« LE 26 MAI, FAIRE D’UNE PIERRE DEUX COUPS » !, L’EDITORIAL DE PATRICK LE HYARIC DANS L’HUMANITE DE DEMAIN
La mise en scène de l’affrontement entre l’extrême droite et le parti
présidentiel servie jusqu’à la nausée dans la dernière ligne droite de la
campagne électorale a été rodée de longue date. En novembre 2017, le président
de la République fomentait dans les salons de l’Élysée un nouveau mode de
scrutin pour les élections européennes qui promettait le recours à la
proportionnelle, censée rendre compte du pluralisme politique dans la
composition du futur Parlement européen. Mais le diable se cache dans les
détails. Un seuil à 5 % a été fixé pour qu’une liste puisse obtenir des
députés, automatiquement au nombre de quatre. Ce seuil, le plus haut d’Europe,
vise à contourner les effets de l’élection à la proportionnelle en écrasant la
diversité politique du pays, ramenée, selon les souhaits du président, à son
duo savamment entretenu avec l’extrême droite. Et une part très importante des
suffrages exprimés, noyés parmi les 34 listes déposées, n’aura pas de
représentation.
L’élection « proportionnelle » tant vantée devient dès lors une machine à
fabriquer du consentement puisque les 79 sièges dévolus à la France seront
répartis d’abord en faveur des listes dominantes. Ainsi, des enquêtes d’opinion
commandées par des journaux annoncent et mettent en scène depuis des semaines
un scénario selon lequel les listes de l’extrême droite et de la majorité
présidentielle rafleraient à elles seules respectivement 24 et 23 élus, soit, au
total, 47 élus et donc… 68 % des sièges disponibles avec moins de la
moitié des voix !
On nous vend la proportionnelle et, par la magie d’un seuil élevé, on se
retrouve avec le fait majoritaire écrasant pour éliminer du Parlement européen
les forces de l’alternative. Contrairement à ce qui se dit parfois, le fait
qu’une liste de gauche soit maintenue sous le seuil des 5 % ne profite à
aucune autre liste de gauche, mais renforce au contraire les deux listes
présentées comme dominantes par les sondages. Et le phénomène est d’autant plus
important que l’abstention s’annonce forte et touche davantage les milieux
populaires.
Les électrices et électeurs ont le moyen de retourner cette imposture
démocratique contre ses concepteurs et l’extrême droite à l’affût. Pour ce
faire, il leur suffit d’aller voter en déposant dans l’urne le maximum de
bulletins de la liste conduite par Ian Brossat. La dynamique dont il profite et
le succès que rencontre sa campagne mettent le seuil des 5 % à sa portée.
Ce vote leur permettrait de faire d’une pierre deux coups : élire quatre
députés communistes utiles pour défendre le monde du travail et les classes
populaires qui renforceront le bloc de gauche au Parlement européen, tout en
sanctionnant le duo installé entre la majorité présidentielle et l’extrême
droite en lui ôtant quatre députés. C’est maintenant que cela se décide. Seule
la mobilisation peut bousculer le scénario écrit par les commis politiques des
puissances d’argent.
On nous vend la
proportionnelle et, par la magie d’un seuil élevé, on se retrouve avec le fait
majoritaire écrasant.
Par Patrick Le Hyaric
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