« MANIPULATION », L’EDITORIAL DE MAURICE ULRICH DANS L’HUMANITE DE CE JOUR !
La provocation serait-elle devenue, dans la suite des petites phrases
d’Emmanuel Macron dont on a du mal à penser qu’elles ne sont pas délibérées,
une des armes idéologiques de l’exécutif ? Édouard Philippe, hier, dans ce
qu’il a présenté comme une restitution du grand débat, s’y est en tout cas
prêté : « Ces réunions ont fait honneur à leurs participants (…), elles ont
fait honneur au débat démocratique en étant très loin des exemples de violences
que d’autres se complaisent à donner chaque samedi. » Il est bien difficile de
ne pas voir dans cette phrase la claire volonté d’opposer les participants au
grand débat et les gilets jaunes qui, pourtant, en sont à l’origine.
La ficelle est un peu grosse. Sur la base de l’opposition binaire proposée
par le président entre les populistes et les progressistes, occultant les
rapports sociaux dans leurs dimensions inégalitaires ou conflictuelles entre le
capital et le travail, il s’agit de dresser une caricature des gilets jaunes en
Gaulois réfractaires au changement et à la démocratie. Ils seraient ainsi face
aux Français attachés au débat et à l’élaboration collective de solutions
Macron-compatibles. C’est en même temps consacrer et même instrumentaliser une
coupure sociologique. Les gilets jaunes sans doute ne sont pas tout le peuple,
mais ceux qui ont participé au grand débat non plus, loin s’en faut. En leur
répondant, au minimum d’ailleurs, l’exécutif entend laisser de côté, voués à la
protestation sans effet, les Français les plus modestes.
L’insistance mise hier par Édouard Philippe, sans autres précisions sur la
baisse des impôts, quand près de la moitié des Français ne sont pas imposables,
vise aussi à escamoter celle du rétablissement de l’ISF et plus encore la
question du pouvoir d’achat, dont il n’a pas dit un mot que ce soit au travers
des prestations sociales ou des salaires. Le Medef peut continuer à siffler,
l’air de rien. On a vu se dessiner, hier, l’esquisse d’une vaste manipulation
dont le président est le chef d’orchestre, dans quelques jours à la baguette.
Au risque de la colère du pays, trompé bien au-delà des gilets jaunes.
Soyez le premier à commenter !
Enregistrer un commentaire