« Les entrailles », l’éditorial de Michel Guilloux dans l’Humanité de ce jour !
58%
des personnes interrogées souhaitent la renationalisation du rail. Le prix du
billet a été multiplié par 3,5. La régularité ne va pas mieux. 80% des trains
sont en retard, quand ils ne sont pas annulés sans préavis. Quant aux comptes
publics, l’État a été sollicité par les compagnies privées pour mettre au pot
près de 5 milliards d’euros. Ceci n’est pas de la politique-fiction mais la Grande-Bretagne
d’aujourd’hui. Et en France, qu’est-ce qui rend la situation de la SNCF « intenable »,
pour reprendre le mot du premier ministre ? Le statut des cheminots ou les
logiques financières qui corrompent le service public de l’intérieur depuis des
années et que le pouvoir entend amplifier par ordonnances ? En quoi
supprimer le statut des cheminots fera –t – il arriver les trains à l’heure ? En quoi ne
plus reconnaître la pénibilité d’un service à assurer de nuit et le week-end
aidera – t – il à moderniser les transports ? En quoi rendre les cheminots
aussi précaires que les autres salariés augmentera – t – il la sécurité ?
Qui n’a
pas mis un centime dans l’entretien des infrastructures durant des décennies ?
Et qui répare un centre d’aiguillage en panne du fait du recours à la
sous-traitance à outrance, en pleine transhumance estivale, et ne rechigne pas
à sortir dans la neige et le froid quand il faut ? Le premier ministre
sait pertinemment de quoi il retourne, tout comme le chef de l’État. Ce dernier
a cru aviser, d’opposer au Salon de l’agriculture samedi, les cheminots et les
paysans qui crèvent de faim. Le locataire de Matignon crie à l’idéologie si
jamais on osait mettre en cause le passage en force annoncé hier. Diviser,
refuser le temps de la délibération sociale et démocratique. Chercher à
dégonfler des convergences possibles en évacuant provisoirement la question des
« petites lignes ». La forme est du fond qui remonte à la surface
parce qu’elle « vient des entrailles de l’idée » comme l’écrivait
Hugo. La méthode Macron-Philippe appliquée à la SNCF, après le Code du travail
et avant les autres chantiers « sociaux » indique l’ampleur du
traitement de choc que ce pouvoir entré « par effraction » à l’Élysée
a fait subir au pays au profit des forces de l’argent. La chantier de
rassemblement et de résistance à y opposer lui est proportionnel.
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