« DE SI PRÉCIEUX SYNDICATS », L’EDITORIAL DE PATRICK APEL-MULLER DANS L’HUMANITE DE DEMAIN LUNDI
Des commentateurs l’ont enterré ; certains, quand la rue gronde trop fort,
déplorent son affaiblissement ; d’autres enfin l’aiment domestiqué, voué à
accompagner des politiques décidées dans les cercles libéraux. Le syndicalisme,
pourtant, reste indissociable de la question sociale. Les gilets jaunes
eux-mêmes, confrontés à l’inflexibilité et la brutalité du pouvoir, ont fini
par se rapprocher de la CGT pour résister à l’usure de leur mouvement et parce
que l’entreprise et le travail restent le cœur des enjeux de progrès.
Reste qu’à l’ouverture du congrès de la CGT, les syndicats sont confrontés
à de nouveaux défis qu’ils peinent encore à relever. Depuis plusieurs
décennies, le monde du travail se disperse dans des statuts variés, la
précarité affaiblit les possibilités de s’organiser, un travail idéologique
patient impulsé par le patronat lime les solidarités, individualise les
parcours et fait de chacun le responsable des maux dont il est victime. Ce qui
est vrai dans le monde des services et des PME l’est tout autant dans celui de
l’enseignement.
Comment relever le
gant, passer d’une posture défensive, remparé dans des bastions pilonnés par
les réformes libérales, à un nouvel élan qui rencontre les jeunes victimes de
nouvelles formes d’emploi, les salariés modestes éparpillés dans des
entreprises moyennes dépourvues de bases syndicales, les employés et cadres de
l’espace numérique ? Comment dépasser le cadre des corporations pour tisser des
liens qui unissent l’ensemble du salariat et lui permettent de résister, de
gagner de nouveaux droits ? À partir d’aujourd’hui, les congressistes de la CGT
ont ces dossiers sur leurs tables à Dijon. Leur résolution concerne toute la
société et son avenir. Ce chantier ne peut être différé au risque de
régressions douloureuses et d’aventures politiques désastreuses.
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