« Un avenir à écrire », l’éditorial de Gaël De Santis dans l’Humanité de ce jour !
La lutte
paie. Après moult tergiversations que sous-tendaient les tractations entre
factions d’un obscur pouvoir algérien. Abdelaziz Bouteflika a enfin tiré sa
révérence, mardi. Depuis le 22 février, par dizaines, centaines de milliers ou
millions selon les jours, les Algériens ont manifesté contre la candidature à
un cinquième mandat du patriarche, arrivé au pouvoir en 1999 et affaibli par un
accident vasculaire survenu en 2013.
Dans
un pays où 40% de la population a moins de 25 ans, le maintien d’Abdelaziz
Bouteflika, 82 ans, ne passait pas. Ces six semaines, ces six vendredis ont
changé l’Algérie. L’armée a pris soin de prendre le parti aussi pour défendre
ses propres intérêts – d’accompagner le désir de changement, évitant ainsi que
le mouvement ne soit réprimé. Mardi soir, c’est elle qui a sifflé la fin de la
récréation en commandant un départ immédiat du président. Une heure plus tard,
Bouteflika – ou celui qui tenait son stylo – annonçait sa démission. Il ne
faudrait pas que tout change pour que rien ne change.
Les
Algériens l’ont dit ces dernières semaines : ils veulent prendre en main
leur avenir. Le départ de Bouteflika, qui était en fait, avec son frère Saïd,
la figure de proue d’un clan d’accapareurs, ne suffira pas.
Dans
les mobilisations populaires s’est exprimée une profonde aspiration au
changement de personnel politique, à laquelle le remplacement probable de
Bouteflika par le président du Sénat, Abdelkader Bensalah, l’un de ses proches,
ne répond pas. Les Algériens ont aussi exigé d’autres pratiques, d’où la
popularité du mot d’ordre de IIe République, dans un pays où la
concentration du pouvoir autorise toutes les dérives. D’autres demandes s’expriment
auxquelles il faudra répondre : la lutte contre la corruption, le
clientélisme et l’affairisme, la justice sociale. Selon la Constitution, des élections
doivent se tenir sous quatre-vingt-dix jours. Toute la question aujourd’hui est :
avec quelles forces mener cet immense chantier ?
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