GRAND DÉBAT. ÉDOUARD PHILIPPE ARRIVE LES POCHES VIDES À L’ASSEMBLÉE
Devant les députés, le premier ministre s’est contenté d’un exercice d’autosatisfaction,
laissant le dernier mot au président de la République, qui devrait annoncer des
mesures concrètes dans une semaine.
Plus le grand débat avance, moins Edouard Philippe a de choses à dire. Ce
mardi, devant l’Assemblée nationale, le premier ministre n’a strictement rien
n’annoncé. Il s’est surtout félicité de l’exercice orchestré par l’Elysée
pendant des mois pour étouffer les fortes revendications exprimées dans le
pays. La baisse du pouvoir d’achat et la difficulté à vivre dignement ? Tout
cela vient de la crise de 2008, « dont nous n’avons pas fini de subir le
choc », élude le chef du gouvernement. La colère exprimée sur les
ronds-points ? « Elle a des racines anciennes »,
relativise-t-il. Rien n’est de la faute du gouvernement, qui a pourtant
multiplié les cadeaux fiscaux en faveur des plus riches, au détriment de
l’intérêt général.
Edouard Philippe reconnaît seulement une erreur de
« méthode » sur la taxe sur les carburants, qui a mis le feu aux
poudres en novembre. Mais aucune erreur « d’ambition ». Pire, l’hôte
de Matignon assure sans rire que les résultats du grand débat valident la
politique menée par l’exécutif. « Tout cela rejoint les engagements de
campagne du président de la République » et les problèmes identifiés et
traités par la majorité, ose-t-il. « Ce que nous disent les Français,
c’est qu’ils ne voient pas les résultats, que les choses ne vont pas assez
vite », assène-t-il.
Le grand débat, dont les questions étaient fermées et
choisies par l’Elysée, dont les résultats ont été saucissonnés dans un grand
fatras de chiffres, et dont les participants ne sont pas représentatifs de la
société française, est aux yeux de la Macronie une invitation à poursuivre sur
la même voie. Edouard Philippe a ainsi ressorti ses poncifs sur le « ras
le bol fiscal » qu’il ressent dans le pays, alors même qu’il lui est
impossible d’entendre les mots « justice fiscale ». « Nous
voulons qu’il soit toujours plus intéressant de travailler que de rester
inactif », lance-t-il également, comme si tel n’était pas le cas, et sans
rien dire de tous ceux qui travaillent et n’arrivent pas à boucler leurs fins
de mois.
« On l’aura compris, la fin du grand débat n’ouvre pas la voie à
un nouveau chapitre de l’action gouvernementale », mais à une « accélération
de la politique répressive sur le plan fiscale, social, écologique et
démocratique », a répondu André Chassaigne. Le chef de file des députés
PCF mesure que « l’hyper-présidentialisme rend le pouvoir aveugle aux
conséquences de son action » et « sourd aux revendications de nos
concitoyens ». Le député communiste rappelle que les Français attendent
trois choses : « plus de pouvoir d’achat, plus de services publics et
plus de démocratie », soit « trois progrès qui correspondent à trois
taches noires de l’action gouvernementale ».
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