Destructeur
Le grand carrousel de l’UMP a débuté. Au centre de la piste, Nicolas Sarkozy fait claquer le fouet et les chevaux de retour de la droite s’astreignent aux figures imposées. Hier, François Fillon caracolait en tête, réunissant trois heures durant ses ministres pour louer les réalisations de quatre ans de présidence. Tout juste a-t-il reconnu quelques échecs, tandis que 73 % des Français interrogés par BVA jugent ce bilan « mauvais ».
Notre peuple manque sans doute de « bon sens », estime le premier ministre qui appelle à « aller plus loin » qu’un quinquennat… Bonjour les dégâts !
Nul ne déplorera en effet un immobilisme
de Nicolas Sarkozy. Il a beaucoup agi et énormément détruit : la justice fiscale en favorisant les quelques milliers de contribuables cousus d’or ; le contrat social en détruisant les protections et les droits des salariés ; le pacte républicain en opposant chaque catégorie de citoyens à une autre, selon ses origines ; l’indépendance de la France en la soumettant à l’Otan ; le rayonnement du pays en le jetant dans des aventures guerrières et en blessant la dignité de l’Afrique. Durant quatre ans, le pouvoir
s’est moulé dans l’arrogance, la vulgarité, la brutalité, le refus d’entendre la nation. Il est des hommes d’État bâtisseurs et des chefs d’État démolisseurs. « Toute destruction brouillonne, écrivait Jean-Paul Sartre, affaiblit les faibles, enrichit les riches, accroît la puissance des puissants. » On ne saurait mieux dire quatre ans après les fastes du Fouquet’s.
L’Élysée a aussi requis quelques chroniqueurs de cour pour produire des lamentos. Pourquoi tant d’hostilité à l’égard de cet homme, de la haine même, prétendent-ils, oublieux du prix payé – des années de repos volées, des mois de chômage, des avenirs malmenés par la précarité – par les salariés ? « Comment s’étonner », écrivait Jean Jaurès d’un autre président, Casimir Perrier, « que le pays combatte celui qui a accepté d’être l’homme des hommes de combat ». ? Aujourd’hui les ténors du patronat et les Savonarole de l’ultralibéralisme en paraissent même falots !
« Je ne ris plus, j’éprouve des haut-le-cœur », confessait hier Christophe Alévêque en se promenant en toute liberté dans les pages de l’Humanité. Un an encore à tenir ! Mais cette année doit être bien remplie, notamment pour construire une véritable alternative à gauche, les moyens de « changer la vie » pour de bon. Douze mois ne seront pas de trop.
Patrick Apel-Muller – l’Humanité
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