Convention sur l’accueil du jeune enfant : « Intervention de Brigitte MORANNE au Conseil municipal du 15 février 2018 »
« Groupe Front de Gauche – Romainville Ensemble »
Convention d’objectifs et de financement sur le diagnostic
portant sur l’optimisation du fonctionnement des établissements d’accueil du
Jeune enfant, municipaux.
Avant de prendre part au vote de cette convention, il me
semble important de rappeler le cadre législatif encadrant la gestion des
structures « petite enfance » et ses conséquences sur leur
fonctionnement.
En 2010, Nadine Morano, Secrétaire d’État à la famille,
malgré les manifestations des personnels de petite enfance, des associations de
parents et parfois d’élus départementaux a assoupli la réglementation encadrant
l’accueil des enfants de moins de 6 ans, en publiant en force le décret N° 2010
– 613 du 7 juin 2010.
Quel en est le contenu ?
Ce décret n’a pas touché le taux d’encadrement pour les
crèches datant de l’après-guerre. Il demeure, à raison d’un professionnel pour
5 enfants qui ne marchent pas, d’un pour 8 enfants qui marchent. Par contre,
pour les jardins d’enfants, il est passé de 1 personnel sur 8, à 1 pour 12.
Les plafonds d’accueil sont restés inchangés, mais le
nombre d’enfants pouvant être accueillis en surnombre, certains jours, est
relevé de 10% à 15% de la capacité d’accueil dans les structures de 20 à 40
places et à 20% dans celles de plus de 40 places.
Par ailleurs, ce décret a révisé à la baisse la proportion
de personnels qualifiés encadrant les enfants.
Le nombre de puéricultrices ou puériculteurs, d’éducatrices
ou d’éducateurs, d’infirmières ou infirmiers, de psychomotriciennes ou
psychomotriciens et d’auxiliaires en puériculture diplômés sont passés de 50% à
40% des effectifs.
Ces mesures prises dans la hâte et avec pour souci premier
de faire des économies sont toujours en vigueur. En 2013, le gouvernement avait
promis d’abroger ce décret, mais rien n’a été fait dans ce sens, prétextant
qu’il était difficile de recruter des personnels formés.
Qu’a- t-il été fait alors pour changer cette
situation ?
Depuis 2010 à aujourd’hui, pas de plan de formation à la
hauteur des besoins. Je rappelle qu’il faut une année pour former une ou un
auxiliaire de puériculture et 3 ans pour les éducatrices, éducateurs de Jeune
Enfants (EJE)
Le collectif « pas de bébés à la consigne »,
composé de professionnels de la petite enfance, de chercheurs des sciences de
l’éducation, d’associations de parents et de syndicalistes propose le
développement d’une politique ambitieuse de la petite enfance, à commencer par
la formation des professionnels. Il propose la création d’une vraie filière
petite enfance en conservant la diversité des diplômes, particularité française
qui est une richesse.
Il n’y a pas eu de revalorisation salariale des personnels. Entre
le gel du point d’indice et le passage en catégorie A au rabais des EJE proposé
en fin de quinquennat Hollande pour être appliqué en 2018. Mais c’était encore
trop pour le gouvernement actuel puisqu’il a décidé de geler ce reclassement en
catégorie A.
Quelles conséquences sur le terrain de ces
politiques ?
Les personnels se retrouvent souvent à flux tendu. Les
personnels qualifiés se retrouvent du coup, la plupart du temps, en direction
et non auprès des enfants.
Les EJE, quand elles ou ils sont en section sont souvent
amenés à remplacer les auxiliaires de puériculture ou CAP petite enfance, au
détriment de leur propre mission qui est la mise en œuvre de leur projet
pédagogique.
La Caisse d’Allocations Familiales (CAF) exerce alors une
pression à coup de subventions sur les structures pour remplir les crèches et
jardins d’enfants. Ce taux de remplissage instaure ainsi un climat de pression
sur les responsables et leurs équipes.
Les professionnels dénoncent, ces dernières années, une dégradation de leurs conditions de
travail, et des conditions d’accueil des jeunes enfants. Car même si certaines
structures, essentiellement publiques ont élevé le quota réglementaire en
personnel, il ne permet pas toujours de pallier aux congés maternité, maladies,
journées enfant malade, etc…
Si la Caisse d’Allocations familiales est très regardante
sur le taux de remplissage des structures, elle l’est beaucoup moins sur le
taux d’effectifs, non pas théoriques mais réels.
Oui, nous sommes pour le développement des modes d’accueil
des jeunes enfants, répondant aux besoins des familles, mais il ne peut se
concevoir sans une exigence de qualité garantissant pédagogie, sécurité et
développement pour les plus petits. En choisissant de faire du chiffre, tout en
réduisant les coûts, les différents gouvernements font peser une réelle menace
sur la qualité de l’accueil des jeunes enfants.
Aujourd’hui, le collectif « pas de bébés à la consigne
« a alerté les parents et les professionnels de la petite enfance sur un
projet d’ordonnances prévoyant d’instaurer des dispositions visant les modes
d’accueil de la petite enfance et comprenant des mesures permettant des
dérogations à la législation dans un objectif de réduction des coûts.
Alors, dans ce contexte politique, nous voterons contre
cette convention, car si nous considérons que les collectivités ont besoin de
subventions pour fonctionner, ce ne doit pas être au détriment de la qualité, pour les familles romainvilloises.
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