« NE VOUS LAISSEZ PAS FAIRE », L’EDITORIAL DE PATRICK APEL-MULLER DANS L’HUMANITE DE CE JOUR !
À nous tous d’écrire un autre scénario
que celui signé par les deux faux ennemis.
Ce n’est pas un duel mais un duo, une campagne courte échelle où la saillie
de l’auguste réjouit le clown blanc. Emmanuel Macron et Marine Le Pen, par
têtes de liste interposées, ont voulu étouffer les élections européennes dans
une répétition du second tour de l’élection présidentielle. Mais ici et
maintenant, il ne s’agit pas de dresser un barrage ou de déterminer qui
franchira le premier la ligne d’arrivée. L’élection se joue en effet à la
proportionnelle, même tronquée par le seuil de 5 % imposé par le président.
En réduisant l’enjeu au mal et au pis, l’un et l’autre espèrent décourager
l’électorat populaire et marginaliser les alternatives de progrès social. Le
piège est là qui figerait les mois qui viennent dans des surenchères libérales
et un rejet haineux de l’immigration, en dépit des colères populaires ou des
mobilisations sociales.
Le pire n’est pas certain. La mobilisation dans les dernières heures des
proches et des collègues peut ouvrir le jeu en ne laissant pas la parole aux
plus nantis, à ceux qui votent à tous les coups parce qu’ils ont une conscience
aiguë de leurs intérêts et qu’ils ont besoin d’ajouter le pouvoir politique à
leur puissance économique. Le calendrier du gouvernemet leur donne toute
satifaction avec les lois de destruction de la Fonction publique, des retraites
et des services publics. Mais une prise de conscience des enjeux écologiques,
des inégalités creusées et de la nature du pouvoir s’est fait jour dans une
partie importante de la population. La dynamique de la campagne de Ian Brossat
a montré que la gauche peut retrouver des colères. Permettre à sa liste de
dépasser 5 % doterait le pays d’élus inflexibles sur les intérêts
populaires et serait investir pour des alternatives porteuses de progrès social
et écologique, de valeurs de fraternité et de solidarité. L’Europe et la France
s’en porteraient mieux.
À nous tous d’écrire
un autre scénario que celui signé par les deux faux ennemis.
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