« Un grand bruit », l’éditorial de Maiurice Ulrich dans l’Humanité de demain vendredi !
Non sans audace à son époque, Spinoza, dont on parle beaucoup ces temps-ci, ironisait dans l’un de ses grands ouvrages: « Dieu a-t-il parlé aux hébreux? Oui, d’après les écritures, mais ils n’auraient entendu qu’un grand bruit ». Indiscutablement, Jupiter sous la forme d’Emmanuel Macron a parlé à des Français pendant près de trois mois, encore à des enfants la semaine passée, aux maires bretons et aux Corses cette semaine mais qu’ont-ils entendu et qu’ont-ils retenu?
L’attitude des parlementaires de la majorité à
l’assemblée nationale cette semaine, alors qu’il était question du grand débat
était au choix affligeant ou cocasse, se satisfaisant de s’opposer à toute
proposition des autres groupes sans rien articuler d’intelligible, et pour
cause. Le premier ministre est censé évoquer des pistes lundi, mais une seule
voix est autorisée à tirer des conclusions, celle d’Emmanuel Macron. On pressent
qu’elles seront biaisées. Le président n’a aucune intention de modifier sa
politique et sa trajectoire. A titre de petit exemple, le choix de faire entrer
au gouvernement la très libérale Amélie de Montchalin l’atteste.
Sans doute est-il parfaitement conscient qu’il
va décevoir des attentes qui vont bien au-delà de celles des Gilets jaunes en
termes de pouvoir d’achat de justice fiscale, de redistribution des richesses.
Mais ce sont précisément ces attentes et ces revendications que son schéma binaire
de l’opposition entre progressistes et populistes visent à masquer. Emmanuel
Macron entend figer une partie du peuple dans l’image qu’il a fabriquée des
gaulois réfractaires, de ceux qui n’ont qu’à traverser la rue pour trouver du
travail ou de ces retraités qui n’ont pas la sagesse de rester tranquilles chez
eux en ânonnant «merci, merci président». Mais cette stratégie a son revers. Il
a voulu confondre délibérément le grand bruit de son grand débat avec sa
campagne pour les élections européennes. Dans l’état actuel des choses il a
créé lui-même les conditions d’un vote pour ou contre sa politique. Les débats
pourtant nécessaires sur l’Europe risquent d’en rester aux caricatures.
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