défense de luxe pour celui qui jure ne pas faire partie des cercles « formatés’ du pouvoir…lesquels l’auront pourtant protégé comme un des leurs de l’action de la justice. C’est cet abus de pouvoir de l’exécutif qu’entend sanctionner la double motion de censure discutée demain – une de l’opposition de droite et une de la gauche PS-PCF-FI. Mais elle vise aussi à restaurer la dignité du Parlement bafoué par les relais trop zélés de l’Élysée à l’Assemblée. Un plaidoyer pour la séparation des pouvoirs, en quelque sorte.


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