UNE UNION DE NATIONS ET DE PEUPLES SOUVERAINS ET ASSOCIÉS (FRANCIS WURTZ). DANS L’HUMANITÉ DE CE JOUR !
"Faire
des propositions alternatives pour l’Europe ne vaut que si l’on ne sépare pas
le projet en question du chemin susceptible de permettre sa réalisation
progressive. Et à cet égard, les grandes ruptures de demain passent par les
conquêtes partielles d’aujourd’hui.
Dans
cet esprit, je commencerai par évoquer l’enjeu européen immédiat : la
possibilité offerte à chacune et chacun
d’entre nous de contribuer à changer la composition du Parlement européen d’ici
un peu plus d’un mois. Et ce n’est pas un petit enjeu ! Il nous appartient
notamment de faire connaître les véritables pouvoirs de cette Assemblée qui,
contrairement à une idée reçue, sont loin d’être négligeables. Combien de nos
concitoyennes et concitoyens savent-ils, par exemple, que ce n’est pas la « Commission
de Bruxelles » qui décide des « directives » ou des « règlements »
européens, mais les parlementaires européens, conjointement aux représentants
des 27-28 gouvernements, sur la base de projets de la commission ?
Pour
mémoire, la directive européenne sur laquelle s’est appuyé Emmanuel Macron pour
justifier l’ouverture totale de la SNCF à la concurrence a failli être rejetée
au Parlement européen à…24 voix près ! Si 13 députés (sur 704 votants)
avaient voté pour le rejet au lieu de s’y opposer, la donne aurait changé !
Parler
de « l’autre Europe » en négligeant ce premier terrain d’intervention
politique ne serait donc pas pertinent, à mes yeux. Naturellement, ce premier
geste élémentaire doit s’inscrire dans une vision à plus long terme, porteuse d’une
ambition politique qui soit en rupture avec la logique libérale et autoritaire
des traités actuels.
Quelques
axes peuvent illustrer ce projet alternatif.
Le premier
est sans doute l’exigence d’un renversement des priorités de la construction
européenne. Aujourd’hui, c’est la satisfaction des marchés, notamment
financiers. Demain ce doit être l’épanouissement des humains : « L’Europe
des gens, pas de l’argent », comme dit IAN BROSSAT. C’est-à-dire que tous
les moyens disponibles doivent être mis d’abord et avant tout au service de ces
nouvelles priorités. Notamment les moyens financiers colossaux que l’UE est
capable de mobiliser : ceux de la Banque centrale européenne (BCE, qui a
le pouvoir inouï de créer de l’argent à partir de rien dans des proportions
considérables), tout comme ceux qui résulteraient d’une lutte conséquente
contre l’évasion fiscale (que la Parlement européen a, lui-même, évaluée à
quelques 1000 milliards d’euros par an !). Les dépenses publiques, à l’opposé
de leur rationnement actuel, doivent être massivement augmentées en faveur de
la promotion des capacités humaines : éducation, formation, santé, recherche,
culture…
Autre axe majeur de cette nouvelle Europe à construire : une
nouvelle approche sociale de l’écologie. À l’opposé de mesures qui pénalisent
les plus modestes – et mettent artificiellement en concurrence l’environnement
et le social –, il faut des décisions structurantes qui réorientent les
politiques menées pour les rendre « écocompatibles » :
développement du rail, ferroutage, taxation du kérosène utilisé par les
compagnies aériennes ou du carburant des porte-conteneurs, arrêt des traités de
libre-échange, réforme de la PAC dans le sens d’une transition écologique
effective…
Un autre axe incontournable d’une « Europe refondée » est la solidarité. Cela vaut
pour le fonctionnement interne de l’UE, comme dans les relations extérieures de
celles-ci. Ainsi, toute forme de dumping social et fiscal ou de mise en
concurrence des travailleurs doit être proscrite. Les services publics sont au cœur
de cette réorientation de l’économie. Dans le même esprit, es moyens de la BCE (prêts
quasi gratuits à long terme) doivent permettre d’agir contre les inégalités de
développement entre pays, à l’opposé de la « libre concurrence libre et
non faussée ». Concernant les migrations, les conditions d’un accueil
digne des personnes à la recherche d’un havre de paix doivent être créées pour
mettre un terme définitif à l’hécatombe criminelle dans laquelle l’Europe
actuelle perd son honneur. La politique économique avec les pays tiers doit, à
l’opposé du libre-échangisme actuel, reposer sur des coopérations mutuellement
bénéfiques, sans domination.
Un quatrième
axe est l’engagement pour la paix, en tournant le dos à l’OTAN et en œuvrant pour un traité de sécurité collective pour
tout le continent européen. Quant à la vente d’armes, particulièrement à des pays
en conflit, elle doit être proscrite.
Enfin,
un axe majeur traverse tous les autres : le respect de la souveraineté
populaire. Il faut que les coopérations entre Européens soient fondées sur des
choix démocratiques de chaque peuple. Tous les peuples de l’UE ne feront pas
les mêmes choix. Dans certains domaines, les coopérations européennes se feront
à 27 ou plus. Dans d’autres, à 3, à 10 ou à 15. Naturellement, les choix de
chaque peuple doivent être cohérents : on ne peut, par exemple, attendre
la solidarité des autres et le leur refuser en retour. Bref, en impliquant les
citoyens de chaque pays dans la construction de leur Union et en garantissant
qu’ils ne seront pas entraînés là où ils n’ont pas décidé d’aller, nous souhaitons
lever les réticences de plus en plus fortes à coopérer avec les autres peuples.
C’est ce que les communistes appellent une Union de nations et de peuples souverains
et associés".
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