« VIOLENCE ET SERVILITÉ », L’EDITORIAL DE MICHEL GUILLOUX DANS L’HUMANITE DE DEMAIN LUNDI
Consternant ou éclairant ? L’acharnement, du premier ministre au délégué
général du parti présidentiel hier encore, mis à défendre Christophe Castaner
contre toute vérité des faits et du sens des mots est à tout le moins
inquiétant. Les témoignages courageux, tant des personnels eux-mêmes que des
personnes qui ont subi des dizaines d’heures de garde à vue et de brimades pour
avoir voulu chercher refuge ce 1er Mai à Paris dans l’enceinte de l’hôpital de
la Pitié-Salpêtrière, sont accablants. Leurs versions respectives convergent.
On songe, en passant, à une plaisanterie amère qui circule ces jours-ci : pour
casser l’hôpital public, la politique de santé de ce gouvernement suffit. Un
appel d’élus locaux l’a encore rappelé dimanche. Au final, le ministre de
l’Intérieur apparaît au mieux comme un menteur, au pire comme un dangereux
pompier pyromane de la démocratie, sociale et politique. Il est salutaire qu’à
l’instar des parlementaires communistes, de nombreuses voix s’élèvent à gauche
pour réclamer aujourd’hui l’audition du ministre de l’Intérieur devant les
commissions ad hoc de l’Assemblée et du Sénat.
L’affaire Benalla
avait débuté, en juillet 2018, par les mêmes cris d’orfraie dans les
allées du pouvoir, avant de révéler comment l’esprit de privatisation
gangrenait jusqu’au cœur de l’Élysée. Le montage de la Pitié-Salpêtrière
s’ajoute aux multiples violations policières du droit de manifester
– ciblant courageusement les plus jeunes des citoyens –, voire de
distribuer des tracts – deux candidates de la liste communiste aux européennes
en ont fait les frais. Le mensonge et l’intimidation deviennent les auxiliaires
d’une politique d’autant plus autoritaire que son versant austéritaire suscite
l’opposition, voire la contestation des logiques prédatrices qu’elle
accompagne. Jusqu’où peut mener l’adhésion servile à la dictature des
marchés.
Par Michel Guilloux
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