« Moins-disant », l’éditorial de Jean-Emmanuel Ducoin dans l’Humanité de demain mercredi
Nathalie Loiseau,
l’ineffable tête de liste LaREM, a provoqué une belle polémique en évoquant la
possibilité d’un Smic européen, fixant son montant à la moitié du revenu
médian…
Les fausses bonnes idées
sont vieilles comme le monde: elles cachent toujours quelque chose. Ainsi en
est-il du Smic européen proposé par certains, pourtant censé devenir l’une des
pierres angulaires de toute politique sociale qui se respecte dans l’UE, et que
tout citoyen authentiquement de gauche rêve bien sûr de voir mettre en place…
mais pas à n’importe quelle condition! Nathalie Loiseau, l’ineffable tête de
liste LaREM, a provoqué une belle polémique en évoquant la possibilité d’une
telle idée, fixant son montant à la moitié du revenu médian… Nous n’accuserons
pas l’affidée de Macron de vouloir absolument diminuer du jour au lendemain le
Smic des Français, mais l’intention avouée révèle l’état d’esprit. Rappelons
que 50% du salaire médian représenterait, en France, un Smic à
900 euros par mois, soit l’équivalent du seuil de pauvreté. L’idée est là,
posée sur la table, dans toute sa logique: un nivellement par le bas.
Souvenons-nous que
Jean-Claude Juncker, l’actuel président de la Commission européenne, proposait
la même chose, en 2014, pendant la campagne électorale des précédentes
européennes. Vu les résultats – nuls – obtenus sous sa présidence, la
proposition de Mme Loiseau, qui s’inscrit dans sa stricte filiation, provoque
la crainte. D’autant qu’il n’est pas vain – sans aucune démagogie –
de rappeler que M. Juncker perçoit un salaire de 32 000 euros mensuels,
soit deux fois plus que le salaire moyen annuel d’un travailleur européen!
Afin de permettre à
chacun de vivre décemment de son travail, notons que les économistes de gauche
arrivent à un consensus concernant ce fameux Smic européen : au minimum 60% du
salaire moyen, auquel il conviendrait d’ajouter une clause de non-régression
sociale permettant à un État membre de s’opposer à toute décision de l’UE qui
dégraderait les conditions de vie et de travail. Telles seraient les conditions
d’une vraie réforme. Rien à voir avec celle que proposent les amis d’Emmanuel
Macron. Quand ces gens-là parlent de «réforme», c’est toujours le mot détourné
pour dire contre-réforme, voire contre-révolution. À chaque fois, il ne s’agit
que d’un déplacement de la répartition de la valeur au bénéfice du capital:
dérégulation, austérité, baisse du pouvoir d’achat, recul de la solidarité et
des droits des travailleurs. En sémantique, les libéraux aiment les faux amis…
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