« Il gèle sur la ferme France », l’éditorial de Paule Masson dans l’Humanité de ce jour !
En matière
de politique agricole, Emmanuel Macron marche sur des œufs. L’an dernier il en
avait un sur la tête. Il se fait fort, cette année, d’arpenter les allées du Salon de l’agriculture en battant le record de la
journée la plus longue passer à tâter le cul des vaches. Ou des poules. Face à
la colère des agriculteurs, dont un tiers gagne moins de 350 euros par mois, et
à la méfiance des consommateurs sur la qualité de l’alimentation, le président
de la République a promis un « printemps agricole ». Pour l’heure, il
gèle encore sur la ferme de France. Le « prix juste » pour les
producteurs était annoncé comme « l’étape de base ». Mais la grande
distribution écrase de sa puissance les négociations en cours. Au bout de la
chaîne, les paysans restent les dindons de la farce.
Devant
700 jeunes agriculteurs, invités à l’Élysée pour l’occasion, le chef de l’État
a piétiné le champ de toutes ses incohérences, de l’annonce d’un plan « ambition
bio », quand les aides sont supprimées, à la coexistence de plusieurs
modèles, quand l’étalon productiviste conduit à la malbouffe et aux scandales
alimentaires. « L’industrie ou les paysans, il faut choisir », interpellent
les éleveurs, mobilisés depuis plusieurs semaines contre l’accord de libre-échange
qui se négocie entre l’Europe et les pays latino-américains du Mercosur. Ils posent
la vraie question. Et le problème est moins de jurer que jamais « il n’y
aura jamais de bœufs aux hormones en France » que d’empêcher une
concurrence déloyale qui inonde le monde d’aliments low-cost et nourrit la
spéculation sur les matières premières.
En matière
d’alimentation, le flou n’est plus de mise. Il faut repenser un modèle durable
permettant de nourrir mieux un plus grand nombre d’habitants. Contrairement à
la logique de la PAC, les aides financières doivent favoriser la transition
vers le développement d’une agriculture fermière, écologique, créatrice d’emplois
et de bien-être social. Au pays de la gastronomie, la revendication d’un droit
au bien-manger pour tous est encore un objet de lutte.
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