« L’école de Kaa », l’éditorial de Maurice Ulrich dans l’Humanité de demain mercredi !
L’école de la confiance de Jean-Michel Blanquer n’est pas sans rapports avec
Kaa, le serpent du livre de la jungle. « Croyez en moi ». Pour aller où quand
on est face à une manipulation du langage? Comment parler de confiance quand on
entend mettre en place une réforme de l’éducation nationale en se passant de
ceux qui en sont les agents, chaque jour au contact des élèves, sans leurs
principaux syndicats, sans les parents d’élèves et leurs associations.
Comment ose-t-on parler de confiance quand on veut soumettre les
enseignants à un devoir de réserve qui se traduit déjà par des rappels à
l’ordre adressés à des enseignants qui, comme tel d’entre eux à Dijon, ont le
tort de répondre à des questions d’élèves sur la gauche et la droite.
Au passage, la méthode jette une lumière crue sur le grand
débat. Comment des décisions pourraient ici résulter d’une écoute, quand là on
ne parle pas. Comment penser qu’il s’agirait de construire des solutions politiques
quand là on se passe des artisans. La forme a pu dire Victor Hugo, c’est le
fond qui monte à la surface. Le fond, c’est la construction d’une école
inégalitaire.
Les savoirs dits fondamentaux pour le plus grand nombre, et les
savoirs plus pointus pour ceux qui vont reproduire les « élites » d’aujourd’hui
et sont appelés à être celles de demain. Quand les élèves sont appelés a
définir leur parcours futur et leurs choix de matières dès la seconde, comment
ne pas voir qu’il d’agit de les placer sur les rails d’un parcours tout tracé,
lié aux conditions sociales et territoriales qui sont les leurs.
Le ministre de l’Education nationale est un idéologue. Sa
conception de l’éducation, depuis son goût des neurosciences, jusqu’à cette
prétendue liberté des élèves de construire leur propre parcours est toute
macronienne. Elle occulte les rapports sociaux, les inégalités, comme Emmanuel
Macron les occulte pour bâtir son opposition binaire entre populisme et
progressisme. Quelles qu’en soient les formes, cette occultation dessine une
inclination autoritaire.
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