« POUR LE VRAI DÉBAT », L’EDITORIAL DE MAURICE ULRICH DANS L’HUMANITE
À cinq semaines des élections européennes, il serait temps de parler
vraiment d’Europe. Celui qui est censé être le plus européen, quand bien même
il n’est pas tête de liste, est celui qui en parle le moins. La volonté
d’Emmanuel Macron de faire durer son grand débat dilatoire, le temps mis à
apporter des semblants de réponse, l’opposition binaire qu’il continue de
tracer entre populistes et progressistes lui évitent, sauf grandes envolées,
d’entrer dans le dur des questions européennes et dans les raisons des attentes
déçues des peuples. Ce que l’on a entendu de madame Loiseau n’y répond certes
pas, entre le Smic à 900 euros sous prétexte d’égalisation sociale et une
politique migratoire restrictive qui ne dénote pas vraiment avec ce que l’on a
appris de son passé politique.
Le RN s’en arrange très bien, qui entend se poser à la fois en partenaire
et unique adversaire en prônant en même temps un vote de fermeture. Son
instrumentalisation de la tension dans le pays n’est en aucune manière une
approche politique de ce qu’il faut changer, profondément, pour construire une
Europe sociale. Les surenchères sécuritaires et sur l’immigration, ce n’est pas
faire face aux politiques du grand capital et des lobbys.
Le scrutin implique bien entendu une opposition et des propositions
alternatives à la politique d’Emmanuel Macron. S’il évite d’en dire davantage,
c’est qu’il entend continuer dans la direction, selon les mots de Ian Brossat,
d’une politique de casse sociale, de remise en cause des acquis, dangereuse
pour la planète. L’alternative, c’est mettre au débat, dans le pays, de
véritables propositions novatrices.
La liste que conduit le candidat communiste, largement ouverte au monde du
travail et paritaire, est porteuse de douze propositions phares appuyées sur un
programme solidement argumenté. On le sait, au stade actuel, cinq listes de
gauche sont en lice et de ce fait concurrentes. C’est regrettable mais c’est
donc sur pièces que les électeurs sont appelés à choisir, avec un impératif
catégorique : débattre, oui ; « se taper dans les pattes », c’est non. Quoi
qu’il en soit, il va falloir construire à gauche.
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