Réforme Macron : un hold-up sur les plus belles années à la retraite (Olivier Dartigolles)
Le Premier ministre vient d’indiquer que
le projet de loi sur les retraites sera présenté à la fin de l’été. La rentrée
de septembre sera donc très fortement marquée par ces enjeux.
Après la cacophonie gouvernementale sur
l’âge de départ à la retraite, Emmanuel Macron a fait le choix d’un allongement
de la durée de cotisation. L’exécutif et J.-P. Delevoye, le haut-commissaire en
charge des retraites, se fixent l’objectif de maintenir un niveau de dépense de
retraite bloqué à un plafond, les 14 % du PIB actuel, malgré
l’augmentation du nombre de retraités dans les années à venir. Là est le cœur
du problème. Tout le reste en découle.
En matière de retraite, quand on regarde
de près les dernières enquêtes d’opinion, les citoyens aspirent à une réforme
qui puise apporter trois réponses claires pour éviter un véritable hold-up sur
les années à la retraite en bonne santé puis, avec le vieillissement de la
population, celles où l’aide et l’accompagnement à l’autonomie sera un vrai
choix de société. Quel niveau de pension par rapport au salaire de fin de
carrière ? À quel âge ? Pour quel niveau de vie ?
La stratégie du macronisme va consister
à ne pas apporter des réponses claires à ces trois questions en essayant, comme
le chef de l’État l’a fait lors de sa confrérie de presse, de noyer le poisson
sur le « travailler davantage », le « différentiel avec nos
voisins en termes de créations de richesse », la pseudo égalité avec un
système de retraite « par points » sans que personne ne sache
vraiment ce que vaudront ces « points »... Il va falloir
contre-argumenter et le faire dans le cadre d’une bataille politique et
idéologique de grande ampleur dans les mois à venir. Comment ?
D’abord en faisant la lumière sur une
réalité : la réforme Macron aurait pour conséquence un effondrement du niveau
des pensions de toutes et tous. Nous en ferons la démonstration. Quant à la
réversion, elle deviendrait une option facultative. L’essentiel des salariés
serait exclu de dispositifs de solidarité. Pour les femmes, c’est à coup sûr la
double peine : les inégalités de salaires et de carrières creuseront encore
plus les écarts sur le montant des pensions et sur les âges de départ. Avec
cette réforme, les retraités seraient condamnés à voir leur pouvoir d’achat
marginalisé par rapport à celui des actifs.
Enfin, la réforme entraînerait un
nouveau recul de l’âge effectif de départ à la retraite. Décaler son départ...
mais jusqu’à quel âge ? Selon la dernière étude d’Eurostat réalisée en 2015, si
la France se situe parmi les premiers en matière d’espérance de vie à la
naissance, ses indicateurs en matière d’espérance de vie en bonne santé sont
médiocres, en dessous de la moyenne européenne. C’est pourquoi la réforme
Macron serait un véritable hold-up sur les plus belles années à la retraite.
Après ce contre-argumentaire, nous présenterons nos alternatives. Nous
parlerons des politiques d’austérité, des cotisations sociales, d’emploi et de
salaires, du coût du capital que les entreprises payent et font payer à leurs
salariés. Une réforme des retraites pose en fait de véritables enjeux de
civilisation. Macron et sa majorité parlementaire veulent en finir avec la
Sécurité sociale par une accélération libérale, étatique et autoritaire. Il est
parfaitement possible de faire face aux défis démographiques à venir par un
financement intergénérationnel et solidaire en s’appuyant sur les richesses
créées par le travail. En refusant les préjugés sur le « troisième
âge », dont le macronisme abuse, et le flot de contrevérités dominantes
sur la vieillesse, on peut tout au contraire penser à une vie digne qui vaille
d’être vécue jusqu’au bout de l’existence.
Le collectif de travail sur la réforme
des retraites proposera différentes initiatives lors de l’université d’été et
la Fête de l’Huma pour contre-argumenter, proposer une autre direction et agir
dans un cadre unitaire de riposte à Macron. Avec une action en direction de la
jeune génération : lors de notre dernière réunion, le collectif a évoqué cette
dimension essentielle à la campagne sur les retraites.
Olivier Dartigolles, membre du CEN.
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