« ANCRAGE », L’EDITORIAL DE MAURICE ULRICH DANS L’HUMANITE DE DEMAIN MARDI
La gauche en serait-elle, dimanche prochain, à jouer sa survie, comme le
titrait hier le quotidien Libération ? C’est une manière de voir,
mais est-ce bien de cela qu’il s’agit ? On ne peut en douter, les jours qui
viennent vont voir orchestré encore l’effet bulldozer de ce qui nous est
présenté et voulu par leurs protagonistes comme un duel Macron-Le Pen,
occultant tout véritable débat politique au profit de cette fausse opposition.
Fausse opposition. Qui peut croire que les votes d’extrême droite, en
France comme en Europe, et quelles que soient les différences entre les
formations qui s’y rattachent, pourraient, si peu que ce soit, être porteurs de
progrès social ? Toutes ces forces ne se réclament que de l’exclusion et de la
haine, de l’inégalité entre les hommes. On parle de populisme, mais le populisme,
ce n’est pas, servir les peuples, c’est les diviser et les laisser désarmés
face aux politiques économiques du capital. Fausse opposition car la réalité,
c’est qu’Emmanuel Macron en a besoin pour maintenir son cap, poursuivre sa
politique abusivement qualifiée de progressiste quand elle est faite de
régression sociale, de divisions entre inclus et exclus, entre Gaulois
réfractaires et modernes, entre fainéants et entrepreneurs d’eux-mêmes.
En France, comme en
Europe, il n’y a que la gauche pour s’opposer à ce faux duel, qui ressemble au
numéro, dans les séries télévisées, du bon et du mauvais flic. On dit bien la
gauche dans sa diversité et ses différences. Il est vrai que, d’une certaine
manière, ses têtes de liste si l’on peut dire, n’impriment pas, à l’exception
de Ian Brossat, dont les sondeurs, comme nombre de commentateurs, notent qu’il
surprend dans cette campagne. De ce point de vue, par sa composition, la
diversité de ceux qui la soutiennent et sa clarté, la liste qu’il conduit peut
constituer un vrai point d’ancrage. D’abord pour un vote clair dimanche,
ensuite pour les rassemblements qui seront nécessaires. Il ne s’agit pas de
survie en soi et pour soi mais de savoir si la France et l’Europe sont vouées
aux régressions sociales et morales.
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