Smic européen : stop à la régression sociale ! (IAN BROSSAT)
Une tribune de Ian BROSSAT à propos du
SMIC européen et des propos tenus par Nathalie LOISEAU, publiée samedi 13 avril
dans Midi Libre.
Peu de gens le savent, mais Jean-Claude
Juncker touche un salaire de 32 000 euros mensuels. En un mois, le
président de la commission européenne gagne tout simplement deux fois plus que
le salaire moyen annuel d’un travailleur européen ! Quant à un commissaire
européen, il émarge à presque 20 000 euros nets par mois. Comment demander
à ces gens de comprendre les problèmes de Monsieur et Madame
Tout-le-monde ?
Ces salaires exorbitants ne sont pas qu’un symbole particulièrement révélateur de la déconnexion de l’Union européenne. C’est plus grave que cela. Car les instances européennes passent leur temps à faire la leçon aux gouvernements, et à la France en particulier, sur le niveau des salaires qui seraient trop élevés.
S’agissant du Smic, l’Union européenne s’est ainsi permis de faire quelques "recommandations". On y lit par exemple qu’il faudrait tenir compte de la "conjoncture" au moment de fixer le montant du salaire minimal. Autrement dit, lorsque la croissance est faible, finie la réévaluation du Smic. Le message est clair : pendant que les actionnaires se gavent de dividendes, baissons le pouvoir d’achat des salariés les plus modestes.
Aucun des responsables et fonctionnaires européens qui formulent ces propositions ne se rendent compte de ce que c’est de vivre avec 1 170 euros par mois.
Pas plus que Nathalie Loiseau, la candidate LREM aux prochaines élections européennes, qui s’est encore illustrée par une proposition dangereuse pour les travailleurs. Que demande-t-elle ? Un Smic européen fixé à 50 % du salaire médian.
En France, cela représenterait un Smic à 900 € par mois, soit le seuil de pauvreté. Ce nivellement par le bas est une folie, et il n’est souhaitable ni en France ni ailleurs en Europe. Et pourtant, une fois de plus, les libéraux souhaitent faire de l’Europe une gigantesque machine à fabriquer de la régression sociale. Il faut sortir de cette logique infernale, et c’est ce combat que porte le PCF.
Pour permettre à chacune et à chacun de vivre décemment de son travail, je fais la proposition suivante : oui à un SMIC européen, dans chaque pays, correspondant à au moins 60 % du salaire moyen.
En France, le Smic serait ainsi augmenté à 1 400 € nets. Et pour aider les petites et moyennes entreprises qui auraient des difficultés à financer ces hausses de salaires, réorientons vers les TPE et PME les milliards d’euros du crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE), versés aux grandes entreprises sans aucune contrepartie ni effet sur l’emploi.
À cette mesure, j’ajoute également une clause de non-régression sociale : un État-membre pourra s’opposer à toute décision de l’Union Européenne qui dégraderait les conditions de vie et de travail.
Le pouvoir d’achat est depuis des mois au cœur des préoccupations et des revendications, partout en France et en Europe. Il est temps d’en faire une priorité politique. Soyons à la hauteur de l’enjeu !
Ian Brossat, tête de liste PCF aux Européennes et porte-parole du PCF
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