" Des requins dans les piscines ", l’éditorial de Maurice Ulrich dans l’Humanité de ce jour !
La rigueur
prêtée généralement à la Cour des comptes et à son rapport annuel, censé
épingler les gaspillages et les dérèglements de tous ordres dans la gestion de
l’argent public, peut carrément tourner à l’absurde. Au moins en apparence. Ainsi
met-elle en cause cette année les piscines publique dont les recettes sont trop
modérées « par l’exercice de missions de service public », soit donc
l’accueil des associations, des clubs, des tarifs réduits, bien entendu l’accueil
des scolaires. C’est clair. Le problème des piscines publiques, c’est qu’elles
sont publiques, ce que l’on pourrait dire aussi, d’ailleurs, de l’école. On se
demande un peu, tout de même, s’il faut attribuer ces lignes à un cynisme
assumé ou à la naïveté satisfaite d’experts formatés par quelques décennies de
pensée libérale.
Cette
phrase à elle seule illustre les « fondamentaux » de la Cour des
comptes. Quand bien même il lui arrive de signaler tel ou tel abus réel, de s’inquiéter
d’une dérive financière sérieuse, le dogme, c’est la réduction constante de la
dépense publique et l’impérieuse obligation de s’en tenir à la réduction à 3%
du déficit exigée par Bruxelles. Ni la question de la progressivité de l’impôt
ni celles de la fin de l’ISF ou du plafonnement de la taxation du capital n’entrent
dans son champ d’analyse et de prescription. Car la Cour des comptes est bel et
bien prescriptive.
Elle
a évidemment l’oreille du président de la République et du gouvernement, qui
voient dans cette caution « comptable » la justification de leur
politique. Suppression des emplois aidés. Suppression de 120 000 postes de
fonctionnaires…La privatisation de la SNCF, bientôt ouverte comme l’énergie l’est
déjà à tous les appétits, en fait partie. Tout ce qui relève de l’action
publique est pensé en termes de coût. Mais ce n’est pas le problème. Ces coûts
pourraient être assumés par une réforme démocratique de la fiscalité. La réalité,
c’est qu’il s’agit d’ouvrir de nouveaux espaces au capital. Il y a des requins
dans les piscines.
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