« L’ESCAMOTEUR », L’EDITORIAL DE PATRICK APEL-MULLER DANS L’HUMANITE DE DEMAIN VENDREDI
Du grand débat, restent des conclusions souvent à l’inverse des souhaits du
pays. Emmanuel Macron l’a réduit à un tour de passe-passe pour escamoter les
colères et les revendications qui secouent le pays. Il a jugé hier que
ses « bonnes orientations » devaient être « préservées,
poursuivies et intensifiées » : « Je n’ai pas fait fausse route », se
rengorge-t-il. Et le président de la République persiste et signe en
cherchant à désamorcer les revendications. Ainsi, refusant le rétablissement de
l’ISF et une imposition plus forte des plus riches, dont les revenus
s’envolent, il a annoncé une baisse de la fiscalisation des revenus en faisant
travailler davantage les Français et en réduisant les dépenses publiques.
Contre toutes les études, il a continué à prétendre que les salariés de ce pays
travaillent moins que leurs voisins. Des Gaulois fainéants, sans doute.
Suppression des 35 heures ? On ne le sait pas encore.
En revanche, l’âge légal de la retraite perdra tout sens. Par un jeu de
décotes, il veut le repousser à 64 ans. La réforme Delevoye a cet
objectif, tout en réduisant les pensions par un système par points. Quant à
la « présence de la nation sur le terrain » et les maisons
« France Service » qu’il promet, elles se feraient,
souhaite-t-il, avec 120 000 fonctionnaires de moins si les mobilisations
sociales le lui permettent. La paille des mots se disperse vite aux grands
vents des réformes libérales.
Aux exigences démocratiques, il oppose ses projets de remodelage
institutionnel, à peine repatinés. La dimension « humaine » qu’il
promet, en concédant l’avoir négligée, n’a pas percé dans des projets palpables
et « l’art d’être français » qu’il a exalté s’est réduit à des
mots creux, voire inquiétants quand il s’est agi de l’immigration, sujet qu’il
veut placer à l’avant-scène.
Ce nouvel « acte » ne laisse pas augurer une amélioration de la situation
de cette majorité de Français qui ne vit que de son travail. « L’État
social augmente et favorise la liberté », proclamait Jaurès. L’État
libéral réduit et supprime le progrès social…
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