" Européennes, Macron joue gros ", l’éditorial de Jean-Emmanuel Ducoin dans l’Humanité de demain jeudi
A vouloir réduire cette
élection européenne à un duel entre lui-même et Marine Le Pen, allant
jusqu’à usurper l’expression de «progressiste», le président est en partie
responsable de sa situation et assez comptable de l’ampleur de l’abstention qui
se profile à l’horizon.
Ainsi, plus d’un
Français sur deux qui s’exprimera dans les urnes, dimanche 26 mai, aura
pour première motivation de «sanctionner» Emmanuel Macron. Peine
perdue: campagne ratée. Non seulement Jupiter n’a rien résolu à l’ambiguïté de ses
deux premières années de mandat née d’une «effraction», selon son propre
mot, mais sa liste «Renaissance» pour laquelle il s’implique tant est devenue
une sorte de chiffon rouge qui pourrait se solder par un «carton rouge». Tout
dans la dernière séquence le démontre: à vouloir réduire cette élection
européenne à un duel entre lui-même et Marine Le Pen, allant jusqu’à
usurper l’expression de «progressiste», le président est en partie responsable
de cette situation et assez comptable de l’ampleur de l’abstention qui se
profile à l’horizon. À quoi joue-t-il? À utiliser l’idiot utile du système:
l’extrême droite. Que joue-t-il? Sans doute le reste de son quinquennat et le
peu de légitimité politique encore à son crédit. D’autant que ce scrutin
s’avère rarement favorable au pouvoir en place. Une simple vérité s’impose
donc: si «sa» candidate, Nathalie Loiseau, n’arrive pas en tête, l’échec
rejaillira sur lui. Il en sera personnellement responsable. Son ministre Bruno
Le Maire ne l’a pas caché: seule une victoire de la majorité «permettra
de redonner un élan à la politique du gouvernement»…
Rappelons que les
mesures de Macron pour tenter d’éteindre le feu des gilets jaunes ont été si
dérisoires qu’elles n’ont en rien calmé l’hystérisation de la vie politique, due
à ce sentiment que le pouvoir n’a pour seul objectif que de décourager le
mouvement social. N’oublions donc pas la désillusion du « grand débat » et le
risque considérable pris par le président vis-à-vis d’une opinion
incandescente. Pas seulement pour lui, mais pour la démocratie, puisqu’une
logique mortifère peut toujours jaillir du chaos. Ian Brossat, à la tête d’une
vraie liste «carton rouge» à Macron, a bien raison quand il déclare souhaiter
que la gauche retrouve vite «le chemin de l’unité et du rassemblement», sur
des bases fermes et sociales, pour que «le débat politique ne se limite
pas à un affrontement entre les fachos d’un côté, les libéraux d’autre part». Il
faudra un peu de temps, c’est certain. Mais cela peut commencer dès ce
dimanche.
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