« Doubles jeux », l’éditorial de Patrick Apel-Muller dans l’Humanité de ce jour !
Dans
le vent et le froid, un étrange théâtre s’ouvre à Pyeongchang. Depuis le monde
s’inquiète de la querelle entre Donald Trump
et Kim Jong-un, l’un se vantant d’avoir un « plus gros bouton
nucléaire » et l’autre promettant l’apocalypse si son pays était attaqué. Les
jeux Olympiques auraient pu signer une nouvelle escalade dans la guerre des
mots et rappelons-nous que, il y a quelques mois, la délégation française envisageait
de ne plus y participer pour protéger la sécurité de ses athlètes. La compétition
a, au contraire, entrouvert les rideaux de barbelés qui séparent les deux
moitiés du pays depuis 1948. Le défilé d’ouverture unira dans une même
délégation les représentants des deux camps ; les drapeaux des deux États
se mêlent lors de cérémonies et le hockey féminin les unira dans une même
équipe. La Président sud-coréen, Moon Jae-in, à peine élu en mai 2017, avait
affiché son intention de réaliser des « Jeux de la paix » ; il
est en passe d’y parvenir.
Le plus
furieux de ce nouveau climat fulmine à la Maison-Blanche. Il a désigné
Pyeongchang comme le nouvel empire du mal et, barreau après barreau, s’est
lancé dans l’escalade. Mercredi encore, Washington annonçait que les États-Unis
préparaient de nouvelles sanctions, « les plus dures et les plus
offensives jamais prises contre la Corée du Nord ». Ses services
alimentent une violente campagne de la droite sud-coréenne contre la
perspective d’une réunification. La République populaire démocratique de Corée
de son côté, veut montrer qu’elle ne baisse pas la garde et a fait défiler ses
troupes, hier, dans une grande parade. Pourtant, malgré les inquiétudes que peut
susciter une unification dans une jeunesse de plus en plus précaire et chômeuse
du Sud, les fleurs de givre d’une détente semblent l’emporter sur la culture du
ressentiment.
Les deux
Corées ne sont pas prêtes à n’en faire qu’une, mais une réconciliation et une
coopération économique ne semblent pas hors de portée. Ce sera du sport, sans
doute, mais, d’un coup, la grande machine des JO, avec ses sponsors et ses
milliards, n’apparaît plus seulement comme un spectacle, mais comme un jeu
sérieux, voire utile.
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