« La fable du pouvoir d’achat », l’éditorial de Jean-Emmanuel Ducoin dans l’Humanité de ce jour !
Quand
une fable se retourne comme un gant, le joli récit qui l’accompagne peut vite
se transformer en comédie dramatique pour leurs auteurs. Souvenez-vous. À grand
renfort de communication très élaborée, Emmanuel Macron avait promis d’être le
président de l’augmentation du pouvoir d’achat. Soumis au matraquage médiatique
beaucoup y ont cru. Mais depuis, fin janvier, une brise d’insatisfaction, sinon
de colère, souffle sur le pays et n’épargne pas le palais de l’Élysée, balayé à
son tour par un vent d’inquiétude qu’un conseiller résume ainsi : « Prisons,
Ehpad, hôpitaux, universités, si en plus les retraités se révoltent contre la
hausse de la CSG et que les Français dans leur ensemble râlent pour leur
pouvoir d’achat, on va avoir un problème… »
Le « problème »
en question s’appelle la « réalité », car les salariés ont du mal à
voir la hausse de leur salaire net. L’intox d’un budget au bénéfice de tous ne
tient plus. Le gouvernement a pourtant mis en ligne un « simulateur de
pouvoir d’achat », mais celui-ci s’apparente à une vaste manipulation,
puisqu’il ne prend en compte que le basculement de la cotisation de la CSG et
la réduction de la taxe d’habitation pour 80% des ménages, oubliant totalement
les augmentations de taxes (tabac, CSG, carburant, etc.)
Résultat ?
Contrairement aux promesses de l’exécutif, qui affirme lutter contre les fake
news, la facture des prélèvements s’alourdira sensiblement pour les foyers qui
ne bénéficieront pas des cadeaux réservés aux plus riches (résidences
secondaires, portefeuilles d’actions). L’Insee elle-même l’a indiqué récemment :
le porte-monnaie des familles sera pénalisé d’au moins 4,5 milliards d’euros, à
« structure de consommation » identique à 2017. D’autres estimations
grimpent à 9 milliards, soit une moyenne de 300 euros de hausse des
prélèvements par foyer fiscal pour 2018…. Le grand déclassement des classes
populaires et moyennes est plus que jamais en marche. Le problème social
devient déjà un problème politique pour Macron.
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