« Gâchis d'Etat », l’éditorial de Jean-Emmanuel Ducoin dans l’Humanité de demain mercredi
La saignée sociale
annoncée par General Electric (ex Alstom) contredit la parole d'Emmanuel
Macron. Ce gâchis monumental illustre l’absence de stratégie industrielle
de l’État et les conséquences dévastatrices qu’entraîne un tel renoncement.
Et pendant ce temps-là,
les grandes manœuvres de l’industrie capitaliste se poursuivent, sans susciter
le moindre émoi du côté du pouvoir – pourtant impliqué jusqu’au cou. Les
dirigeants du géant américain General Electric (GE) ont donc confirmé qu’ils
envisageaient la suppression de plus de 1.000 postes en France, essentiellement
sur le site emblématique de Belfort, ex-fleuron d’Alstom, une nouvelle fois
martyrisé. Cette véritable saignée, qui concerne plus de la moitié des salariés
de l’activité gaz, vient contredire la parole d’Emmanuel Macron. Début mai, le
président avait assuré dans un courrier aux élus locaux que le dossier GE
Belfort faisait l’objet de «la plus grande vigilance de la part de
l’État»… Curieux, n’est-ce pas, comme la mémoire chauffe parfois? Car, dans
cette histoire tragique, où est passé «l’État actionnaire», celui que, jadis,
nous nommions «l’État stratège»?
Emmanuel Macron connaît
bien Alstom. Alors ministre de l’Économie, c’est lui qui avait autorisé, en
2014, la vente des activités énergie du groupe français à l’américain General
Electric (GE), dossier qu’il avait également suivi à l’Élysée lorsqu’il
conseillait François Hollande. Depuis cette cession, l’ancien banquier
d’affaires est accusé d’avoir bradé le champion tricolore. Plus grave. À
l’époque, GE s’était engagé à créer plus de 1 000 emplois en France… Résultat,
ce gâchis monumental illustre l’absence de stratégie industrielle de l’État et
les conséquences dévastatrices qu’entraîne un tel renoncement. D’ailleurs, ce
qui se trame chez Renault doit également nous alerter. Si l’entreprise
automobile fomente un projet de fusion avec Fiat-Chrysler, nous en connaissons
désormais les risques: il s’agirait en vérité d’une prise de contrôle par les
capitaux italiens, puisque la famille Agnelli et sa holding Exor, propriétaires
de Fiat, deviendraient le premier actionnaire, loin devant l’État français, qui
perdrait ainsi sa minorité de blocage. Tout est dit. Et on voudrait encore nous
convaincre que le «nouveau monde» est synonyme de «nouvelle politique
industrielle»?
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