« La finance à l’assaut des retraites », l’éditorial de Patrick Le Hyaric dans l’Humanité de ce jour !
Le pseudo-débat
intragouvernemental sur l’avenir de notre système de retraites par répartition
s’éclaire de la lumière crue des fonds financiers. Sur proposition de la
Commission et du Conseil européens, le Parlement européen vient en effet de
votre, grâce aux voix libérales et de droite majoritaires, l’instauration d’un
produit paneuropéen d’épargne retraite individuelle. Ce produit financier des
retraites standardisé à l’échelle continentale, dit PEPP (Pan-European
Personnal Pension Product) est censé présider à la création d’un « marché
européen » des retraites complémentaires et mettre un coup d’accélérateur
à l’unification des marchés de capitaux, véritable obsession européenne.
La
veille du vote, mercredi 3 avril, le gouverneur de la banque de France et son
homologue de la banque fédérale d’Allemagne appelaient conjointement, dans une
tribune publiée par nos confrères des Échos, à « démanteler les barrières
qui entravent encore la liberté des mouvements de capitaux et les
investissements ». « Il est désormais temps d’aller de l’avant »,
clament-ils, prenant appui sur les « convergences économiques »
prônées par le traité d’Aix-la-Chapelle, signé entre monsieur Macron et Me
Merkel en janvier dernier. Comme ne l’ont pas caché les deux banquiers
centraux, « le sujet des retraites offre un bon exemple de la manière dont
l’Union des marchés de capitaux peut compléter le marché unique ». On ne
peut être plus clair : les retraites sont appelées à servir de galop d’essai
pour accélérer l’unification des marchés de capitaux et la financiarisation de
l’épargne.
Si les
institutions européennes n’ont théoriquement pas le droit de s’ingérer dans les
règles, définies par les États, qui régissent les systèmes de retraites, elles
ont toute latitude, au nom de leurs compétences dites complémentaires, de faire
pression pour imposer leurs vues. Ainsi, au nom du « coût du
vieillissement », abominable expression qui figure dans les récents textes
du Conseil européen, la Commission ne cesse d’exhorter les États, via la
surveillance budgétaire instaurée par les différents traités, à libéraliser les
systèmes de retraites. Elle incite désormais à la mise en place de systèmes
complémentaires unifiés et surtout à leur financiarisation au sein du marché
intérieur.
L’objectif
est double : il s’agit tout autant de créer des retraités-actionnaires, en
incitant les actifs à investir dans ces nouveaux produits financiers dans la
perspective d’une baisse des pensions garanties, que de mettre la main sur l’épargne
des Européens pour doper les marchés financiers et harmoniser selon les
standards néolibéraux les régimes de retraites complémentaires.
Cette
proposition entre en harmonie avec le système de retraites par points proposé
par M. Macron. L’OCDE qui vient d’offrir ses satisfecit aux contre-réformes
impulsées en France, s’intéresse de son côté à notre système de retraite,
appelant le gouvernement à « relever l’âge de la retraite, à terme en l’indexant
sur l’espérance de vie ». C’est bien la convergence des luttes du capital
pour mettre à bas le système solidaire par répartition et intergénérationnel
qui se fomente à Bruxelles comme à Paris. Le 26 mai prochain, lors du scrutin
européen, l’occasion est donnée de dire non au projet Macron-Juncker pour
défendre et améliorer notre système socialisé de retraites en votant pour la
liste conduite par Ian Brossat.
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