LE BLOG DES COMMUNISTES DE ROMAINVILLE

jeudi 4 avril 2019

« Un grand bruit », l’éditorial de Maiurice Ulrich dans l’Humanité de demain vendredi !



Non sans audace à son époque, Spinoza, dont on parle beaucoup ces temps-ci, ironisait dans l’un de ses grands ouvrages: « Dieu a-t-il parlé aux hébreux? Oui, d’après les écritures, mais ils n’auraient entendu qu’un grand bruit ». Indiscutablement, Jupiter sous la forme d’Emmanuel Macron a parlé à des Français pendant près de trois mois, encore à des enfants la semaine passée, aux maires bretons et aux Corses cette semaine mais qu’ont-ils entendu et qu’ont-ils retenu?

L’attitude des parlementaires de la majorité à l’assemblée nationale cette semaine, alors qu’il était question du grand débat était au choix affligeant ou cocasse, se satisfaisant de s’opposer à toute proposition des autres groupes sans rien articuler d’intelligible, et pour cause. Le premier ministre est censé évoquer des pistes lundi, mais une seule voix est autorisée à tirer des conclusions, celle d’Emmanuel Macron. On pressent qu’elles seront biaisées. Le président n’a aucune intention de modifier sa politique et sa trajectoire. A titre de petit exemple, le choix de faire entrer au gouvernement la très libérale Amélie de Montchalin l’atteste.

Sans doute est-il parfaitement conscient qu’il va décevoir des attentes qui vont bien au-delà de celles des Gilets jaunes en termes de pouvoir d’achat de justice fiscale, de redistribution des richesses. Mais ce sont précisément ces attentes et ces revendications que son schéma binaire de l’opposition entre progressistes et populistes visent à masquer. Emmanuel Macron entend figer une partie du peuple dans l’image qu’il a fabriquée des gaulois réfractaires, de ceux qui n’ont qu’à traverser la rue pour trouver du travail ou de ces retraités qui n’ont pas la sagesse de rester tranquilles chez eux en ânonnant «merci, merci président». Mais cette stratégie a son revers. Il a voulu confondre délibérément le grand bruit de son grand débat avec sa campagne pour les élections européennes. Dans l’état actuel des choses il a créé lui-même les conditions d’un vote pour ou contre sa politique. Les débats pourtant nécessaires sur l’Europe risquent d’en rester aux caricatures.

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