« Gardiens de la paix ? », l’éditorial de Maurice Ulrich dans l’Humanité de demain mardi
Mais que sont donc devenus les gardiens de la paix ? On peut se poser la question quand on revoit les images de ces quelques cent cinquante jeunes de Mantes-la-Jolie à genoux, les mains sur la tête. Ce n’est pas qu’une question de sémantique. On préfère parler aujourd’hui de maintien de l’ordre, mais de quel ordre s’agit-il quand le choix est fait d’humilier, de menacer, d’abuser de la garde à vue comme pour punir.
Officiellement les policiers sont toujours des
gardiens de la paix. Qui pourrait encore les appeler ainsi après ces images, et
plus encore après six mois de manifestations des gilets jaunes accompagnées de
violences telles qu’on s’en est ému jusqu’à l’ONU. De politiques sécuritaires
en politiques sécuritaires, des rodomontades de Sarkozy aux fake-news de
Christophe Castaner on semble avoir oublié que la police est au service de
l’ordre républicain et de tous.
Ce n’est pas un réquisitoire contre tous les
policiers, mais le fait est que depuis des décennies, au fil d’ailleurs de
l’évolution de leur équipement, les robocops d’aujourd’hui semblent davantage
préparés à un affrontement permanent avec les populations supposées
dangereuses, qu’à aider les vieilles dames à traverser la rue et les jeune à
devenir des citoyens. Sans parler d’arrêter les délinquants en col blanc, les
patrons voyous et les fraudeurs fiscaux… au-delà du résultat psychologique que
nous évoquons plus loin, dans certains cas jusqu’au traumatisme durable, ce qui
est en jeu c’est la philosophie de la république elle-même.
Elle repose sur des piliers. L’obligation
scolaire avec le sentiment qu’elle sert à quelque chose, le consentement à
l’impôt s’il est juste, le respect des institutions, dont la police, si elles
sont au service de tous. Ces trois piliers sont mis à mal par l’oligarchie au
pouvoir, par le choix des premiers de cordée contre l’intérêt général.
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