« LOGIQUE », L’EDITORIAL DE MAURICE ULRICH DANS L’HUMANITE DE DEMAIN VENDREDI
« Le 1er Mai, c’est la Fête du travail, de ceux qui l’aiment et le
chérissent. » Il y a un lien logique entre cette phrase, mercredi, d’Emmanuel
Macron et les conditions dans lesquelles s’est déroulée la manifestation à
Paris. La phrase renvoie à la France de Pétain. La Fête « du travail et de la
concorde nationale » est instaurée le 1er mai 1941 : « Le travail
des Français est la ressource suprême de la patrie. Il doit être sacré. Le
capitalisme international et le socialisme international qui l’ont exploité et
dégradé font également partie de l’avant-guerre. » Le renvoi dos à dos
du socialisme et du capitalisme international vient à l’appui du capitalisme.
Il nie la légitimité des revendications des travailleurs au nom de l’entente de
tous, ouvriers, patrons. « Chacun à sa place, chacun dans son rôle », disait
Emmanuel Macron après la tragédie de Notre-Dame. C’est une conception du monde,
une idéologie selon la définition de Paul Ricœur, dont Emmanuel Macron se
réclame abusivement, qui vise à maintenir l’ordre des choses existant.
De là à Montparnasse et à la place d’Italie, il n’y a que quelques pas. En grossissant
la menace des black-blocs, le ministre de l’Intérieur a justifié par avance un
déploiement policier démesuré, créant dès le début de la manifestation une
tension culminant avec le traitement réservé à la tête de cortège de la CGT et
son secrétaire général au prétexte de les protéger. Par des tirs de
lacrymogènes ?
Après la
manifestation, c’est l’agression supposée contre la Salpêtrière – démentie
jeudi par de nombreux témoignages – qui était mise en avant… Nous ne sommes
plus dans le maintien de l’ordre. Quel contraste avec ces dizaines de milliers
de manifestants de tous âges, gilets jaunes et badges CGT ou autres, exprimant
avec colère et humour leurs revendications et leur rejet de la politique menée.
Quel contraste. Mais c’est précisément ces manifestants-là que le pouvoir ne
saurait voir. Cette France qui, comme il l’entend, ne travaille pas assez. Il
n’en a pas fini.
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