« Une ambition démocratique », l’éditorial de Maurice Ulrich dans l’Humanité de demain vendredi !
La bataille politique ouverte autour du projet de vente d’ADP, Aéroports de Paris, fait éclater au grand jour ce qu’il faut bien appeler désormais la supercherie du Grand Débat. Les Français ont été appelés à discuter de tout pour ne décider de rien et sont désormais invités à attendre sagement le bon vouloir du président.
Au même moment et alors qu’on rentre dans le
dur avec la volonté de livrer aux intérêts privés et aux attentes des
actionnaires un équipement d’intérêt national qui rapporte tout de même, bon an
mal an, 170 millions à la nation, c’est le pouvoir seul qui décide. Le vote
hier des députés de la majorité ne fait que prouver à quel point la servitude
peut-être volontaire. Que chacun de ces députés nous explique en quoi rééditer
l’expérience de la privation des autoroutes peut servir l’intérêt
national.
Il était à la fois cocasse et scandaleux
d’entendre hier matin sur France Inter François de Rugy affirmer que le produit
de cette vente pourrait en retour aider à la création d’entreprises et donc
d’emplois. L’argent de la privatisation ira aux intérêts privés? Le président
dans un discours récent a eu l’aplomb d’évoquer les excès du capitalisme. Il en
est le serviteur.
Les propos hier de Bruno le Maire à l’assemblée
ne sont pas moins cocasses et scandaleux que ceux de l’ancien écologiste. Pour
le ministre de l’économie qui tient bien la barre à droite, vouloir que les
Français se prononcent par référendum sur cette vente, ce serait « faire le jeu
des populismes et affaiblir la démocratie représentative». C’est cocasse parce
qu’il était du temps de Nicolas Sarkozy un chaud partisan de cette procédure,
scandaleux parce que c’est, de manière compulsive en Macronie, une nouvelle
provocation.
C’est la démocratie représentative qui
s’affaiblit elle-même quand, sur une question de première importance, elle se
refuse à consulter ses mandants. En quoi appeler le peuple à se prononcer serait
du populisme? D’autant que la mise en place d’un tel référendum ne relève pas
du bricolage improvisé tous les quatre matins mais requiert le soutien de 4,5
millions de citoyennes et de citoyens. La pétition qui est en route est une
grande et nécessaire ambition démocratique.
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