LE BLOG DES COMMUNISTES DE ROMAINVILLE

jeudi 3 octobre 2019

Intervenir pour un autre budget (Patrick Le Hyaric)


Les défis sociaux, environnementaux, démocratiques et géopolitiques se hissent chacun à un niveau de péril inédit. Si aucun pays ne peut seul y répondre, chacun peut manifester concrètement son ambition à y faire face. La préparation budgétaire est à cet égard un moment crucial qui détermine les grandes orientations d’un gouvernement. Elle est un bon indicateur de son courage à affronter des enjeux nouveaux déterminants pour l’avenir.
Ces choix sont à opérer alors que l’accès au crédit pourrait être facilité grâce à des taux d’intérêt historiquement bas ou quasi nul, parfois négatifs ! Si les colossales masses de liquidités continuent de  voguer sur les marchés financiers pour nourrir des rendements hautement spéculatifs, une catastrophe se prépare. C’est la destination logique de cet argent s’il reste dans les mains exclusives des actionnaires, comme le montre l’écœurante actualité des entreprises dévorées par la finance et contraintes à des licenciements massifs.

C’est au contraire la dépense publique utile qu’il faut encourager en sortant des dogmes absurdes imposés par l’Union européenne et en engageant un rapport de forces avec les institutions du capital. Cette dépense économiquement saine est aussi la seule capable d’assurer les investissements nécessaires pour amorcer une transition écologique et énergétique conséquente. Elle doit également permettre de financer des services publics notamment de santé, d’éducation et de formation à hauteur de besoins résolument exprimés ces derniers mois par les salariés.
Le gouvernement allège la fiscalité, tout en poursuivant soigneusement sa ligne néolibérale en faveur du capital qui bénéficie cette année d’un nouveau milliard de baisse d’impôts. Voilà le seul usage que le gouvernement compte faire des bas taux d’intérêts actuels : financer opportunément des baisses d’impôts après les avoir énormément augmenté ces dernières années, sans redresser les services publics et sans poser la question de l’augmentation des bas salaires et des minimas sociaux. Voilà également une manière d’évacuer le débat fondamental sur la répartition de l’effort fiscal qui épargne le capital et les plus riches, notamment depuis que la CICE a été pérennisé et l’ISF supprimé. Il n’y a pas trop d’impôt mais un impôt très mal réparti ! Quelles seront les conséquences sociales de ces attaques contre le trésor public ? Quelles seront les conséquences du nouveau rabot sur les aides au logement, et sur les assurances maladies et chômage, cette dernière soumise à une véritable saignée ?
Le budget s’annonce cette année très politique, marqué par la résistance sociale à l’intégration forcée de la France dans la mondialisation capitaliste que les gilets jaunes ont spectaculairement incarnée. Résistance qui limite l’ampleur de la casse sociale envisagée, comme elle a permis de soutenir la croissance des derniers trimestres en arrachant 17 milliards de pouvoir d’achat pour les classes populaires, certes en épargnant le capital. Le Medef ne s’y trompe pas qui regrette « les choix budgétaires du gouvernement qui renonce à réduire sa dépense publique, son endettement, et à soutenir la compétitivité et l’emploi. » Il faudra rappeler que, derrière les choix du gouvernement, le grand patronat pousse en permanence les feux et fixe l’intensité de la lutte entre le travail et le capital.
M. Macron et le gouvernement qui se sont volontairement liés pieds et poings aux puissances d’argent sont donc face à des contradictions qui risquent de s’aiguiser si les bourrasques internationales -Brexit, récession, et guerres commerciales- se transforment en orage. Il est fort probable qu’elle se solde par une colère sociale augmentée des exigences qui montent de la société pour extirper la nature des logiques de profit. Ce budget est, en tous cas, la manifestation de l’incapacité de ce gouvernement et des forces sociales qu’il représente de répondre aux lourds défis de la période.

« Dur », le billet de Maurice Ulrich !



Alors, heureux, les riches ? Il semble bien et le Parisien titrait, hier, « Pourquoi les riches se frottent les mains », tandis que le Figaro invitait ses lecteurs, qui y sont sans doute plus sensibles que les nôtres, à apprécier « les premiers effets positifs » de la suppression de l’ISF et de la taxe forfaitaire sur le capital. 

Pour l’économie on n’en sait rien et le Comité d’évaluation des réformes de la fiscalité du capital est très clair dans le flou : « Il est trop tôt pour en évaluer les effets. » En revanche, l’effet sur les dividendes est déjà très bon, les riches sont plus riches, et il y a même des aspects secondaires de la réforme qui nous échappaient. 

Ainsi, confiait dans l’Opinion le patron d’un groupe de 3000 salariés répartis dans cinq pays, « les actionnaires familiaux, dès lors qu’ils n’étaient pas dirigeants avaient à subir l’impôt sur la fortune. Une situation compliquée qui peut créer des frustrations dans les familles voire des ruptures ». Trop dur.

« Risques… », L’éditorial de Patrick Apel-Muller dans l’Humanité de ce jour !



La pollution est avérée. Mais aura-t-elle des conséquences sanitaires ? Des analyses plus précises sont attendues ce jeudi. En attendant Rouen doute. Remontent en mémoire des cas d’occultation ou de minimisation des dangers bien réels au nom d’un prétendu intérêt général ou de collusions d’intérêts plus palpables. L’expérience même du drame de Seveso, dont les conséquences tragiques se sont révélées au fil des années, incite à ne pas banaliser l’incendie de Lubrizol, à mettre en place toutes les mesures de précaution et à évaluer avec rigueur si les dispositifs de contrôle sont à la hauteur.

En effet, chacun peut commenter à l’envi la qualité d’une communication de crise, sa transparence toute relative, le besoin d’éviter la panique et la défiance qui accueille la parole politique. Mais au-delà de ces débats, la question de fond à examiner cest la qualité de prévention et de gestion des risques industriels majeurs qui accompagnent les 1312 sites classés Seveso, et particulièrement les 705 classés en seuil haut. On découvre dans les coulisses de l’accident de Rouen que les inspections et contrôles diminuent parce que, austérité oblige, les moyens ne suivent pas, qu’il a été possible d’augmenter la capacité d’accueil de produits par Lubrizol sans que les installations aient été passés au peigne fin, que l’information des riverains, des usagers et même des salariés est trop faible. Les élus des communes de la rive sud de la Seine balayées par les fumées ont d’ailleurs déploré n’avoir reçu aucune information ou directive durant la journée qui a suivi le brasier. Stupéfaction : la ministre Agnès Buzyn nous apprenait hier qu’on ignorait la réaction et l’interaction de certains produits lors d’une combustion.

Les missions décidées par l’Assemblée et le Sénat enquêteront sur ces sujets. Mais aux constats devront s’ajouter de nouvelles mesures. Puisque les villes devront s’accommoder de ces usines, les habitants doivent être assurés que tout est fait pour réduire les périls.

mardi 1 octobre 2019

Merci aux 10992 lectrices et lecteurs qui en septembre se sont rendus sur notre blog !



En septembre vous avez été 10992, à vous rendre sur notre site, soit en moyenne 367 chaque jour. Vous y avez lu 22028 articles, soit 734 par jour. 

L’article « Municipales 2020 » a été lu 2248 fois. 
« Stop aux clichés et aux idées reçues », 1175 fois. 
« L’entrée du nouveau cimetière n’est pas la propriété des promoteurs immobiliers », 1008 fois. 
Merci pour votre fidélité !

« Rouen, la zone grise », l’éditorial de Maud Vergnol dans l’Humanité de ce jour !



Rouen a brûlé, et il faudrait regarder ailleurs ? des enseignants qui exercent leur droit de retrait, des policiers en arrêt maladie après être intervenus sur les lieux, toute une population et des agriculteurs inquiets…Cinq jours après l’incendie du site de la société Lubrizol, la vie n’a pas repris son cours normal à Rouen. Si le ministre de l’Intérieur explique qu’ « il n’y a pas de raison de s’inquiéter outre mesure », de nombreuses questions restent sans réponse, notamment sur la dangerosité de la pollution engendrée par l’incendie, laissant libre cours à toutes sortes d’extrapolations. Au-delà des fake news et des thèses complotistes  abracadabrantesques, le doute est là, tant l’opinion publique est échaudée par les scandales sanitaires à répétition. Sous l’impulsion de la députée Delphine Batho, des parlementaires ont déjà demandé l’ouverture d’une commission d’enquête.

Derrière cet incendie, c’est bien l’enjeu des contrôles et de la réglementation de ces sites qui doit être mis sur la table. D’autant qu’en la matière, le pouvoir macroniste est loin d’être exemplaire. En juin 2018, un décret gouvernemental a réduit le périmètre des projets soumis à évaluation environnementale. Profitant de ces assouplissements de réglementation, le préfet a autorisé une augmentation des produits dangereux dans l’usine de Rouen à l’origine de l’accident industriel. Une décision  d’autant plus problématique que cette usine, qui appartient à la holding du célèbre financier américain Warren Buffett, avait déjà plusieurs accidents graves à son actif. Il faut donc sanctionner beaucoup plus lourdement ces délinquants environnementaux en col blanc. Fin de CHSCT permis par la loi « travail » de Macron au prix de la sécurité des salariés et des riverains…La course aux profits et aux économies de bouts de chandelle représente un véritable danger environnemental et sanitaire, qu’il serait irresponsable de prendre à la légère. Au risque d’une nouvelle tragédie.


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