LE BLOG DES COMMUNISTES DE ROMAINVILLE

vendredi 19 juin 2009

Des réseaux contre les expulsions

Logement. Une vingtaine d’associations ont lancé hier un dispositif de prévention des expulsions. Elles réclament aussi un moratoire « jusqu’à la fin de la crise ».

L’été arrive, et avec lui le soleil, les vacances… et les expulsions. Autorisées à partir du 15 mars, elles concernent chaque année plus de 100 000 familles en situation de fragilité économique et sociale qui, du jour au lendemain, se retrouvent dans la plus grande précarité.

À l’initiative de la Confédération nationale du logement (CNL), de Droit au logement (DAL) et de la Confédération syndicale des familles (CSF), un vaste collectif réunissant également syndicats (FSU, SNES…) et partis politiques (Verts, PCF, NPA…) a lancé hier son projet de réseau Stop aux expulsions de logement (RÉSEL). L’objectif : parvenir à une « mobilisation concrète pour que nos voisins, nos camarades de travail, nos amis, nos proches ou les familles des écoles de nos enfants ne soient pas jetés à la rue ou contraints par la peur d’abandonner leur logement ». Avant tout, la démarche a pour but la sensibilisation de tous les acteurs pour que ces personnes exposées à une telle situation de détresse, et souvent mal informées sur leurs droits, ne se retrouvent pas complètement isolées.

Il s’agit aussi, pour les différents acteurs associatifs et syndicaux, de faire pression sur les responsables politiques. « L’expulsion sans un véritable relogement est une violence sociale et une injustice indigne de notre République, justifient-ils. Le gouvernement doit sans délais prononcer un moratoire sur les expulsions de logement jusqu’à la fin de la crise. »

Le Rapport accablant du conseil d’état

Pourtant, la loi Besson (Louis, pas Éric) de 1990 précisait bien que le préfet ne pouvait donner un accord d’expulsion avec concours de la force publique sans avoir préalablement trouvé une solution de relogement, pour des ménages pourtant prioritaires. Mais, tout comme la loi sur le droit au logement opposable de 2007, la loi Besson n’est pas appliquée. Et de fait, avec la récente loi Boutin, les « solutions » de relogement proposées à ces foyers précaires privilégient marchands de sommeil et chaînes hôtelières, précarisant d’autant plus les locataires.

Il y a quelques jours, le Conseil d’État publiait d’ailleurs un rapport accablant sur la politique du logement française. Son souhait : une totale refondation du droit du logement, qui devrait, selon lui, entre autres, « encourager et si nécessaire imposer la construction de logements, être à la mesure des défaillances du marché, réduire la complexité, tenir compte des réalités contemporaines, favoriser l’innovation ». Manuel Domergue, du collectif Jeudi noir, condamne fermement les mesures gouvernementales, qui accélèrent les expulsions et la précarité de personnes déjà fragiles : « Les expulsés de cet été seront les SDF de l’hiver prochain », résume-t-il, en défendant une réelle politique de prévention contre les expulsions, par la régulation des prix des loyers, la réquisition des immeubles vides et la construction de logements sociaux.

Les Ménages fragiles en première ligne

Selon la Fondation Abbé-Pierre, 1,8 million de foyers auraient des difficultés à s’acquitter de leur loyer et, parmi eux, 500 000 seraient en situation d’impayés, et donc menacés d’une expulsion imminente. Des chiffres qui ne cessent d’augmenter, du fait de la crise économique et sociale. Lorsque la baisse du pouvoir d’achat et la poussée du chômage se conjuguent à des loyers qui n’ont jamais été aussi hauts, ce sont les ménages déjà fragiles qui en connaissent les conséquences les plus lourdes. Hier, la présence de cette vingtaine d’associations sur le terrain du logement soulignait une fois de plus l’incapacité du gouvernement à répondre à une problématique pourtant au fondement de la cohésion sociale.

Marion Sevenier (l'Humanité).

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